Publié le 10 Jan 2014 - 16:27
POST-POINT par MOMAR DIENG

 Manœuvre diverses 

 

Ce qui se passe sous nos yeux, depuis qu'un jeune militant politique totalement dévoué au président de la République a demandé, dans les colonnes de EnQuête samedi dernier, la suppression du poste de Premier ministre, aurait pu passer inaperçu. Si Macky Sall avait solennellement apporté son soutien à Aminata Touré, d'une part, et si l'autorité qui doit être la sienne avait sifflé la fin d'une brève récréation pour ramener ses troupes sur terre, d'autre part.

Mais non ! La disparition subite du «petit maure» de la circulation qui n'a même pas eu l'élégance de défendre «sa» proposition au-delà des colonnes d'un journal, et le silence assourdissant du commanditaire présumé de l'attentat politique contre le chef du gouvernement, accréditent fortement l'idée d'un début de règlement de comptes qui ne dit pas son nom. Bref...

Les banalités classiques venues du Palais pour expliquer la posture du chef de l'Etat dans cette affaire ne nous apprennent malheureusement rien que nous ne sachions déjà, à savoir que le Président nomme et dégomme qui il veut quand il veut et, même, comme il veut. Or, ce qui peut être assimilé à la position de Macky Sall ne rend service ni à la République ni aux institutions ni à...Macky Sall lui-même.

Les désaccords sont incontournables dans toute équipe gouvernementale, mais elles sont impossibles sur l'axe qui relie le chef de l'Etat à son Premier ministre à cause du principe de subordination qui astreint l'un à l'autre. Si tel est le cas, la démission ou le limogeage sont deux modalités de dépassement de la crise.

Or, il semble que Macky Sall soit aujourd'hui, comme Abdoulaye Wade hier, un adepte de la diversion. Car cette affaire-ci est vraiment de la diversion parce que justement une Aminata Touré chef de gouvernement n'a pas les moyens institutionnels de mener des politiques contraires aux orientations définies par le président de la République. Le système fonctionnel au sommet de l'Etat ne le permet pas. Alors, va pour les intrigues de cour, style XVIIe siècle !

On nous dira que la politique est plus compliquée que cela ! Soit. Mais alors, simplifions cette campagne arachidière catastrophique qui se déroule sous nos yeux, prise dans l'étau de l'incompétence notoire des uns et le sabotage économique des autres, qui ramène des centaines de milliers de personnes du monde rural dans le «yoonu» misère. Ça, c'est un vrai débat !

En fragilisant ainsi son Premier ministre, en sapant son autorité dans la conduite des affaires gouvernementales, il est évident que Aminata Touré va devoir partir un jour. Mais qu'y gagnerait Macky Sall si ce n'est de risquer, à son tour, de se retrouver prisonnier et marionnette aux mains d'intrigants?

M.DIENG 

 

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