Publié le 12 Nov 2014 - 16:09
MEETING DE L’OPPOSITION DU 21 NOVEMBRE 2014

Le PM appelle à la sagesse, l’opposition réclame ses droits 

 

Pour «honorer» le secrétaire général sortant de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) et ancien président du Sénégal, le Premier ministre Mahammad Dionne invite le PDS et ses alliés du Front patriotique pour la défense de la République (FPDR) à faire preuve de «sagesse» et surseoir à leur meeting du 21 novembre prochain.  Niet, rétorque l’opposition.   

 

Le rassemblement que compte organiser le 21 novembre prochain les partis d’opposition regroupés dans le Front patriotique pour la défense de la République (FPDR) s’est invité hier à la Déclaration de politique générale du Premier ministre Mahammad Dionne. Ouvrant les hostilités, la députée Fatou Thiam (PDS) a dénoncé l’arrêté du gouverneur de Dakar interdisant toutes manifestations du 10 novembre au 5 décembre 2014. ’’L’Etat de droit que vous prônez, signifie-t-il violer les libertés individuelles ?’’ se demande-t-elle. En écho, Aïda Mbodj, présidente du conseil départemental de Bambey, pense que le sommet de la francophonie  du 29 novembre n’est qu’un faux prétexte pour interdire leur meeting. 

‘’Nous n’avons ni pétrole, ni diamant. Notre seule richesse est notre démocratie ; préservez-là’’, exhorte-t-elle. Un avis partagé par Me El Hadji Diouf qui dénonce un ‘’abus de pouvoir’’ de l’autorité administrative. ‘’Un meeting de quelques minutes ne peut aucunement écorner l’image du pays. Nous avons suffisamment de forces de police et de gendarmes pour l’encadrer’’, déclare l’avocat. ‘’Le  président Macky Sall a été élu à plus de 65% des suffrages ; donc il n’a pas besoin de ça. Si vous voulez l’aider, il faut autoriser la manifestation’’, ajoute le député non inscrit.

Une recommandation qui a peu de chance d’être suivie. Car le Premier ministre estime que le «contexte actuel» ne se prête pas à pareille manifestation. ‘’Beaucoup d’entre vous étaient ministres. Vous connaissez bien les exigences de la sécurité’’, justifie-t-il. Précisant au passage qu’aucune mesure d’interdiction n’est prise de manière officielle, Dionne s’est défendu contre les accusations portées à l’endroit de l’Etat. ‘’Le Sénégal est un  pays de droit. Mais nous avons l’obligation d’assurer la sécurité des personnes et des biens’’, fait-il savoir. Ce, d’autant plus que, selon le député Moustapha Diakhaté, l’opposition menace de déstabiliser le pays. ’’Le PDS a dit que le Burkina a eu son mois d’octobre, et que le Sénégal aura son mois de novembre.

Qu’est-ce qui s’est passé au Burkina : il y a eu 37 morts, une assemblée nationale incendiée et un président destitué’’, rappelle le président du groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar. Dénonçant ‘’l’indignation sélective’’ qui serait en vigueur dans une partie de l’opinion publique, Moustapha Diakhaté met en garde : ‘’Si c’est ce que le PDS envisage de faire, ils nous trouveront sur leur chemin. Vous pensez que les républicains vont laisser faire ?’’ Réplique du député Mamadou Diop Decroix, coordonnateur de la FPDR : «On ne peut négocier une liberté et l’opposition ne compte pas renoncer à son meeting», prévient-il.

Comme pour décrisper la situation, le Premier ministre a invité l’opposition à faire preuve de ‘’sagesse’’ et à surseoir à sa manifestation au moins pour «honorer l’ancien président du Sénégal», Abdou Diouf. ‘’Je ne veux pas aller en guerre (contre l’opposition) ; mais plutôt contre la pauvreté. Mettons-nous ensemble, (le temps que le sommet se termine). Après, nous pouvons régler nos problèmes», propose le chef du gouvernement.

Un message bien accueilli par le président du groupe parlementaire «Les libéraux et  démocrates», Modou Diagne Fada qui se veut tout de même nuancé. «Si le dialogue politique doit passer par le respect des libertés, nous sommes preneurs’’. Notant «avec intérêt» le discours pacifiste du Premier ministre, le leader de AJ-PADS espère que «la sagesse finira par l’emporter».   

DAOUDA GBAYA 

 
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