Iba Der Thiam interpelle le Gouvernement sur "la condition des arabisants"

Le député Iba Der Thiam vient d'adresser au Gouvernement une question orale sur la condition des arabisants, qui "n'a pas connu d'évolution significative", 53 ans après les indépendances, a-t-on appris vendredi des services de cet élu de l'opposition.
"Je viens, par la présente, vous demander de bien vouloir soumettre au Gouvernement, la question orale suivante, concernant la condition des arabisants", écrit Iba Der Thiam dans une lettre au président de l'Assemblée Nationale, Moustapha Niasse, et dont une copie a été transmise à l'APS.
Dans ce courrier, en date du 16 janvier 2013, le député relève que "53 années après notre indépendance, (la condition des arabisants) n'a pas connu d'évolution significative, alors que la langue arabe a précédé les langues européennes, d'environ 8 siècles en Sénégambie, et que les sociétés précoloniales en avaient fait une des langues de communication entre eux et les occupants étrangers".
Selon lui, la langue arabe ‘’a fait l’objet d’un processus de marginalisation, à travers la guerre menée contre les daaras, qui a connu une accélération, depuis 1960’’.
Mieux, ajoute M. Thiam, "aucun des Gouvernements, qui se sont succédé, n'a, à ce jour, réussi à prendre, à bras le corps, cette thématique, pour trouver à la langue arabe et aux arabisants, la place et la considération qu'ils méritent dans la bataille du développement et dans la culture nationale".
Le député déplore ainsi "le nombre dérisoire" d'arabisants présents depuis les indépendances dans "la Fonction publique, dans l'Armée, dans la Gendarmerie, dans la Police, dans la Douane, dans le Gouvernement, à l'Assemblée Nationale, dans la Magistrature, dans les ministères et dans les représentations diplomatiques (…)".
Pour Iba Der Thiam, "tout se passe comme si on n'avait pas compris que le 21ème siècle sera le siècle du multiculturalisme, du multilinguisme et que dans un pays à 95 % musulman, enfermer la langue arabe (langue du Saint Coran) et les arabisants dans un ghetto, pourrait générer des frustrations et des conflits dramatiques, à l'image de ce qui s'est passé dans certains pays du Maghreb".
Il demande au Gouvernement de "venir décliner devant les députés, ses ambitions pour cette catégorie de Sénégalais, après tous les financements consentis, hélas, sans succès, par la Banque islamique de développement à leur profit".
Pour le député, "n'est-il pas temps de consacrer un Conseil présidentiel ou un Conseil interministériel à cette thématique, de manière à recenser les personnes concernées, à passer en revue toutes les dimensions du problème".
Ce sera aussi l'occasion de "proposer aux arabisants, des possibilités de recrutement, des quotas et des plans de carrière, qui leur permettraient de mettre, enfin, toutes leurs compétences au service du pays, en tirant profit, par exemple, des 5.500 emplois et des 30.000 autres, récemment annoncés par Monsieur le président de la République", écrit-il.
Il ajoute que la même occasion pourrait être saisie "pour que soit mis un terme définitif à l'exclusion des écoles coraniques, des subventions du ministère de l'Education nationale (…)".
APS