Publié le 21 Mar 2023 - 16:32
DÉFÉRÉS AU PARQUET HIER

Cheikh O. Diagne nie appeler à l’insurrection, Karim opte pour l’omerta  

 

Cheikh O. Diagne et Karim Xrum Xaax ont été déférés  hier au parquet avant qu’ils bénéficient d’un retour de parquet. Lors de leur audition, le premier a nié avoir appelé à l’insurrection, pendant que l’autre a opté pour la loi de l’omerta.

 

Après 17 heures de garde à vue, Cheikh O. Diagne et Karim Xrum Xaax ont bénéficié d’un retour de parquet. Ils sont, selon des sources, dans l’attente de la désignation d’un cabinet pour instruire leur dossier. Selon nos informations, ils sont poursuivis pour les faits d’appel à l’insurrection, appel à la violence contre les institutions et atteinte à la sûreté de l’État. ‘’EnQuête’’ revient sur leur face-à-face avec les hommes du commissaire Adramé Sarr, le patron de la Division des investigations criminelles (Dic).

 D’après nos sources, M. Diagne a confié aux enquêteurs qu’il n’a point appelé à l’insurrection. Mais en tant que simple citoyen et acteur politique, il a voulu lancer un message au président de la République afin de parer à tout abus de pouvoir de sa part. Il a reconnu les propos qu’on lui reproche d'avoir tenus.

Aussi, a-t-il précisé, indiquent nos sources, son appel à l’endroit du peuple sénégalais visait un rassemblement pacifique. Il voulait, dans ce sens, mobiliser un million de manifestants afin d’exiger la démission de Macky Sall à la tête du pays, mais aussi la libération sans condition de ceux qu’il  considère comme des détenus politiques. Il dit vouloir une justice équitable à l’endroit de tous les citoyens.

Ce rassemblement visait, par ailleurs, à  réclamer justice pour les victimes ayant perdu la vie lors des manifestations de mars 2021, mais également celles ayant été victimes de violences.

Par ailleurs, l’activiste Abdou Karim Guèye alias Karim Xrum Xaax, également arrêté, a, durant toute sa période de garde à vue, opté pour la loi du silence. Sur les questions des limiers liées à son appel à l’insurrection et des propos tenus à l’endroit des forces de défense et de sécurité, il a gardé le silence.

Les propos qui ont valu à Cheikh Oumar Diagne son arrestation

Le 18 mars dernier, lors d’un point de presse, le patron du Rassemblement pour la vérité a tenu des propos que le procureur de la République a jugés graves. ‘’Nous sommes devant une situation qui nécessite une rude bataille. La posture de chacun devrait être celle d’un battant. Elle nous concerne tous. Arrêtons de demander où est Ousmane Sonko, car il a été arrêté au cours de ce combat. Le peuple doit se lever aujourd’hui pour faire face à ce régime. Il faut qu’on accepte d’aller en prison dans ce combat. Ne pensez pas que vous ne méritez pas la prison.  Si on doit mourir, qu’on le fasse dans la vérité. On se bat pour nos fils et nos petits-fils. Donc, n’ayons pas peur de ce combat. Nous allons le faire partir. S’il ne fait pas attention ou s’il ne lâche pas, on va le retrouver au palais pour le déloger. Nous allons résister pour provoquer la démission de Macky’’, a-t-il déclaré lors de ce point de presse tenu dans un restaurant de la place.  

À rappeler que tous les deux ont été convoqués sur ordre du procureur de la République, informent des sources.  Ils avaient été libérés le 10 février dernier par la Chambre d’accusation.

Les précisions de Me Cheikh K. Ba sur les personnes arrêtées lors des manifestations

Sur un autre registre, Me Cheikh K. Ba a fait hier le point sur la situation sur des personnes qui ont été interpellées lors des récents évènements à Dakar. D’après la robe noire, le doyen des juges a procédé en début de soirée à l'inculpation de 21 personnes réparties en deux dossiers (n°11/23 : Assane Sall et Serigne Moda Dramé, et n°10/23 : Ousseynou Ndiaye, Yarga Sy, Babacar Baldé, Elimane Mouhamadou Salif Thiélo et 15 autres).

Le juge Mamadou Seck du 2e cabinet, selon lui, a hérité de deux dossiers polarisant 40 personnes dont l'inculpation va attendre aujourd’hui, faute de greffier. Plus de 100 dossiers seront répartis entre les 3e et 7e cabinets d'instruction.

L'article 80 du Code pénal a été visé par le procureur qui a requis, en outre, le mandat de dépôt pour l'ensemble des inculpés, a-t-il précisé. Un retour de parquet est ordonné pour le reste des manifestants. Quant aux mineurs en provenance du commissariat des Parcelles-Assainies, ils vont comparaître devant le tribunal pour enfants vendredi prochain, selon Me Ba.

CHEIKH THIAM

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