‘’L’image de la démocratie sénégalaise est en train d’être ternie’’
Selon Babacar Touré de Kewoulou, le pouvoir en place a dressé une liste de personnes à emprisonner avant d’atteindre Ousmane Sonko. Il s’exprimait hier, à l’occasion du sit-in de l’Association des dames de Walfadjri qui exigent la libération de leurs collègues Pape Ndiaye et Thioro Mandela.
L'Association des dames de Walfadjri a organisé un sit-in, hier, pour exiger la libération de leurs collègues Pape Ndiaye et Thioro Mandela. En marge de cette manifestation, dénonçant un recul démocratique, le patron de Kewoulou a soutenu que le gouvernement a dressé une liste de personnes à neutraliser pour ensuite mettre Ousmane Sonko en prison. ‘’Des gens ont tenu des réunions dont l’objectif est de chercher le moyen de neutraliser certaines personnes. Parmi les gens ciblés, j’étais en tête de liste. C’est par un concours de circonstances que le journaliste Pape Alé Niang m’a devancé. Pape Sané, Moustapha Diop, Thioro Mandela et Cie sont tous sur la liste de personnes que les tenants du pouvoir ont décidé d’envoyer en prison, avant de s’occuper du cas d’Ousmane Sonko’’, a déclaré Babacar Touré, actuellement sous contrôle judiciaire.
Prenant la parole, le journaliste Pape Alé Niang a notamment évoqué la situation de Thioro Mandela qui s’est écroulée devant le commissariat du Plateau, avant d’être évacuée à l’hôpital Principal où l’on a attesté qu’elle ne pas peut aller en prison, vu son état sanitaire. Maimouna Bousso a abondé dans le même sens. ‘’Depuis 2013, Macky Sall ne cesse d’amener d’honnêtes citoyens en prison. Pape Ndiaye savait qu’un jour cela lui arriverait, à cause de son engagement. Mais pour le cas de Thioro Ndiaye, personne ne pouvait imaginer son emprisonnement. Maintenant, Macky met en prison des fœtus’’, regrette Mme Bousso.
Aminata Touré a, pour sa part, insisté sur le cas de Thioro Mandela, enceinte de plus de sept mois. Ne jugeant pas nécessaire d’aller au fond du dossier, elle a déclaré que la justice sénégalaise manque d’humanisme. ‘’Elle est en danger. Elle bénéficie de toutes les circonstances qui lui permettent de rentrer chez elle. Ce n’est pas bon pour l’image de la démocratie du Sénégal : une femme journaliste, enceinte de sept mois et demi en prison. L’image de la démocratie sénégalaise est vraiment en train d’être ternie. On a dégringolé, on a chuté’’, regrette Mimi Touré.
Selon elle, le bracelet électronique devrait permettre d’administrer la justice avec humanisme. Madame Touré souligne qu’en droit, la prison, c’est l’exception. L’une des raisons pour lesquelles on amène une personne en prison avant son jugement, c’est d’éviter qu’elle s’enfuie. La deuxième raison, c’est quand l’individu constitue une menace pour la sécurité de la communauté. ‘’Une femme malade depuis sept à huit mois ne peut aller nulle part. Sa maladie est une garantie de représentation’’, relève celle qui a eu à travailler dans des programmes de santé de la reproduction des Nations Unies.
Elle dénonce une volonté d’intimider les journalistes. ‘’Il y a un harcèlement des journalistes. Pour un rien, ils sont emprisonnés. Ça ne doit pas être accepté par les démocrates. Ces derniers doivent combattre cela, quoi qu’il leur en coûte. En 2012, nous (y compris Macky Sall) avions tous dénoncé cela. Le journaliste est libre de véhiculer son message, même avec une dose d’impertinence. Donc, nous demandons à Macky Sall de revoir le traitement de la presse. C’est un traitement qui ne fait pas honneur à la démocratie sénégalaise’’, dit-elle.
BABACAR SY SEYE