Publié le 8 Sep 2025 - 13:01

Mon opinion sur le gouvernement de Ousmane SONKO

 

Suite à la publication de la liste des membres du nouveau gouvernement, les réactions se sont multipliées : partisans saluant les choix opérés, opposants inquiets, adeptes d’une lecture classique qui voudraient un ministre par terroir ou par région, et enfin les éternels troubadours qui tirent sur tout ce qui bouge.

Pourtant, le contexte économique et géopolitique d’après-crise appelle à dépasser ces querelles de façade. Le véritable enjeu réside dans la capacité du gouvernement à mettre en place une stratégie solide, avec des orientations claires, en tenant compte des contraintes de l’environnement international. Or, une partie de la classe politique et certains journalistes concentrent leur attention quasi exclusive sur les ministères de la Justice et de l’Intérieur, craignant des velléités de revanche ou une accélération des procédures. Certains vont même jusqu’à réduire la nomination de Bamba Cissé, avocat de Sonko, à une simple manœuvre électorale, ce qui relève d’une lecture simpliste et réductrice.

À mon avis, il serait plus utile de se référer aux classiques, notamment aux publications du CODESRIA depuis 1994 et à l’ouvrage fondateur d’Yves Lacoste, La géographie, ça sert d’abord à faire la guerre. Ce dernier nous rappelle que la guerre n’est pas uniquement militaire : elle est aussi économique. Dans cette perspective, les États comme les grandes entreprises transnationales mobilisent l’espace comme un levier stratégique dans la compétition mondiale,  qu’il s’agisse du contrôle des ressources, des routes maritimes ou des marchés.

Lacoste insiste sur l’importance des rivalités pour l’accès au pétrole, à l’eau, aux terres arables et aux minerais stratégiques, qui relèvent tout autant de l’économie que de la géopolitique. La cartographie, elle aussi, devient un instrument stratégique : représenter l’espace, c’est orienter les décisions et parfois dissimuler des enjeux.

Ainsi, au lieu de se limiter à scruter quelques portefeuilles ministériels, nous devrions évaluer le gouvernement à l’aune de sa capacité à articuler les ressources territoriales avec la mise en œuvre d’une stratégie de long terme, notamment la Vision 2050. L’essentiel n’est pas de se perdre dans des détails polémiques, mais de comprendre comment la valorisation des potentialités énergétiques, l’accès à l’eau et l’exploitation des terres arables s’inscrivent dans une véritable « guerre économique » à mener sans armes, mais avec des conséquences territoriales et sociales majeures.

Ce gouvernement, s’il veut réussir, devra obtenir l’adhésion des populations et éviter de céder aux discours soporifiques ou purement politiciens. L’heure n’est pas à combattre une personne, mais à accompagner une équipe qui a su dire « non » au moment opportun et qui doit maintenant prouver sa capacité à sortir le pays des abysses en engageant une stratégie de souveraineté et de développement durable.

Dans une démocratie, le débat public est non seulement nécessaire mais fondamental, car il constitue le socle de la participation citoyenne et de la confrontation des idées. Il est aussi un outil indispensable pour le contrôle citoyen de l’action publique, dans le cadre d’une gouvernance appropriée et transparente. Toutefois, il arrive que certains contextes exigent une régulation de ce débat afin d’éviter les excès, les dérives ou les manipulations qui risquent de fragiliser le vivre-ensemble. La liberté d’expression doit ainsi s’exercer dans le respect des institutions, des valeurs républicaines et de l’intérêt général.

Que Dieu préserve et protège le Sénégal.

 

Cheikh Tidiane WADE 

#Thiowor

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