Migrants Sénégalais au Niger

Soixante-quinze migrants sénégalais, expulsés d’Algérie et bloqués au Niger depuis plusieurs mois, devaient regagner hier Dakar à bord d’un vol affrété au départ de Niamey. L’annonce a été faite par l’organisation Action pour les droits humains et l’amitié (Adha), qui salue une avancée humanitaire tout en appelant l’État sénégalais à tirer les leçons des ratés du précédent rapatriement.
Ce retour, qui survient à quelques jours de la fête de la Tabaski, est accueilli comme un soulagement pour les familles concernées. Toutefois, Adha tient à rappeler que tout processus de rapatriement doit être conduit dans le respect strict des droits humains et de la dignité des personnes migrantes. En février dernier, 33 migrants avaient été rapatriés dans des conditions jugées déplorables : absence d’accueil structuré, manque de prise en charge médicale et psychologique, et opacité autour des mesures d’accompagnement. Pour l’Adha, de telles carences ne doivent en aucun cas se reproduire.
L’organisation rappelle que l’État du Sénégal a des obligations morales et juridiques en matière de protection des migrants, notamment en ce qui concerne les soins de santé, l’hébergement temporaire et le soutien à la réintégration sociale et économique. Si le retour prévu pour ce 4 juin marque une étape, la situation reste critique pour une trentaine d’autres Sénégalais toujours bloqués au Niger, dans des conditions précaires. Selon Adha, leur retour pourrait ne pas intervenir avant cinq mois, sauf intervention rapide de l’État sénégalais, en coordination avec les agences des Nations Unies.
...‘’Ils risquent de vivre le même calvaire que leurs compagnons de route’’, alerte l’organisation qui exhorte les autorités à agir de manière urgente et respectueuse des droits fondamentaux. Dans sa déclaration, l’Adha formule une série de recommandations à l’endroit de l’État sénégalais. Il lui suggère de mettre en place un dispositif d’accueil conforme aux standards internationaux, incluant un accompagnement psychologique et médical, d'assurer une assistance sociale et économique aux rapatriés pour faciliter leur réinsertion, d’accélérer le processus de rapatriement des migrants encore bloqués au Niger et en Algérie, de tirer les leçons du précédent rapatriement, en garantissant cette fois-ci un traitement digne et humain. Enfin, l’Adha appelle les autorités à publier la liste des bénéficiaires du programme de migration circulaire 2025.
Une démarche que l’organisation juge nécessaire pour garantir une gestion équitable et inclusive des politiques migratoires encadrées par l’État. Pour Adha, les migrants doivent être considérés avant tout comme des êtres humains en quête de sécurité et de dignité. Leur accueil et leur accompagnement ne peuvent souffrir d’aucune improvisation : ils doivent être guidés par la solidarité, le respect et la compassion.