Publié le 31 Dec 2015 - 12:11
FETE DE FIN D’ANNEE 2015

Dakar privé de fêtes et d’embellissement

 

A 24 heures de la fête de la Saint-Sylvestre, Dakar présente un visage diffèrent des années précédentes, à pareil moment. La mairie évoque l’interdiction des grands rassemblements par le ministre de l’Intérieur et le contexte international marqué par la menace terroriste pour justifier cette situation.

 

Les dakarois avaient l’habitude de voir, dès la mi-décembre, leur ville illuminée, à l’instar de ce qui se fait ailleurs dans le monde. Cette année la donne est tout autre. A cause de la menace terroriste, les autorités ont pris des mesures fermes d’interdiction. Ainsi, la Place de l’indépendance, qui abritait la plus grande manifestation pour accueillir le nouvel an, est très calme en cet après-midi du 30 décembre 2015. A un jour de la fête de fin d’année, elle ne présente aucun signe qui montre qu’on est en pleins préparatifs de la Saint-Sylvestre. Les vendeurs à la sauvette profitent des embouteillages pour écouler leurs produits. Ici, la vie continue comme d’habitude. Les personnes trouvées sur place et les passants sont partagés entre la compréhension et la nostalgie des festivités.

« Chaque année, je venais ici avec mes copains pour célébrer le nouvel an. A deux semaines avant chaque premier janvier, on voyait des décorations partout et on était très ravi. Malheureusement, cette fois-ci, il y a rien et c’est dommage », regrette Clément Gomis. De noir vêtu, le jeune homme comprend toutefois la décision des autorités d’interdire des manifestations sur la célèbre place de Dakar. Selon lui, les gens doivent fêter, mais aussi respecter les mesures de sécurité. «Je suis parfaitement d’accord avec le ministre, car il doit protéger les personnes et leurs biens ».

Beaucoup de sénégalais semblent préférer la paix et la sécurité à la fête. D’autres affichent leur satisfaction, car ils pensent que le pavoisement de Dakar et toutes les dépenses qu’effectue la mairie pour célébrer la fin d’année, c’est simplement du gaspillage. De l’avis de Fatou Bintou Diop, trouvée assise à la Place de l’indépendance, les priorités sont ailleurs. « Les jeux de lumières et autres ne sont pas nécessaires. Cet argent gaspillé chaque année est plus utile dans le domaine de la santé et l’éducation. Donc, la décision d’Abdoulaye Daouda Diallo d’interdire les festivités est sage. Il faut l’aider, parce que c’est pour la sécurité de tout le monde. C’est mieux que de dépenser des millions en l’air », explique la dame avec beaucoup de satisfaction. Elle n’est pas seule à défendre cette position. Plusieurs citoyens rencontrés estiment que ces moyens financiers mobilisés par la municipalité peuvent régler d’autres problèmes.

La mairie réfléchit à un format de fête

Les amoureux et admirateurs de la « belle capitale » embellie n’auront pas ce cadeau de la part de la mairie de Dakar. Peu d’artères ont été ornées pour accueillir 2016. Les autorités municipales évoquent les mesures de sécurité, comme principale raison. « Il était toujours prévu d’embellir les grandes artères de Dakar. Mais cette année, compte tenu de la décision d’interdire les manifestations pour des raisons de terrorisme, il faut savoir raison garder. Donc, pour expliquer tout cela, il faut dire que la décision du gouvernement en est quelque chose », explique Cheikh Guèye, le premier adjoint au maire. Il précise tout même qu’il y a quelques pavoisements à travers la ville.

Le collaborateur de Khalifa Sall qui dit comprendre la décision du ministre de l’Intérieur espère qu’il y aura au moins quelques petites activités pour fêter le nouvel an. « Cette année, les grands rassemblements seront très difficiles à organiser. Mais, je peux vous dire qu’au niveau de la ville, on est en train de s’affairer autour d’une manifestation culturelle pour les jeunes. On est en train de voir avec les autorités, notamment le préfet, comment garantir la sécurité pour que cela puisse passer sans problème. Donc, nous voulons de manière responsable tirer notre épingle du jeu », rassure Cheikh Guèye.

A ceux qui pensent que les dépenses de la mairie pour fêter la Saint-Sylvestre sont un gaspillage, M. Guèye répond que les populations ont besoin d’un bon cadre de vie et de voir de belles choses. Combien dépense son institution chaque année ? Il répond : «  Il est difficile de dire combien on décaisse. Mais souvent, ça se faisait dans le cadre d’un partenariat. A ceux qui disent que cet argent aurait servi à financer d’autres secteurs, j’ai envie de leur dire que le développement est global. Nous avons investi dans la santé, l’éducation, mais il faut aussi prendre en charge certains citoyens de Dakar qui pensent qu’il faut orner et fêter. Même ceux qui ont des soucis de santé ont besoin d’être dans des espaces de loisir. Donc, il faut relativiser. Le fait d’être dans un endroit joli et d’écouter de bonnes choses peut être même un remède pour les malades’’, dit-il.  

Abdourahim Barry (Stagiaire)

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