Publié le 27 Sep 2020 - 01:57
PRESIDENTIELLE AU BURKINA FASO

Isaac Zida, la marche ‘’compliquée’’ vers Kosyam

 

L’ancien Premier ministre du régime de transition burkinabé, choisi pour conduire la liste du Mouvement patriotique pour le salut (MPS) à la Présidentielle de novembre 2020, devait être parmi les siens, hier, pour prendre part au congrès d’investiture. Malgré ce retour raté au ‘’Pays des hommes intègres’’, Yacouba Isaac Zida affiche toujours ses ambitions de devenir le locataire du palais de Kosyam.

 

En exil au Canada depuis 2016, l’ancien Premier ministre sous Michel Kafando veut rentrer au Burkina Faso. Mais il ne va pas revenir au ‘’Pays des hommes intègres’’ pour rester à l’écart de la vie politique. Après trois années loin de son pays, Yacouba Isaac Zida a fait part de son envie d’affronter, dès le mois de novembre prochain, l’un de ses ‘’ennemis’’, l’actuel président Marc Roch Christian Kaboré.

D’ailleurs, il a affirmé, il y a quelques jours, dans une interview accordée à ‘’Jeune Afrique’’ que son retour sur la scène politique burkinabé est imminent. Cependant, son come-back risque d’être compliqué. Et il peut même ne pas être candidat à la prochaine Présidentielle.

Cité dans des affaires de corruption, de mauvaise gestion et de détournement d’argent durant la période de transition, après la chute de Blaise Compaoré, le président d’honneur du Mouvement patriotique pour le salut (MPS) est dans le collimateur de la justice du Faso. En outre, il pourrait être poursuivi pour ‘’désertion en temps de paix et insubordination’’.

Lui qui lorgne sur le fauteuil présidentiel depuis Montréal où il vit avec toute sa famille, doit tout d’abord s’expliquer sur toutes ces accusations qui le visent. Une chose qu’il a tentée de faire, lors de cet entretien avec ‘’Jeune Afrique’’. ‘’Il y a un temps pour tout. J’ai reçu des informations m’indiquant que le pouvoir en place souhaitait m’arrêter pour de supposés détournements d’argent et pour une présumée mauvaise gestion sous la transition. En vérité, il s’agissait de motivations purement politiques. Nous avons géré la transition de manière irréprochable. Le peuple burkinabé a découvert en nous une valeur politique sûre. Et, en cela, nous risquions de faire de l’ombre à ceux qui venaient d’arriver au pouvoir’’, avait-il récemment confié.

Sur les accusations de détournement, il répond : ‘’Il n’y a eu aucun détournement. Nous avons géré les ressources qui ont été mises à notre disposition de manière intègre.’’

Hier, Yacouba Isaac Zida devait prendre part au congrès d’investiture de son parti. Le 18 septembre dernier, il a accordé une interview à ‘’l’Observateur Paalga’’ où a il dit toute son intention de revenir au Burkina pour assister au congrès, au sortir duquel il allait être investi candidat à la Présidentielle de novembre.

 Toutefois, ce retour très attendu par les militants et sympathisants n’a pas eu lieu. Du coup, sa marche vers le palais de Kosyam, situé au boulevard Muammar-Kaddafi à Ouagadougou, se complique davantage. Et lui-même sait tous les risques que comporte son retour au pays natal. ‘’Si je dois rentrer au Burkina pour être candidat en 2020, je serais prêt à affronter tous les risques’’, disait-il au magazine panafricain.

Le mandat d’arrêt qui anéantit tout

Du côté de ses plus proches collaborateurs, on ressent plus ou moins la même chose. Les uns et les autres commencent à comprendre que le retour du ‘’potentiel challenger’’ de Marc Roch Christian Kaboré ne sera plus possible. Dans un communiqué rendu public avant-hier et repris par news.ouaga.com, le président du MPS, le Pr. Augustin Loada, a indiqué que ‘’les autorités ont clairement fait savoir que l’ex-PM sera immédiatement arrêté, dès son arrivée à l’aéroport de Ouagadougou, pour désertion en temps de paix et insubordination’’. Une information démentie hier, dans la journée, par le ministre burkinabé de la Communication. Remis Dandjinou a fait savoir que ‘’l’entrée du Burkina est libre et autorisée à monsieur Yacouba Isaac Zida et que les autorités burkinabé assurent vouloir respecter le droit à Yacouba Isaac Zida de revenir dans son pays, mais se refusent toutefois à le soustraire de toute action judiciaire’’.

Cependant, celui qui, en 1996, avait intégré le Régiment de sécurité présidentielle (RSP), la garde prétorienne du président Blaise Compaoré, comme commandant de compagnie, puis commandant de groupement, a manqué, ce vendredi, son rendez-vous avec ses militants à la Maison du peuple à Ouagadougou.

Né le 16 novembre 1965 à Yako, dans la province du Passoré, l’ex- officier radié de l’armée burkinabé a eu à goûter aux délices présidentiels, pour avoir été désigné chef d’État de transition du Burkina Faso, le 1er novembre 2014. Isaac Zida avait été nommé le 21 du même mois par le président de la transition, Michel Kafando. Après l’échec du coup d'État du 17 septembre 2015, l’ancien chargé de la sécurisation des déplacements présidentiels, puis placé à la Division renseignements de la présidence, quitta son poste en janvier 2016 et fut remplacé par Paul Kaba Thieba.

Depuis 2016, il vit au Canada avec sa famille. Trois ans après, le président d’honneur du Mouvement patriotique pour le salut (MPS) a été choisi pour croiser le fer avec le président Kaboré. Radié des forces armées nationales pour désertion en temps de paix, Yacouba Zida fait l’objet d’un mandat d’arrêt. Sa marche vers le palais de Kosyam est plus que jamais enchevêtrée.  

GAUSTIN DIATTA

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