Publié le 12 Dec 2023 - 22:49
LIGA ESPAGNOLE

Et si Gérone était le Leicester espagnol ?

 

La victoire de Gérone face au FC Barcelone ce dimanche (4-2) fait passer le bébé catalan du City Group de hype de début de saison à véritable candidat au podium. À moins qu'après s'être à nouveau emparés du spot de leader, les hommes de Michel n'aillent au bout ?

 

Gérone est premier de Liga, deux points devant le Real Madrid et sept points devant l’Atlético de Madrid et le FC Barcelone. Mais alors qu’il pose ses fesses derrière le pupitre du stade olympique Lluís Companys où ses hommes se sont offert une large victoire 4-2 face au Barça, Míchel, chef d’orchestre de cette machine catalane, n’a qu’une pensée en tête : « Avec 41 points, nous sommes maintenus. On a atteint ce nombre bien avant ce que l’on pensait. » Parce qu’avant d’être l’équipe hype du championnat espagnol, Gérone est surtout un promu, qui ne vit que sa deuxième saison dans l’élite depuis son retour en 2022-2023. La saison passée déjà, les Blanquivermells avaient tutoyé les sommets et étaient passés à quatre points d’une qualification en Ligue Europa Conférence.

Des records comme indice

Mais l’exercice 2023-2024 explose tous les records : sept victoires consécutives à l’extérieur, un enchaînement que seuls le Barça et le Real avaient jusqu’ici réussi, 41 points après 16 journées, un tel total offrant systématiquement le titre de champion en Liga depuis dix ans… L’histoire veut même que la dernière équipe à avoir infligé au moins quatre buts au géant catalan chez lui était… Valence, en 2004, saison où le club ché a été sacré champion d’Espagne. Dernier champion hors Real Madrid, FC Barcelone et Atlético de Madrid. Míchel – qui n’a rien à voir avec le Míchel de l’OM – lui ne veut évidemment ne pas croire au titre : « Je ne sais pas si nous sommes en mesure de gagner la Liga, de coller au niveau du Real Madrid, du Barça ou de l’Atléti durant toute une saison. Mais nous sommes en mesure de battre n’importe quel adversaire. »

L’entraîneur de 48 ans, qui fêtait ce dimanche son 100e match en première division, préfère retenir le « courage » et « l’âme » de ses joueurs, plutôt que des statistiques à l’avantage du XI de gala aligné par le FC Barcelone. En face, l’ancien joueur du Rayo délivre pourtant une leçon de football avec un défenseur central rejeté par le Barça, un Néerlandais quasiment à la retraite au Bayern, un latéral gauche qui cirait les pompes de Marcelo au Real, un Brésilien n’ayant pas joué le moindre match avec Troyes, un capitaine parti en Erasmus à Mouscron et Bucarest avant de revenir sur ses terres, deux Ukrainiens venus trouver la paix sous le soleil catalan… Tous étant finalement de très bonnes pioches. Un effectif aux itinéraires cabossés, sponsorisé par un City Group qui a bien compris que ses pépites pommées retrouvent le sourire à Montilivi.

City group, mais pas que

Au total, seuls trois joueurs du groupe sont des produits de la multipropriété. Le reste est l’œuvre d’une direction sportive menée par Pere Guardiola, frère de, qui dépense modestement (22 millions d’euros au dernier mercato) et vend bien (contre 18 millions empochés), et de Míchel. Les deux hommes mettent un point d’honneur à respecter l’identité catalane, qu’il s’agisse du jeu ou des hommes qui composent l’équipe. L’entraîneur, madrilène de naissance, a d’ailleurs rapidement switché pour la langue locale en arrivant dans le bastion de l’indépendantisme à l’été 2021. Sans que cela n’affecte jamais la compréhension de ses idées.

Celui qui prône un football offensif, avec une prise de risques maximale tout en assurant ses arrières avec un bloc très haut au pressing, a trouvé dans la ville de 100 000 âmes une terre où s’épanouir. Cette saison, il alterne entre 4-3-3 ou 3-4-3, avec toujours la même fluidité dans les sorties de balle et la même profondeur sur chaque passe. Une idée globale attractive qui va bien au-delà d’un onze type et qui a fait de Gérone une équipe interchangeable, capable de gagner 4-2 face au Barça sans Yangel Herrera, un de ses cadres au milieu de terrain, ou de s’imposer à Vallecas 2-1 sans David López, son taulier de la défense.

Salir y disfrutar

Un genre d’alignement des planètes qui rappelle évidemment l’épopée de Leicester en 2015-2016, mais qui ne plaît pas trop au pragmatique Míchel, qui préfère relever la « mentalité » et la « façon » dont ses joueurs ont gagné ce dimanche soir face au Barça : « Aujourd’hui, on est une équipe qui sait souffrir et profiter, et les gens le voient. On verra ce qu’il se passe d’ici la 26e journée, mais pour l’instant, ma victoire, c’est de voir que nos supporters et ceux d’autres équipes prennent du plaisir devant nos matchs. » Le capitaine Cristhian Stuani avait lui un rêve avant la rencontre, gagner contre le Barça. Aujourd’hui, il en a un autre : « On peut rêver de gagner le championnat, parce que ce sont des choses qui peuvent arriver dans le football. On est en train d’écrire l’histoire et on va continuer avec la même ambition. » Rendez-vous à Montilivi le 26 mai, pour la dernière journée face à Grenade.

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