Publié le 31 Jul 2017 - 00:41
COMMENTAIRE

Le jour du citoyen

 

Après 21 jours de campagne, le temps a suspendu son vol pour les acteurs politiques. Durant, 3 semaines la classe politique, majorité, opposition comme figurants, a occupé l’espace public dans ses différents compartiments. Les médias bien sûr ! Les candidats au scrutin législatif de ce dimanche ont été omniprésents sur les plateaux de télévisions, les antennes des radios et dans les colonnes des journaux, sans oublier la presse en ligne.

Pendant 21 jours, les candidats à la députation et leurs soutiens se sont rendu presque partout jusque dans des endroits où on les attendait le moins, pour ne pas dire là où ils n’ont jamais mis les pieds. Subitement, ils se sont retrouvés proches du peuple, souriant, accessibles.  Ici on prend la température d’un véhicule de transport en commun. Là, on se fait  l’alter ego des jeunes du quartier pour jouer au baby foot avec eux. Tous les gestes que l’on croyait utiles dans la communication politique ont été accomplis. Il appartiendra au peuple de dire si à son tour, il se sent proche de tous ces séducteurs.

En termes de discours, c’était presque le vide. Le peuple a même eu droit à plusieurs catégories de candidats. Il y a d’abord le trio de tête, composé de Benno Bokk Yaakaar, de la Coalition gagnante Wattu Senegaal et de Mankoo Taxawu Senegaal. Entre eux, la prise de parole semble se résumer à des attaques et contre-attaques pour ne pas dire invectives. La deuxième catégorie est composée de ceux qui ont comme seul et unique programme : ôtes toi que je m’y mette. Tout a été fondé sur la critique de la politique du régime en place. Et le dernier lot, lui, était venu amuser la galerie, en se perdant dans des promesses présidentielles, comme si ces candidats, une fois élus, disposeraient d’un budget pour exécuter un programme.

Après tout ce temps disais-je, marqué par la mise en scène, le faire-semblant, l’interprétation de rôles, arrive le jour du peuple. Le moment pour le citoyen de prendre la parole. Et contrairement aux acteurs politiques, lui n’a pas besoin de séduire. Il n’a pas de couleur. Peut-être les trois qui symbolisent la Nation. Il n’a pas de parti ou de coalition. Il n’est pas partisan. Sa formation à lui est la République. Le moment est donc venu pour les prétendants de se taire, de devenir spectateur, pendant que le citoyen agit, pendant qu’il décide. Le tour est arrivé pour cette grande masse silencieuse constamment importunée voire insultée par des achats de consciences, des actes démagogues, de la violence psychologique. Cette force tranquille n’a pas besoin de 21 jours pour convaincre. Une journée lui suffit, parce  qu’elle veut juste se faire  entendre.

Cette prise de parole, chacune des composantes de la société la fait à sa manière. Il y a les abstentionnistes. Ils sont absents, mais leur absence est aussi une forme de participation. C’est une participation passive, un silence révolutionnaire. Leur objectif est de montrer que malgré les sommes colossales dépensées, l’énergie déployée, les distances parcourues, les stratégies faites pour attirer leur attention et taper dans leurs yeux, ils n’ont pas le sentiment qu’ils comptent, que leurs préoccupations méritent, ne serait-ce qu’une minute de pause. Pour eux, tout ce qui a été fait l’a été sans eux et peut-être même contre eux. Ils ont par conséquent décidé d’ignorer ceux qui ne se sont peut-être jamais souciés d’eux. Ils n’ont peut pas tort, mais faudrait-il leur rappeler cette phrase de l’artiste Pierre Desproges plein de sagesse. ‘’L’adulte ne croit pas au père Noël. Il vote’’.

En effet, ne pas voter, parce que ne se sentant pas concerné, c’est laisser sa destinée entre les mains des autres. Attendre qu’un magicien vienne changer le cours de l’histoire, c’est fuir ses responsabilités. On peut certes se soustraire de la politique dans le sens du militantisme, mais ne pas voter, c’est refuser d’assumer sa citoyenneté. Soit on est satisfait de la politique en cours ; et dans ce cas, on a le devoir de maintenir ceux qui sont sur place. Soit on n’est pas satisfait, et on a le devoir non seulement de faire quitter les tenants du pouvoir, mais aussi de les remplacer, si l’on estime qu’ils sont tous pareil, par ceux que l’on considère comme les moins mauvais. S’il faut choisir entre la peste et le choléra, il faut bien le faire, car ne pas choisir pourrait être synonyme du choix les deux à la fois.

À ceux qui décident par contre d’assumer leur citoyenneté en allant voter, il est tout aussi important de rappeler la responsabilité qu’il y a dans cet acte. Il ne s’agit pas de choisir, le parent, le voisin, celui qui est de la même ethnie ou de la même région encore moins de ramasser le premier venu. Il est question de faire preuve de maturité et de lucidité d’esprit pour porter son suffrage sur celui que l’on croit être le meilleur pour la Nation aujourd’hui et demain. Car comme le disait Jacques Chirac, ‘’le droit de vote, ce n’est pas l’expression d’une humeur, c’est une décision à l’égard de son pays, à l’égard de ses enfants’’. Le vote est donc la traduction du respect et de l’amour que chacun d’entre nous porte pour sa patrie et son peuple.

BABACAR WILLANE

 

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