L’ONG Greenpeace Afrique, qui est très inquiète de la présence, dans les eaux sénégalaises, d’un bateau russe d’une capacité de 2 000 t, dont le propriétaire a été récemment accusé de corruption en Namibie. Elle demande aux autorités de faire la lumière sur la présence suspecte de ce bateau-usine.
CHEIKH THIAM
Un bateau-usine de 120 m de long dénommé ‘’Vasiliy Filippov’’ (IMO : 8607191, MMSI : 273299470) et battant pavillon russe, est arrivé le 7 février 2023 dans les eaux sénégalaises. Il est en activité au large de la Petite Côte et de la Casamance, depuis le 8 février 2023, renseigne l’ONG Greenpeace dans une note parvenue à notre rédaction. Elle informe que ‘’le chalutier d’une capacité de stockage estimée à plus de 2 000 t, contribuerait à mettre davantage la pression sur des ressources devenues de plus en plus rares dans les eaux sénégalaises’’.
Avant d'arborer le pavillon russe, ce bateau, selon la même source, a été successivement enregistré en Pologne, en Namibie et au Belize. D’après les investigations de l’ONG, le ‘’Vasiliy Filippov’’ serait armé par une compagnie namibienne pour le compte de la société islandaise Samherji qui a récemment fait l’objet d’accusations de corruption en Namibie.
“Aujourd'hui, les pêcheries sénégalaises sont dans une situation agonisante. La majeure partie des stocks de poisson est surexploitée et l’augmentation de la capacité de pêche ne fera qu’aggraver cette situation précaire. Alors que les pêcheurs sénégalais n’arrivent plus à subvenir à leurs besoins quotidiens et que les ménages peinent à trouver du poisson pour leur consommation, l'arrivée de ce chalutier à la capacité de destruction massive dans les eaux sénégalaises est plus qu’inquiétante. Les priorités des autorités devraient être d'investir davantage dans la gestion durable des ressources plutôt que de laisser des navires industriels venir gonfler une flotte déjà en surcapacité”, déclare le Dr Aliou Ba, responsable de la campagne Océans de Greenpeace Afrique.
Il ajoute : ‘’Nous invitons le ministère de la Pêche à clarifier la présence suspecte de ce navire russe dans les eaux sénégalaises et à préciser les mesures prises pour protéger les pêcheurs locaux de ce monstre. Un navire qui a déjà fait l’objet d’accusations de corruption dans d’autres pays ne saurait se retrouver dans nos eaux.’’
En outre, l’ONG Greenpeace Afrique continue de déplorer le refus obstiné du ministère de la Pêche et de l’Économie maritime de publier la liste des navires industriels autorisés à pêcher au Sénégal. Cette liste, selon l’ONG, faciliterait la surveillance des eaux en temps réel par les acteurs du secteur. Car le secteur de la pêche, souligne le Dr Ba, est d’une importance stratégique pour le Sénégal. De ce fait, toutes les dispositions devraient être prises pour une surveillance efficace des côtes sénégalaises, afin de permettre au secteur de continuer à jouer pleinement son rôle dans la sécurité alimentaire et la stabilité socioéconomique de milliers de Sénégalais.
À ce titre, il considère qu’il mérite beaucoup plus d’attention de la part des autorités. Et que sa gestion durable et transparente doit être au cœur des politiques publiques de l’État du Sénégal.