Publié le 2 Dec 2019 - 19:53
MANIFESTATIONS LIBERTES CIVILES

Guy Marius Sagna accablé par la majorité et défendu par l’opposition

 

Son intrusion de vendredi dernier a fait trembler toute la République et a été ressentie comme un affront contre leur mentor Macky Sall. Cheikh Bamba Dièye, qui n’est pas forcément contre l’activiste, s’est posé la question que les députés de la majorité ont éludée pour se défausser sur Guy Marius Sagna. ‘‘Comment cela a pu se passer dans un espace aussi sécurisé, dans un environnement de terrorisme ? Le temps de réaction m’a semblé trop long. Il faut que de vraies réponses soient apportées pour nous rassurer’’, s’est inquiété le parlementaire.

Alors que les députés de la majorité ont, eux, demandé une sanction exemplaire pour Guy Marius Sagna et ses camarades. Aida Sow Diawara, le représentant de Nguékhokh et beaucoup de députés ont exigé qu’il serve d’exemple pour les autres qui seraient tentés de rééditer ‘‘l’exploit’’. Le plus extrême, Moussa Sané, a même usé d’un langage létal allant jusqu’à parler ‘‘d’anéantir les activistes’’. Seul Me Djibril War a qualifié cette intrusion ‘‘d’épiphénomène’’, la ramenant à des proportions plus modérées.

Au cœur de ces exigences radicales de la majorité, l’intrusion de l’activiste Guy Marius Sagna vendredi dernier avec une poignée de protestataires qui ont franchi les limites de l’arrêté Ousmane Ngom – mesure administrative interdisant les rassemblements entre le Cap manuel et l’avenue El Hadj Malick Sy - pour manifester devant les grilles du palais présidentiel. Ces activistes marchaient pour dénoncer la hausse de 10 % sur le prix de l’électricité et sont parvenus à déjouer la vigilance des services de sécurité sur l’avenue Léopold Sédar Senghor. Guy Marius Sagna, Babacar Diop et sept autres individus sont dans les liens de la prévention, depuis.

Le procès de l’arrêté Ousmane Ngom

L’arrêté Ousmane Ngom, liberticide pour les députés de l’opposition, pas assez appliquée pour les députés ‘’apéristes’’, a été au cœur des débats. ‘‘Ce sont les interdictions qui encouragent les défiances. L’arrêté Ousmane Ngom, il faut le supprimer tout simplement. On a des forces de police capables d’encadrer toute marche. Il faut libérer rapidement Babacar Diop et Guy Marius Sagna’’, a déclaré Déthié Fall. La députée de la diaspora, Mame Diarra Fam, a été plus directe dans son intervention. ‘’Cet arrêté Ousmane Ngom, on va le supprimer ou pas ?’’, a-t-elle demandé, tout en sollicitant ‘‘solennellement la libération des détenus’’.

Quant à Ousmane Sonko, il a dénoncé qu’on veuille faire payer à M. Sagna ce qui a été pardonné aux partisans d’Aliou Sall qui ont fait pareil, en 2017, car il n’était pas investi sur les listes des Législatives. ‘‘Il n’en est rien advenu. Que connaissez-vous de la loi, vous qui demandez que Guy soit puni ?’’.

Aly Ngouille Ndiaye ne s’est pas appesanti sur la question, outre mesure. Ce qui est sûr est que ce fameux arrêté survivra à ce régime probablement. ‘‘Je n’ai pas le droit d’annuler l’arrêté. Je peux juste autoriser une marche, à la limite. De toute façon, qu’il y ait arrêté ou pas, on vous dit pourquoi on accepte ou pourquoi on n’accepte pas’’, s’est-il justifié.

‘‘On n’a pas donné de récépissé à des associations d’homosexuels’’

Pour ce qui est des derniers rebondissements de l’actualité, Aly Ngouille Ndiaye a été péremptoire dans ses démentis. Le saccage du palais de Justice de Louga ? ‘’Je regrette il y ait eu saccage du tribunal de Louga. Lorsque la séance est terminée et qu’on a refusé la liberté provisoire, il y a certains des talibés qui n’ont pas compris. Dans la bousculade. deux verres se sont cassés et blessé un Asp. Personne n’a été agressé ? ni les avocats ni les juges. Il n’y a pas eu de saccage. Je le confirme ! Je le tiens de mes services de renseignement et des juges eux-mêmes’’, a nié le ministre de l’Intérieur.

D’ailleurs, pour l’affaire du ‘’daara’’ de Ndiagne, il a appelé à plus de modération. ‘‘Il faut éviter de politiser ou de jeter l’opprobre sur une catégorie de personnes. Personne ne dit que nous allons en guerre contre les Serigne ‘daara’. C’est un problème qui est posé. Il faut avoir le courage de dire que ce n’est pas bon, quand ça ne l’est pas. On est assez indépendant pour dire ce qui est bon pour nous et ce qui n’est pas bon pour nous. Ce débat, il faut le dépasser’’, a-t-il déclaré.

Pour le député Nicolas Ndiaye, il faut inscrire ce point dans le dialogue national. ‘‘Il faut que la fissure du saccage du tribunal ne se transforme pas en fracture. La sanction n’est pas suffisante, quoique nécessaire. Chacun des camps pense avoir raison. Je suggère que ce point soit inscrit dans le dialogue national, de telle sorte que des consensus très forts peuvent être trouvés’’.

Une question où les passions sont allées jusqu’à dénoncer la puissance de lobbies qui n’auraient pour but final que de légaliser l’homosexualité. Ce qu’a encore nié M. Ndiaye. ‘‘On n’a pas donné de récépissé à des associations d’homosexuels. Aucun ! Ni avant le président Macky ni après. Je le dis et le répète ! Maintenant, qu’un responsable d’association soit un homosexuel sans qu’on ne le sache... mais nous n’avons jamais donné de récépissé à de telles associations’’, s’est défendu Aly Ngouille Ndiaye.

Pour les saisies de drogue, le ministre se réjouit que toutes ces quantités aient été saisies. ‘‘Je vous le dis, on l’incinère ! A chaque fois qu’on le fait, on le fait devant tout le monde’’, a-t-il assuré.

OUSMANE LAYE DIOP

Section: