Publié le 7 Sep 2023 - 14:40
EURO 2024 - QUALIFS- FRANCE-IRLANDE

Le trio d’attaque du PSG, une bonne nouvelle pour les Bleus ?

 
Kylian Mbappé, Ousmane Dembélé et Randal Kolo Muani, désormais coéquipiers au Paris Saint-Germain, se verraient bien porter l'attaque de l'équipe de France. Une complicité – encore à créer – en club qui pourrait bénéficier à la sélection ?
 
 
« Le fait de se côtoyer à l’entraînement et avec des matchs tous les trois ou quatre jours va leur permettre d’améliorer leur relation, d’avoir des repères encore plus importants, des automatismes. Après, ils peuvent jouer de façon différente en club et en sélection. Il n’y a que du positif au fait qu’ils se retrouvent tous les trois régulièrement avec leur club. » Interrogé en début de rassemblement, Didier Deschamps ne cachait pas son plaisir d’avoir vu Randal Kolo Muani et Ousmane Dembélé rejoindre Kylian Mbappé au Paris Saint-Germain cet été. Candidats à la formation d’un trio offensif pour le moins percutant chez les Bleus, les trois Franciliens vont désormais évoluer ensemble au quotidien, sous la tunique rouge et bleu.
 
« Je pense que Didier Deschamps est ravi, comme il est ravi de voir Tchouaméni jouer avec Camavinga au milieu de terrain à Madrid. Ce n’est que du bénéfice pour l’équipe de France », se félicite Alain Roche, ancien défenseur central de l’équipe de France (25 sélections) qui a connu une situation similaire, évoluant régulièrement avec David Ginola, Paul Le Guen, Patrice Loko et Vincent Guérin en sélection dans les années 1990. Et ce n’est pas l’ancien Monégasque, interrogé sur le sujet ce mercredi en conférence de presse, qui viendra le contredire : « Il vaut mieux avoir le maximum de joueurs qui jouent dans la même équipe plutôt que des joueurs qui jouent dans des championnats différents. Quand tu joues avec un joueur au quotidien, tu crées une affinité et des liens importants. » Et qui plus est lorsque les trois bonshommes évoluent sur la même ligne, une rareté dans l’histoire des Bleus.
 
Avantage tactique
 
Si Olivier Giroud devrait bien être titulaire face à l’Irlande ce jeudi soir, notamment parce que Randal Kolo Muani est légèrement touché à la cheville, la MDKM pourrait bien être le nouveau cheatcode de l’attaque de l’équipe de France dans les années à venir. « Ça va prendre un petit peu de temps, on ne va peut-être pas voir les effets immédiatement », tempère Alain Roche, alors que Dembélé ne compte que trois petites apparitions en Rouge et Bleu et que Kolo Muani vient juste de signer. Mais l’ancien du club de la capitale (193 matchs) est convaincu que cette situation peut bénéficier à l’équipe de Didier Deschamps sur le plan tactique, surtout dans le contexte particulier d’une sélection nationale. « L’équipe de France joue souvent en 4-3-3 aussi, donc ils peuvent se retrouver alignés tous les trois devant. Mbappé est un peu loin de Dembélé puisqu’ils sont à l’opposé, mais Randal Kolo Muani peut être le liant entre les deux. Ce n’est pas facile la sélection, vous vous voyez une fois tous les trois mois. C’est difficile de parler de tactique dans ces moments-là, vous allez plutôt travailler sur la forme, l’état d’esprit, la mentalité. »
 
De là à imaginer le sélectionneur national échanger régulièrement avec Luis Enrique et son staff ? « Je pense que Didier Deschamps appelle les entraîneurs surtout pour savoir dans quel état sont les joueurs, mais je crois qu’il est assez capable de savoir quel est leur meilleur poste et comment les faire jouer. Si ce que fait Enrique fonctionne, il est possible que Deschamps s’en imprègne », poursuit Roche. Avant d’insister sur l’importance de ces repères sous le maillot frappé du coq. « Même si on n’a pas eu de très bons résultats, avec Paul Le Guen ou Vincent Guérin devant moi, je savais exactement quels étaient leurs déplacements, comment ils se positionnaient. Un David Ginola sur le côté gauche, à tout moment je savais comment je pouvais le trouver. »
 
« Les mecs sont tous de Paris »
 
D’un point de vue sportif, avoir une ligne entièrement composée de joueurs habitués à ferrailler côte à côte chaque semaine (ce que ne sont pas encore les trois Parisiens) ne peut qu’être un avantage. Attention toutefois à ce que ces noyaux de joueurs proches au quotidien n’influent pas négativement sur la vie du groupe. C’est en partie ce qu’a vécu l’équipe de France des années 1990, composée en grande partie de joueurs performants à Marseille ou Paris, mais en plein creux de résultats jusqu’au triomphe de 1998. « J’étais passé par Marseille donc c’était un peu différent, mais les tensions que vous avez en championnat, vous les retrouvez un peu en sélection, rejoue Alain Roche, habitué de ces Classiques houleux. L’entente dans une équipe est primordiale et c’est pour ça que Deschamps se base beaucoup là-dessus. »
 
Une situation qui a peu de chances de se reproduire dans le contexte actuel. D’abord parce que ni Marseille, ni aucun autre club possédant un antagonisme fort avec le PSG n’est fortement représenté au sein de la sélection. Et ensuite, parce qu’au-delà des trois compères et de Lucas Hernandez, les joueurs formés au club ou originaire de la région parisienne sont particulièrement nombreux. Quatre autres appelés lors de cette trêve (Mike Maignan, Alphonse Areola, Adrien Rabiot et Kingsley Coman) ont en effet déjà porté les couleurs du club. « Il n’y a pas que quatre Parisiens, corrige Roche. Les mecs sont tous de Paris, ils se connaissent depuis les catégories jeunes, ils sont contents de se retrouver, ils ont quasiment tous le même âge et on sent qu’il y a une joie de vivre. » Pas de risque donc de revoir deux clans s’écharper, comme a également pu le craindre l’Espagne divisée entre Barcelonais et Madrilènes, avant d’en faire une force indestructible.
 
Le Barça et le Bayern, exemples à suivre ?
 
Dernière sélection internationale à avoir martyrisé le monde du ballon rond durant de longues années, la Roja de Luis Aragonés puis Vicente Del Bosque peut-elle devenir une inspiration pour cette jeune équipe de France ? « Il y a plusieurs exemples dans d’autres sélections internationales, déroule encore Roche. Regardez Barcelone qui alimentait l’équipe d’Espagne pendant des années. Derrière, vous allez en Allemagne avec le Bayern Munich qui avait sept joueurs titulaires en sélection (six titulaires lors de la finale de 2014 évoluent alors au Bayern, en plus des anciens Bavarois Mats Hummels et Miroslav Klose, NDLR)… Il n’y a pas de secret, les automatismes et la complémentarité sont là. »
 
Cette nouvelle concentration d’internationaux tricolores au pied de la tour Eiffel ne constitue pour le moment qu’un embryon de ce que le Barça ou le Bayern ont connu par le passé, sans oublier la Juventus et sa ligne défensive copiée-collée par la Squadra Azzura pendant une large partie de la dernière décennie. En plus des quatre heureux élus de ce mois de septembre, Presnel Kimpembe, Warren Zaïre-Emery, Nordi Mukiele ou Bradley Barcola pourraient à l’avenir venir grossir le contingent rouge et bleu à Clairefontaine.
 
En attendant de voir si cette dynamique pourrait motiver certains joueurs déjà établis à rejoindre les champions de France ? « Ces dernières années, la plupart des joueurs qui venaient en équipe de France n’étaient pas au PSG, à part Mbappé. Je crois qu’il y a plus de joueurs qui rêvent de jouer en Angleterre qu’au Paris Saint-Germain, tempère Alain Roche, sans écarter l’hypothèse que jouer à Paris puisse en aider certains à gagner leur place en Bleus. Actuellement, je pense que Coman a un temps d’avance sur Dembélé parce qu’il est beaucoup plus efficace avec son club.
 
Mais le fait de jouer au Paris Saint-Germain, sous les yeux du sélectionneur et avec des joueurs qui risquent de jouer avec lui en sélection peut être un avantage pour Dembélé afin de gagner sa place. » Au moins, une chose est sûre : il ne sera pas dépaysé par le fait d’évoluer au Parc des Princes, ce jeudi face aux Irlandais.

 

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