Publié le 1 Dec 2022 - 17:18
OUTRAGE À AGENT, RÉBELLION, VIOLENCE ET VOIE DE FAIT

Des membres d’une même famille arrêtés au cours d’un mariage 

 

Deux ans d’emprisonnement ferme. C’est la peine requise par le parquet contre Mariama Gomis, Thierno Souleymane Gomis, Jean-Pierre Gomis, Yano Mané et Ibrahima Maro, tous membres d’une même famille arrêtés à l’occasion d’une cérémonie de mariage à Grand-Yoff, pour outrage à agent, rébellion et violence et voie de fait. Leurs avocats dénoncent une bavure policière qu’on veut masquer.

 

Des membres d’une même famille ont été appelés hier, à la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar. Mariama Gomis, Thierno Souleymane Gomis, Jean-Pierre Gomis, Yano Mané et Ibrahima Maro sont tous poursuivis pour rébellion et outrage à agent. C’est lors d’une cérémonie de mariage, au quartier Grand-Yoff, qu’ils ont  été interpellés.

Selon l’économie des faits, dans la nuit du 18 au 19 novembre, les éléments de la Section de recherches, lors d’une patrouille conjointe avec la police, ont procédé à l’arrestation de plusieurs individus, dans certaines zones criminogènes. Les éléments du dossier informent qu’une fois à Grand-Yoff, l’adjudant M. Guèye et sa troupe identifient des individus ‘’apparemment ivres’’.

Selon le gendarme, lors du contrôle de routine, ces derniers n'ont pas voulu coopérer. ‘’C'est ainsi qu'ils ont, par des cris, ameuté le voisinage, se sont opposés farouchement à leur fouille’’. D’après le pandore,  en un temps record, ils ont été assaillis par une foule hystérique qui abreuvait d’injures les forces de l’ordre qui étaient sur place. A l’en croire, même s’ils ont pu s’en sortir, deux gendarmes ont eu des blessures. L’un à l’œil, l’autre à l’oreille.  ‘’Nous les avons acheminés à l'hôpital Idrissa Pouye  de Grand-Yoff pour des soins médicaux, en emmenant les individus qui s'étaient farouchement opposés à leur fouille et interpellation’’, a raconté à l’enquête l’adjudant.

Il a déclaré devant les policiers qu’une  fois aux urgences dudit hôpital, trois individus les y ont suivis,  en l'occurrence deux femmes et un homme, à bord d'un taxi, pour les  injurier et les sommer de libérer leurs frères, quitte à y laisser leur vie. ‘’Après une farouche opposition, nous sommes parvenus à interpeller ces trois individus avant de les embarquer à bord de notre véhicule, suite à une forte résistance de leur part, et nous les avons conduits a commissariat de Grand-Yoff où nous les avons mis à la disposition du commissaire’’, a relaté M. Guèye.

‘’J'ai fait six jours à l’hôpital’’

Face aux juges, les comparants ont tous nié les faits qu’ils avaient pourtant reconnus à l’enquête. Thierno Souleymane Gomis, qui s’est présenté au prétoire avec des béquilles, affirme : ‘’Je suis basketteur. J’étais sur mes deux jambes, lorsque j'étais à ce mariage. Là, je suis en béquilles. J'ai fait six jours à l’hôpital.’’ D’ailleurs, son avocat renseigne que c’est à la police qu’il a reçu son certificat médical.

Selon le maître des poursuites, les faits sont d'une extrême gravité, parce que les prévenus remettent en cause l'autorité d’une institution. ‘’Les prévenus qui comparaissent ici ont été appréhendés lors d'une opération de contrôle à Grand-Yoff. C'est à la suite d'un contrôle d'identité qu'ils ont été interpellés, suite à leur opposition. Il ressort de l'enquête qu'ils se sont rebellés pour s'opposer à l'arrestation de leurs parents. Également, ces agents étaient dans l'exercice de leur fonction, ce que les prévenus n'ignoraient pas. Ils ont contesté les faits à la barre, ce qui consiste à une vaine tentative de se soustraire de leur responsabilité pénale. Ils ont tous dit avoir répondu aux injures des agents enquêteurs’’, a relevé le substitut du procureur de la République qui a requis deux ans ferme contre tous les prévenus, après confusion des peines.

Les avocats de la défense ont dénoncé une bavure. ‘’Les faits se sont déroulés au-delà de 2 h du matin. Les agents qui disent avoir subi de sévices n'ont pas formellement reconnu ces personnes. Cette procédure est bordurée d'abus. Les prévenus vous disent que  même s'ils ont été abreuvés d'injures par ces parties civiles, ils n'ont pas répondu. Le procès-verbal d’enquête milite en leur relaxe et c'est ce que je demande’’, a plaidé Me Arona Bass. 

‘’Il y a eu une bavure au cœur de cette intervention de la police. Et c'est pour masquer cette bavure que ce procès-verbal a été dressé. Et c’est inimaginable que ces filles puissent suivre ces gendarmes et les attaquer avec des pierres jusque dans l'hôpital général de Grand-Yoff, alors qu'à l'entrée, il y a des vigiles. Aucun agent ne s'est  plaint de cela. Il y des contradictions flagrantes’’, s’est offusqué Me Martin Diatta.

Quant à Me Abdou Aly Kane, qui sollicite la relaxe au même titre que ses confrères, il souligne : ‘’La première anomalie, c'est que des policiers fassent un contrôle dans une cérémonie de mariage. C'est une violation. On n'a pas donné les noms des gendarmes blessés. Franchement, les infractions reprochées aux prévenus ne sont pas matérialisées.’’

L’affaire mise en délibéré, la décision sera rendue le 7 décembre prochain.

MAGUETTE NDAO