Publié le 16 May 2014 - 07:04
INTERDITS D'ACTIVITÉS EN MAURITANIE

 Des pêcheurs prennent d’assaut l’ambassade du Sénégal

 

Depuis quelques jours, les pêcheurs sénégalais exerçant leurs activités au débarcadère de Nouakchott sont confrontés à de multiples tracasseries policières. La cause, la mise en application de la mesure  du ministère mauritanien des Pêches interdisant à tout étranger d’exercer ce métier. 
 
 
Ils étaient des dizaines de pêcheurs sénégalais à prendre d’assaut la chancellerie de l’ambassade du Sénégal à Nouakchott, ce mardi 13 mai 2014, dans la matinée, pour protester contre la mesure interdisant aux étrangers, notamment aux Sénégalais d’exercer leurs activités. Désormais, la pêche est réservée exclusivement aux Mauritaniens. Toutefois, les étrangers, sous couvert des Mauritaniens, peuvent continuer à exercer le métier de pêcheur. Confrontés à des tracasseries au quotidien, les pêcheurs sénégalais se sont rendus à leur ambassade pour exprimer leur courroux.
 
Absent de Nouakchott, l’ambassadeur a indiqué au téléphone qu’il a instruit ses collaborateurs pour rencontrer les plaignants et recueillir leurs revendications. Mais les pêcheurs s’indignent du fait qu’aucun diplomate ne s’est rendu sur les lieux pour s’enquérir de la situation. Surtout que ''certains de nos collègues sont encore retenus au commissariat du quartier de la cité plage'', informe un des initiateurs de la marche.
 
Ils soulignent que d’autres y séjournent depuis trois jours. Lors de notre passage à la plage, nous avons vu des Sénégalais encore au poste de police. Ceux-là qui s’entêtent à braver la loi. Déjà, 9 Sénégalais ont vu leurs magasins saisis, retirés et attribués aux Mauritaniens tandis que les produits de 10 autres ont été tout simplement saisis. Mais la traque continue toujours. 
 
L’article 3 de la loi 172-2009 régissant l’activité des mareyeurs précise que l’exercice de la profession de mareyeur (collecteur, distributeur, exportateur) est uniquement réservé aux personnes de nationalité mauritanienne. Et ces dernières doivent être inscrites au registre de commerce mauritanien avec des renseignements fournis à l’administration compétente des pêches. En outre, la même loi précise que «l’agrément à la profession de mareyeur est accordé par le ministère des Pêches et donne lieu à l’attribution d’une carte professionnelle» délivrée conformément aux dispositions de ladite loi. Cette loi ôte de facto toute possibilité aux étrangers d’exercer ce métier. 
 
Toutefois, excès de zèle aidant, la fédération mauritanienne des pêches, délégataires de pouvoirs, a depuis plus d’un mois fermer les magasins et interdit aux mareyeurs étrangers et aux femmes sénégalaises revendeurs de produits d’exercer leurs métiers. Il s’en est suivi des arrestations, des saisies de produits. 
 
Du côté mauritanien, on précise que depuis 2009, l’activité est interdite aux étrangers dans le cadre de la «mauritanisation» de l’emploi. On se souvient que des pêcheurs sénégalais de Nouadhibou et de Nouakchott avaient été sommés de ne plus descendre en mer. Une mesure qui a failli créer des débordements. 
 
Ibou Badiane ( correspondant en Mauritanie)
 

 

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