Publié le 28 Nov 2023 - 20:31
MACKY SALL, FORUM INTERNATIONAL DE DAKAR SUR LA PAIX ET LA SÉCURITÉ

“Il est temps de faire taire les armes et privilégier le dialogue”

 

Le Sénégal abrite, ces 27 et 28 novembre 2023, la 9e édition du Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité avec comme thème ‘’L’Afrique des potentiels et des solutions face aux défis sécuritaires et à l’instabilité institutionnelle’’.

 

Privilégier la réponse militaire pour combattre l’insécurité et le terrorisme en Afrique semble de plus en plus révolue. Face aux multiples facteurs déstabilisants le continent noir, de nouvelles réponses sont prônées par les dirigeants, dont ceux présents à la 9e édition du Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique qui se tient du 27 au 28 novembre 2023. En lançant l’ouverture de ce rendez-vous annuel au Centre international de conférences Abdou Diouf (Cicad) de Diamniadio, le président de la République, Macky Sall, a assuré qu’en Afrique, ‘’il est donc temps de faire taire les armes et privilégier le dialogue pour le règlement de nos différends’’.

L’attitude des leaders africains, dans le cadre des dernières crises institutionnelles (coup d’État militaire au Niger et au Gabon, etc.) montre l’enclin à réfléchir  avant d’entreprendre les options militaires dans le règlement des conflits. Et c’est dans cette voie que s’inscrivent les discours soulevés hier et qui entrent en phase avec le thème de l’édition 2023 de ce forum de Dakar : ‘’L’Afrique des potentiels et solutions face aux défis sécuritaires et à l’instabilité institutionnelle.’’

C’est dans ce cadre que le président Macky Sall a rappelé que ce sujet interroge sur ‘’notre part de responsabilité dans les défis sécuritaires et l’instabilité institutionnelle qui agitent le continent. En plus de leur coût humain et matériel, les conflits armés plombent nos efforts sur la voie du développement économique et social’’.

Macky Sall : ‘’Les conflits armés plombent nos efforts.’’

Depuis 2020, plusieurs pays africains ont connu un renversement de leur leader : à l’été 2023, des coups d’État ont touché le Niger (26 juillet) et le Gabon (30 août). Le Burkina Faso (deux en 2022), la Guinée (2021) et le Mali (2020 et 2021) déstabilisés par l’insurrection djihadiste dans le Sahel, ont connu des putschs ayant conduit à l’instauration de juntes militaires au pouvoir.

Un constat qui fait dire au président de la République islamique de Mauritanie, Mohammed Ould Ghazouani, qu’il est ‘’indubitablement établi que toute lutte contre l’insécurité, prétendant à l’efficacité durable, doit appréhender les questions sécuritaires dans leur solidarité quasi organique avec leurs dimensions économiques, sociopolitiques qui structurent leur environnement global. (…) Il y a donc urgence à redoubler d’efforts en vue de construire des États réellement de droit, de bâtir de véritables démocraties capables d’assurer dans la paix, la stabilité et la transparence, l’alternance au pouvoir’’.

Membre de la force G5 Sahel qui fut créée en 2017 pour répondre à l'expansion des groupes extrémistes armés et violents, la Mauritanie s’en sort mieux que beaucoup de ses voisins dans l’approche de la lutte contre l’insécurité récurrente dans le Sahel. Pour arriver à ce résultat, le président Ghazouani a soutenu que son pays a renforcé ses forces de défense et de sécurité. Mais aussi, les a réadaptés aux spécificités des violences atypiques contemporaines. ‘’Nous avons polarisé notre action sur la lutte contre la pauvreté et la précarité, le renforcement des institutions démocratiques, la promotion des libertés fondamentales et de l’État de droit dans un cadre général de réformes en profondeur du système économique pour jeter les bases d’un développement durable’’, assure le président de la République islamique de Mauritanie.

L’exemple de la Mauritanie

Selon l’invité de marque du président Macky Sall pour l’édition 2023 du forum de Dakar sur la paix et la sécurité, son pays a travaillé à améliorer sa gouvernance sociopolitique, à apaiser la vie politique, à promouvoir l’ouverture de dialogue et de concertation au rang de mode essentiel de gouvernance sociopolitique, tout en travaillant à la déradicalisation de ses jeunes et à la promotion d’une culture d’ouverture et de tolérance.

L’approche multisectorielle dans la résolution des crises sécuritaires et le maintien de la paix en Afrique sont d’autant plus importants que le continent dispose d’un potentiel inégalé dans beaucoup de domaines. Comme le souligne le président Macky Sall, les contrastes de l’Afrique sont multiples : ‘’Une Afrique grande et riche, qui aspire à l’émergence, mais  toujours en retard sur le processus de développement. Une Afrique qui progresse sur la voie de la démocratie, mais encore secouée par l’instabilité institutionnelle ; une Afrique engagée à faire taire les armes, mais  toujours sous le feu ravageur des conflits et du terrorisme.’’  

Un questionnement qui se pose jusque dans l’éducation des populations africaines. Car, se demande Geraldo Martins, Premier ministre de la Guinée-Bissau, ‘’les choix opérés en matière de politique publique ont-ils été les plus avisés ? Avons-nous suffisamment et qualitativement investi dans la formation du citoyen et la diffusion du savoir et de la  connaissance ?’’.  

Le chômage et le manque de perspectives

Pour le représentant du président Umaro Sissoco Embaló, ‘’l’éducation et la formation des jeunes en vue de leur inculquer plus de connaissances et de meilleures capacités de discernement et de jugement prennent tout leur sens, car le chômage et le manque de perspectives contribuent à les rendre plus vulnérables et contribuent à en faire des proies faciles  pour les réseaux criminels d’émigration clandestine et de trafic d’êtres humains’’.

Bien au-delà du continent, certains maux qui contribuent à maintenir l’Afrique dans le sous-développement se jouent dans les lieux de décision internationaux. Un qui a fait de la lutte contre cette injustice une ligne de conduite est le président Macky Sall.

C’est ainsi qu’il a soutenu, devant ses invités venus du monde entier, qu’‘’une gouvernance mondiale plus juste et plus équitable contribuerait à faire émerger l’Afrique des solutions, c’est-à-dire une Afrique qui compte davantage sur ses propres ressources pour financer ses efforts de développement et offrir de nouvelles opportunités de commerce et d’investissement à ses partenaires’’.

L’objectif du président sortant de l’Union africaine à travers son plaidoyer est d’obtenir la réforme du Conseil de sécurité des Nations Unies et celle de l’architecture financière mondiale, la révision des règles de l’OCDE sur l’accès au crédit, et la lutte contre les pratiques fiscales anormales (évasion fiscale ; congés fiscaux abusifs, etc.).

300 milliards F CFA du Japon au cours des trois prochaines années

De bons débuts constituent l’accord historique sur un impôt minimum mondial de 15 % afin de lutter contre l’érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfices par les multinationales, l’adhésion de l’Afrique au G20 ou encore la décision des instances du FMI d’octroyer au continent un 3e siège au Conseil d’administration du FMI. Et pour le président sénégalais, ‘’cette dynamique pourrait être renforcée par la réforme du Conseil de sécurité et la mise en œuvre du Pacte de Paris pour les peuples et la planète, qui comprend, entre autres, la réforme de l’architecture financière mondiale’’.

Une meilleure représentation africaine dans les instances internationales est soutenue par le Japon, dont le ministre délégué aux Affaires étrangères a représenté son pays au forum de Dakar. Selon Horri Iwao, ‘’le Conseil de sécurité de l’ONU devrait refléter la réalité du monde actuel et nous soutiendrons une réforme consistant en une plus grande présence africaine’’. Le diplomate assure également que son pays est prêt à investir 500 millions de dollars (300 milliards F CFA) au cours des trois prochaines années, afin de contribuer à la paix et à la croissance dans l’Afrique de l’Ouest et dans le Golfe de Guinée.

Macky Sall  salue les premières transplantations rénales réussies au Sénégal

En marge du Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité, le président de la République du Sénégal s’est réjoui d’une prouesse médicale réussie dimanche dernier par les médecins de l’hôpital militaire de Ouakam : la première transplantation rénale effectuée avec succès au Sénégal.

Abordant le thème de cette 9e édition, ‘’l’Afrique des potentiels et des solutions face aux défis sécuritaires et à l’instabilité institutionnelle’’, Macky Sall a souligné que ‘’parler de cette Afrique de solutions m’amène à saluer l’excellente performance réussie hier [dimanche] par nos équipes médicales, sous la conduite du professeur El Hadj Fary Ka, qui ont réussi les deux premières opérations de transplantation rénale. Cela devrait aider à la lutte contre les maladies chroniques qui coûtent très cher à l’Afrique’’.

Le président de la République invite ces spécialistes à ne pas s’arrêter en aussi bon chemin. ‘’Les maladies chroniques tuent beaucoup de gens en Afrique, avec les centres de dialyse qui, quel que soit leur nombre, on va dire que ce n’est pas suffisant. Nous avons décidé de travailler avec d’autres transformations, comme les yeux, la transplantation oculaire. Je ne suis pas médecin, donc je ne vais pas m’aventurer sur ce terrain. Mais je sais qu’il y a des progrès qui sont en train d’être faits’’, assure Macky Sall.

Lamine Diouf

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