Publié le 26 Oct 2021 - 22:17
HOMICIDE VOLONTAIRE ET NON-ASSISTANCE À PERSONNE EN DANGER

Six agents de la sécurité risquent 5 à 10 ans de réclusion criminelle

 
C’est le 8 novembre prochain qu’Abdou Lahat Guèye et ses cinq collègues vont être édifiés sur leur sort. Tous des agents du Port autonome de Dakar, ils comparaissaient à la barre de la chambre criminelle de Dakar, pour répondre des chefs d’homicide volontaire et de non-assistance à personne en danger. La représentante du ministère public a requis des peines allant de 5 à 10 ans de réclusion criminelle contre les accusés qui ont contesté les faits. 
 
 
Dans la journée du 19 avril 2017, deux corps sans vie ont été retrouvés à l’intérieur du port, plus précisément au môle 3. Les cadavres étaient identifiés aux noms d’Alassane Touré et d’Issa Cissé. Après investigations, les gendarmes, qui s’étaient dépêchés sur les lieux, découvrent que ces derniers ont perdu la vie, suite au chavirement de leur pirogue dénommée ‘’Sadikh Ngom’’.
 
Selon un rescapé, le drame est survenu dans la nuit du 11 au 12 avril 2017, aux alentours de 4 h du matin. Celui-ci renseignait aux enquêteurs que leur pirogue, qui avait à son bord 32 personnes et qui se trouvait dans une zone interdite au sein du port de Dakar, a été heurté par la remorque en acier des maîtres du port. La pirogue s’est fracassée au milieu et ses occupants se sont tous retrouvés dans l’eau. A en croire toujours le rescapé, alors qu’ils luttaient de toutes leurs forces pour sauver leur vie, les agents du port proféraient des injures à leur encontre. Avec ces éléments, les pandores ne tarderont pas à mettre la main sur les individus qui étaient à bord de la remorque. Il s’agit d’Abdou Lahat Guèye, Samsidine Sané, Ababacar Ndoye, Malamine Tamba, Mamadou Coly, Ismael Diouf et Alexis François Seck. Entendus, ils déclarent tous que c’est la pirogue, avec une erreur de manœuvre, qui a heurté leur remorque. Abdou Lahat Guèye, qui dirigeait l’embarcation, renseignait à l’enquête que c’est suite à une opération de sécurisation du port, qu’ils ont noté la présence clandestine de la pirogue ‘’Sadikh Ngom’’. Après avoir sommé les pêcheurs de quitter la zone à deux reprises, ceux-ci sont revenus une troisième fois. Mais cette fois-ci, les occupants de la pirogue leur jetaient des pierres, avant que leur barque ne heurte leur remorque. Selon lui, Samsidine Sané était le chef de l’opération.
 
Tous les occupants de la remorque qui sont sous contrôle judiciaire ont comparu, hier, à la barre de la chambre criminelle de Dakar. 
 
Accusé d’homicide volontaire, Abdou Lahat Guèye plaide non-coupable.  Au prétoire, il avoue qu’il était aux commandes de la remorque. ‘’Dans la nuit du 11 au 12 avril 2017, on était parti en mission de sécurisation. Cette nuit-là, au lieu de la sensibilisation, on a décidé de saisir le matériel des récalcitrants. On a chassé les piroguiers à deux reprises. C’est à la troisième reprise que leur pirogue a chaviré. Les pêcheurs nous jetaient des pierres. Leur pirogue a heurté notre remorque’’, a soutenu l’accusé.
 
Pour sa part, Samsidine Sané, qui était le chef de l’opération, précise qu’ils étaient dans l’obligation de dégager les pirogues qui se trouvaient clandestinement dans les eaux maritimes du port, car un navire devait accoster. A l’instar de son co-accusé, il était sous contrôle judiciaire. Il lui est reproché le chef de complicité d’homicide volontaire. Accusation qu’il a contestée.
 
S’agissant des autres accusés Ababacar Ndoye, Malamine Tamba, Mamadou Coly, Ismael Diouf et Alexis François Seck, ils se sont retrouvés dans la galère, pour n’avoir pas porté assistance aux occupants de la pirogue qui étaient en train de se noyer. Ce qu’ils ont tous nié. D’après eux, après l’accident, ils ne pouvaient qu’alerter les secours. Car selon eux, ils ne détenaient pas de gilets de sauvetage et les conditions pour qu’ils viennent en aide aux naufragés n’étaient pas réunies. 
 
N’ayant aucun doute sur la constance des faits, la représentante du ministère public a requis 10 ans de réclusion criminelle contre Abdou Lahat Gueye et Samsidine Sané. Quant aux autres accusés qui répondaient du chef de non-assistance à personne en danger, ils encourent 5 ans de prison ferme, si la chambre suit le réquisitoire du parquet.
 
Les avocats de la défense ont tour à tour sollicité le renvoi des accusés des fins de la poursuite.
 
Le verdict sera rendu le 8 novembre prochain. 
 
MAGUETTE NDAO
 

 

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