Publié le 1 Mar 2016 - 21:31
JUGES POUR FRAUDE A L’EXAMEN D’ENTREE A LA GENDARMERIE

10 élèves sous-officiers ont acheté de faux diplômes du BFEM

 

10 candidats ayant réussi le concours d’entrée à l’école des sous-officiers de la gendarmerie risquent une peine de 3 ans dont 1 an ferme, si le tribunal suit le réquisitoire du parquet.Ils ont été jugés pour faux et usage de faux dans un document administratif et fraude à l’examen.

 

La belle histoire tourne au cauchemar pour 10 candidats ayant réussi au concours d’entrée à l’école des sous-officiers de la gendarmerie pour la session 2015. On leur reproche de s’être présentés à ce concours avec de faux diplômes du Brevet de fin d’études moyennes (BFEM). Il s’agit d’Ousseynou Faye, Demba Mbow, Adama Diop, Abdoul Aziz Dia, Youssouf Diédhiou, Serigne Mbacké Mbow, Bakary Ndong, Alioune Sylla, Omar Diallo et Baye Lamine Bèye. Il ressort de l’économie des faits que ce sont les hautes autorités de la gendarmerie nationale qui ont flairé le faux. Ainsi, bien que le concours ait été effectué et que les candidats admis aient débuté leur formation à Fatick, une enquête approfondie a été diligentée.

La gendarmerie a acheminé les dossiers des différents candidats à la direction des examens et concours pour authentification. A l’issue de cette opération, la Division admission mobilisation (DAM) a décelé 16 faux diplômes ou attestations de réussite. Non seulement ils n’ont jamais obtenu leurs diplômes du BFEM, mais, il s’avère qu’ils se sont procuré les faux documents moyennant des sommes d’argent qui varient entre 45 000 F CFA et 100 000 auprès de deux personnes : Ndongo Dièye (connu des archives judiciaires pour les mêmes faits) et Omar Mbaye. Qui restent introuvables, malgré d’intenses recherches. Parmi les 16 fraudeurs, seuls les 10 qui étaient en formation à Fatick ont été arrêtées. Les 6 autres, ayant échoué, sont pour le moment dans la nature.

‘’Que serait la gendarmerie, si ces gens avaient réussi leur coup ?‘’

Devant les enquêteurs de la caserne Samba Diéry Diallo, les 10 élèves sous-officiers avaient reconnu le caractère faux des diplômes. Les uns ont été perdus par la signature qui ne correspondait pas à celle du ministère. Pour les autres, la date de la signature s’est trouvée être un dimanche. Ils ont été déférés au parquet le 15 courant. Hier à la barre du Tribunal des flagrants délits de Dakar, ils ont réitéré leurs aveux, sauf Aliou Sylla et  El hadji Amar Diallo. Ils ont soutenu avoir décroché leur diplôme, sans convaincre le Parquet.

D’ailleurs, le Procureur a profité de l’occasion pour faire un cours magistral d’éthique et de déontologie. A son avis, la corporation de la gendarmerie est très sérieuse et ne doit être intégrée que par des personnes sérieuses. Ensuite, il a fait état de faits graves qui méritent d’être sanctionnés. ‘’Je me demande ce que serait la gendarmerie, si ces gens avaient réussi leur coup. La gendarmerie a besoin de gens intègres pour réussir sa mission. Je ne cautionnerai pas que des gens réussissent un concours, à travers une fraude, surtout pour une corporation de métier aussi sérieuse que la gendarmerie’’, a tonné le maître des poursuites. Qui a demandé qu’ils soient reconnus coupables et condamnés à une peine de 3 ans dont un an ferme.

‘’Ils ont fait l’armée, au moment où les étudiants paralysaient la circulation’’

Pour la défense, il faut qu’on examine les faits liés au faux sur un document administratif, car ils commencent à prendre de l’ampleur dans le pays. Les avocats constitués pour les prévenus ont souligné que leurs clients ont pris l’option d’intégrer l’armée, à travers Bango, au moment où les étudiants, qui avaient pris l’option de la facilité, paralysaient la circulation. Ils ont certes utilisé un faux diplôme pour entrer à l’école, mais ils n’ont pas triché pour réussir à ce concours. La défense a précisé que tous les 10 sont des soutiens de famille. ‘’Ils ont fauté, mais ils voulaient servir la nation, en devenant des gendarmes.’’

Aujourd’hui, selon les conseillers, les présumés ont été exclus de l’école, après leur réussite. Ils souffrent dans leur chair et vivent des lendemains incertains. Ils ne sont pas des délinquants, encore moins des agresseurs, mais des hommes d’honneur à qui on doit rendre honneur, ont plaidé les avocats. Ils ont donc demandé au Tribunal de leur rendre leur honneur, à travers une application bienveillante de la loi.

Délibéré le 7 mars.

CHEIKH THIAM

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