Le Comité pour la restauration de la démocratie en Gambie dénonce les violations des droits de l’Homme perpétrées par Yaya Jammeh. Il exige la libération de l’Imam Baba Ly, emprisonné depuis le 3 décembre 2012, et met en garde contre les agissements du dictateur gambien qu'il présente comme un véritable fossoyeur de la paix en Casamance.

La dictature en Gambie a atteint un niveau inquiétant. C’est le constat fait par les membres du Comité pour la restauration de la démocratie en Gambie vivant au Sénégal, hier devant la presse, au siège de la RADHHO. ‘’La dictature en Gambie est arrivée à un point où le président Yaya Jammeh emprisonne et tue en toute impunité’’, a révélé Mamadou Lamine Sidath Diop, ancien ministre des Affaires Étrangères et leader de la Coalition pour la démocratie en Gambie. De plus en plus de voix s’élèvent, notamment les organisations de défense des droits de l’Homme, pour dénoncer la violation des droits et libertés d’expression et de la presse.

Des journalistes sont mis en prison et torturés. Le président Jammeh est même allé jusqu’à rejeter tous les appels au dialogue pour restaurer la démocratie en Gambie. En réponse à l’invite de l’Union européenne de dialoguer avec l’opposition, pour ''réformer la situation dans les prisons et restaurer définitivement la liberté de la presse, le Président Jammeh a dit que l’UE n’avait rien à faire en Gambie'', a fait savoir M. Diop.

Il suffit de prononcer le mot ‘’démocratie’’ pour se faire emprisonner, se désolent les membres du Comité pour la restauration de la démocratie en Gambie. Pour mieux asseoir sa dictature, le chef de l’État gambien n’hésite pas à mettre en prison tous ceux qui sont susceptibles de lui barrer la route ou qui le critiquent. ‘’Je vous dis qu’il a mis en prison sept (7) généraux de l’armée. Le chef de la police a été emprisonné, de même le chef de la section de la police qui est l’équivalent de la DIC au Sénégal est mis en détention’’. Ainsi, il a à sa disposition des paramilitaires qu’il utilise à sa guise, pour accomplir ses forfaits, a divulgué M. Diop.

Aujourd’hui, ‘’la Gambie est une prison ouverte’’, a affirmé le Docteur Sidath Diop. Au vue de la situation géographique de ce pays, il estime que les sénégalais doivent agir. ''Si le Sénégal laisse une telle situation perdurer, il y aura un tel pourrissement que des éléments du MFDC s'éparpilleront dans tout le Sénégal'', a-t-il prévenu.

‘’Nous exigeons la libération de l’Imam Baba Ly’’

Fervent défenseur des droits de l’Homme en Gambie, l’Imam Baba Ly est l’une des nombreuses victimes de la dictature du président Yaya Jammeh. ‘’Notre champion en défense des droits de l’Homme a été arrêté la nuit du dimanche 3 décembre à son domicile’’, a fait savoir Boubacar Baldé, ancien député et ministre gambien. ‘’Baba Ly a été emprisonné pour avoir eu le courage de dire au président Jammeh que les exécutions qu’il a réalisées sur les 9 détenus, dont 2 sénégalais, ne reposaient en rien sur la charria’’, a renchéri le Docteur Sidath Diop. Depuis ce jour ; M. Ly est emprisonné dans des conditions obscures, sans respect des règles procédurales en vigueur en Gambie.

‘’L’imam Baba Ly est maintenu en prison, depuis cette nuit du 3 décembre et personne n’est parvenu à le voir, ni sa femme, ni même son avocat. D'ailleurs des rumeurs sur une éventuelle hospitalisation suite à des brimades ou même relatives à la mort du chef religieux circulent en Gambie’’, a souligné M. Baldé. Face à cette situation, ‘’nous demandons à la communauté internationale d’exiger la libération immédiate de l’Imam Baba Ly’’, a clamé le secrétaire général de la RADHHO, Alioune Tine. De tels cas d’emprisonnements arbitraires sont légion en Gambie. ‘’Il y a eu le cas de l’Imam Ba Kaoussou Fofana qui a été battu 70 fois et sa main fracturée. Il a fuit la Gambie et s’est réfugié au Sénégal’’, a-t-il fait savoir. Le Sénégal, selon Sidy Gassama de la société civile, a la ‘’responsabilité’’ de s’assurer que le respect des droits de l’Homme et des libertés est effectif en Gambie.

Il estime que ‘’l’hypocrisie’’ de la société internationale et des chefs d’État africains est d’une part à l’origine de la situation actuelle dans ce pays.

‘’Il ne pourra pas y avoir de paix en Casamance avec Yaya Jammeh’’

Les membres du comité pour la restauration de la démocratie en Gambie sont convaincus que Yaya Jammeh est un ‘’obstacle’’ à la paix définitive en Casamance. Tant que le président Jammeh sera à la tête de la Gambie, disent-ils, une paix définitive ne pourra avoir lieu en Casamance. ‘’La paix en Casamance n’arrange pas Yaya Jammeh. Son armée est infiltrée par le MFDC. Sa propre garde rapprochée est composée de membres du MFDC’’, a révélé Mamadou Lamine Sidath Diop. A son avis, la libération des 8 soldats sénégalais ne répondait qu’au souci d’apaiser la colère du président Macky Sall, suite à l’exécution des 2 prisonniers sénégalais.

''C’est le MFDC qui est le garant de sa force et de sa puissance. Il a déstabilisé l’armée qui l’a quitté depuis. Il a mis 7 généraux en prison'', a-t-il affirmé. Il a ajouté que toutes les armes lourdes sont en possession des rebelles, puisque, dit-il, les soldats gambiens ne sont pas en mesure de les manipuler. ''Quand le président Jammeh envoie des éléments de la DIC gambienne pour nous agacer à Dakar, a-t-il ajouté, ils sont toujours accompagnés d’éléments du MFDC’’.

Sur les conteneurs d’armes pris à Lagos, l'ancien ministre a affirmé que 3 d’entre eux étaient déjà livrés.

LOUIS GEORGES DIATTA (STAGIAIRE)