Publié le 24 Nov 2021 - 23:20
ACCUSÉ D’AVOIR ASSASSINÉ SON FRERE

Abdou Karim Pouye risque 20 ans de réclusion criminelle 

 

Une affaire d’assassinat a été évoquée avant-hier, à la barre de la Chambre criminelle du tribunal de grande instance de Dakar. Le comparant, Abdou Karim Pouye, est accusé d’avoir assassiné son petit frère Cheikh Pouye. Les faits se sont déroulés à Diamniadio, en mai 2018. 

 
Dominé par le chagrin, Abdou Karim Pouye assiste, impuissant, au chamboulement de sa vie. L’homme qui, jadis, vivait en parfaite harmonie avec sa famille, a vu son existence chahutée, après la mort de son père. En effet, le secret concernant ses origines a été dévoilé, à la disparition de ce dernier. Depuis lors, la joie de vivre d’Abdou Karim Pouye a laissé place à la colère. Et c’est cette colère, qui  a coûté la vie à son petit frère Cheikh Pouye.
 
Suite à une dispute avec sa belle-sœur, Abdou Karim s’en prend à son frère qui était juste venu les séparer, alors qu’ils se bagarraient. Enragé, il poignarde celui-ci avec un couteau qu’il est allé chercher dans sa chambre. Le drame s’est déroulé le 15 mai 2018, à Diamniadio.
 
Informés de la tragédie, les éléments de brigade de ladite localité, procèdent à l’arrestation du mis en cause. Il avoue sans ambages son crime, lors de l’interrogatoire. Face aux enquêteurs, il renseigne que son frère menaçait de le tuer avec une machette.
 
 En prison depuis trois ans, Abdou Karim Pouye, né en 1979, a fait face au juge de la Chambre criminelle du tribunal de grande instance de Dakar, avant-hier. Accusé d’assassinat, le comparant qui avait pourtant reconnu les faits à l’enquête, a complètement changé de discours à la barre. A l’en croire, le couteau s’est planté accidentellement dans le thorax de son frère. ‘’Je n’ai jamais eu de problème avec Cheikh. Le jour des faits, je me disputais avec ma belle-sœur Rokhaya Cissé. Cette dernière m'a insulté, en me rappelant que je suis né hors mariage. On a appelé Cheikh et quand il est venu, il m’a frappé. Il m'a même étranglé et j'ai riposté. Il est allé chercher une machette et je suis allé prendre un couteau. Je me suis défendu. Je n'ai jamais eu de problème avec Cheikh. C'est en tombant que Cheikh s'est blessé avec mon couteau’’, dit-il. 
 
Mais ses allégations sont battues en brèche par Rokhaya Cissé. ‘’Il n’avait de problème avec personne. C'est après la mort de son papa qu'il est devenu belliqueux. Le jour du drame, il se disputait avec moi. Il m’a même frappée. Les gens sont venus me sauver de ses griffes et Cheikh en faisait partie’’, a-t-elle relaté. Elle renseigne avoir vu son beau-frère aller chercher un couteau.
 
Quant à la mère de l’accusé, elle informe : ‘’J'étais sur les lieux quand Abdou frappait Rokhaya. C'est ainsi que Cheikh s'est interposé pour les séparer. J'ai crié à l'aide et quelques instants après, j'ai vu Cheikh couvert de sang.’’
 
‘’Une affaire très délicate et dramatique’’
 
Dans sa plaidoirie, l’avocat des parties civiles, Me Babacar Ndiaye, s’est désolé de cette tragédie qui consume le cœur de chaque membre de cette famille. Selon la robe noire, cette affaire est très délicate et dramatique à la fois. ‘’Il y a eu mort d'homme, à la suite d'une altercation entre deux membres d'une même famille. Ils vivaient dans la même concession et partageaient des liens de sang. Et le sang est sacré, mais malheureusement, nous avons en présence de nous, en sa qualité d'accusé, un monsieur qui, à un moment de sa vie, n'a pas fait preuve de maîtrise. La colère est souvent mauvaise conseillère. Il y a lieu de dire que cette famille a subi une plaie qui sera difficile de guérir’’, a relevé l’avocat.
 
Toutefois, il estime que l’accusé aurait dû avoir le courage et la dignité d'assumer ses actes. ’’L'aveu de ses actes auraient même permis de réparer cette déchirure que la famille a connue’’, a renchéri Me Ndiaye pour qui la culpabilité d’Abdou Karim Pouye ne souffre d’aucun doute. Pour la réparation du préjudice causé, il a réclamé 200 millions de francs CFA pour le compte de ses clients. 
 
Pour sa part, le maître des poursuites relève que les circonstances de l'affaire ne peuvent faire-valoir une préméditation. D’après le substitut du procureur de la République, c’est dans le feu de l'action que l’accusé est allé chercher un couteau. ‘’On peut écarter l'assassinat. On peut le comprendre, certes, mais cette colère ne se justifie pas. Il n'est pas responsable de ce qui lui arrive. Il a donné volontairement la mort à son frère’’, a-t-il poursuivi. Pour la peine, le représentant du parquet a requis 20 ans de réclusion criminelle contre Abdou Karim Pouye.
 
Réquisitoire sévère, selon l’avocat de la défense. De son avis, la colère de son client est compréhensible. ‘’C'est depuis le décès du père que les problèmes ont commencé. Il faut comprendre pourquoi il est en colère. Tout le monde lui rappelait qu’il est un fils illégitime. Il a fini par péter les plombs, parce qu'il ne pouvait plus supporter les insinuations. Il a agi dans la colère et le meurtre s'en est suivi’’, a plaidé le conseil de l‘accusé.
 
Il a ainsi sollicité une peine clémente du tribunal, après avoir demandé la disqualification du chef d’assassinat en meurtre. 
 
L’affaire mise en délibéré, le jugement sera rendu le 13 décembre prochain. 
 
MAGUETTE NDAO

 

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