Publié le 30 Dec 2015 - 13:09
ENSEIGNEMENT SUPERIEUR

Faux départ, bonne arrivée

 

L’année 2015 a démarré par une vive polémique née du vote de la loi-cadre. Mais à l’arrivée, les acteurs se sont retrouvés autour d’un texte consensuel. Autre fait marquant, les jets de pierres dans le cortège présidentiel lors de la visite du chef de l’Etat à l’Ucad.

 

«La communauté universitaire, les députés de l'Assemblée nationale, le président de la République et son ministre de l'Enseignement supérieur ont tous le plaisir de vous faire part du décès de la loi 31-2014, l'enterrement aura lieu au rectorat de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD)». Cette phrase scandée par les enseignants du Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (SAES) le lundi 2 janvier résume bien la tension avec laquelle l’année 2015 a démarré dans le secteur de l’enseignement supérieur. Une polémique née en fin 2014, suite au vote presque en catimini de la loi portant réforme des universités publiques du Sénégal, s’est poursuivie en 2015. La loi en question prévoyait un conseil d’administration composé de 50% du monde universitaire, professeurs, personnel, étudiants compris, et 50% du monde extérieur.

Une répartition qui mettait les enseignants dans une position de minorité, d’après le Saes qui a donc opposé une résistance sans concession au ministre de tutelle Mary Teuw Niane tout en l’accusant de vouloir remettre en cause l’autonomie des universités afin de ‘’privatiser l’enseignement supérieur’’. Le Saes n’a d’ailleurs pas hésité à brûler la loi, après avoir pris tout de même la précaution d’enlever les insignes de la République. Ce qui n’a pas empêché une partie de l’opinion de condamner le geste. L’application de la loi a été finalement suspendue. Les acteurs avaient alors convenu de la renégocier.

Le Saes a voulu porter des amendements sur 13 des 22 articles de la loi. Au bout de trois mois, les deux parties arrivent à un consensus, sauf sur un point. ''A l’issue des travaux, la commission technique paritaire a trouvé des accords sur 12 articles. Seul l’article 3, relatif à la détermination des places disponibles dans les universités a donné lieu à un désaccord entre le gouvernement et le SAES'', indiquait-on dans un procès verbal remis à la presse lors de la signature des accords le lundi 16 mars. Il restait alors à tenir un atelier sur les modalités d’orientation des nouveaux bacheliers. Le ministère de l’Enseignement supérieur avait invité les enseignants à une rencontre sur la plate-forme campusen, le site dédié entre autres à l’orientation des nouveaux bacheliers.

Mais le Saes ne s’y est pas trompé et l’a bien signalé. Campusen est un outil qui n’a rien à voir avec les critères d’orientations à définir tel que réclamer par les enseignants. Ce n’est qu’à la fin du mois de décembre que la loi est réapparue. Le vote était prévu le vendredi 18 décembre. Le syndicat a alors menacé d’assiéger l’hémicycle. Un scénario évité grâce à l’intervention du professeur Iba Der Thiam qui a mis les acteurs d’accord lors d’une rencontre dans la soirée du jeudi 17 décembre. La loi qui a fait tant de bruit a finalement été bien votée le vendredi, dans un consensus total. Le seul point qui a réellement fait sortir les enseignants de leur silence est le retard dans le paiement des salaires.

En outre, si l’année s’est terminée dans une note positive, elle a connu une parenthèse assez déplorable. Le 31 juillet, le président de la République se rend à l’Ucad. Le périple dans le campus pédagogique, s’est fait sans anicroche. Mais arrivé au campus social, des individus ont essayé de bloquer son convoi avant d’y jeter des pierres. Un geste attribué aux étudiants et qualifié par certains comme les conséquences de la politisation de la visite, notamment par les autorités du Coud. L’incident sera de courte durée. N’empêche, il a ravi la vedette aux autres faits du jour, notamment les 302 milliards de francs Cfa annoncés par Macky Sall pour la construction d’infrastructures et l’équipement des laboratoires.

Si d’habitude l’université publique sénégalaise est agitée à cause des manifestations des étudiants qui réclament leur bourse, il faut dire que cette année les affrontements avec les policiers sont peu nombreux et de moindre intensité, du fait d’une politique d’anticipation sur le paiement des bourses.

BABACAR WILLANE

 

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