La problématique de l'accès à l'état civil au cœur de la commémoration

La remise symbolique d’extraits de naissance à une vingtaine de bénéficiaires impactés par la crise en Casamance a été le dernier acte qui a marqué la célébration, les 11, 12 et 13 mai 2024, à Ziguinchor, du premier anniversaire du dépôt des armes en Casamance.
Les rideaux sont tombés sur la célébration du premier anniversaire du dépôt des armes par la faction Nord-Diakaye du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) qui a eu lieu le 13 mai 2023 à Mongone (commune de Djinaky) dans le département de Bignona. La tenue, le lundi, d’un forum axé autour du ‘’Processus de la paix en Casamance Diakaye, un cas d’école’’, a été le dernier acte de la manifestation ponctuée par la remise d’extraits de naissance à une vingtaine de bénéficiaires.
‘’Cet acte symbolique n’est rien d’autre qu’une manifestation de la volonté des autorités compétentes à prendre en compte la problématique de l’accès ou du réaccès de très nombreuses populations impactées par la crise en Casamance’’, a souligné Henri Ndecky, le président de la Coordination sous-régionale des organisations de la société civile pour la paix en Casamance (Cospac) qui a porté l’organisation de cette première édition du dépôt des armes.
Une préoccupation que les désormais ex-combattants de Diakaye ont soulevée et qui est bien inscrite dans les accords de paix signés à Mongone, le 13 mai 2023. ‘’Oui, c’est un point que les combattants ont posé lors des négociations avec l'État. Ils ont demandé à être rétablis dans leurs droits. Pas seulement eux, mais également les populations victimes de la crise’’, a expliqué M. Ndecky. Pour prendre en charge ce volet, Henri Ndecky a souligné que l’USAID a apporté un soutien incommensurable pour la constitution de 55 041 dossiers.
L’État, relève-t-il, a donné des instructions, par le biais d’une mesure spéciale, au procureur de la République pour diligenter la procédure habituelle d’obtention d’extraits de naissance.
Depuis, le processus d’obtention d’actes de naissance se poursuit normalement pour les ex-combattants, leurs familles, les populations locales impactées, les déplacés ou réfugiés en Gambie et en Guinée-Bissau, mais aussi les retournés.
Pour rappel, entre bombardements, déguerpissements, ratissages, accrochages entre les éléments de la branche armée du MFDC et les forces de défense et de sécurité, des milliers de Casamançais ont été obligés de tout abandonner pour s’installer ailleurs.
À la faveur de l’accalmie en cours, ces impactés de la longue crise en Casamance, de retour au bercail, se voient privés des avantages liés à leur nationalité sénégalaise. Ils ont perdu leurs papiers. Beaucoup d’enfants nés dans la crise n’ont pas été déclarés. La remise d’extraits de naissance qui a sanctionné la commémoration de ce premier anniversaire du dépôt des armes en Casamance constitue donc, pour les organisateurs, un moment solennel de célébration du travail mené par le projet USAID/Aliwili II pour redonner une identité civique à ces milliers de victimes du conflit. À en croire M. Ndecky, près de 15 000 cas ont déjà été traités.
HUBERT SAGNA (ZIGUINCHOR)