Publié le 9 Sep 2024 - 19:39
NIAGUIS - AGROÉCOLOGIE ET SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE

Les femmes de la sous-région à l’école de l’usage des bio-intrants

 

Venant de huit pays d’Afrique de l’Ouest, une cinquantaine de leaders et techniciens appartenant aux associations de femmes rurales (AFR) viennent d’être formés sur les techniques de production et d’utilisation des bioprotecteurs en agroécologie paysanne. Cette session de formation est la suite logique de celles menées en 2022 et en 2023 sur les techniques de production et d’utilisation des bio-intrants (biofertilisants et biopesticides) ainsi que sur les techniques de production de semences horticoles (maraîchères) en agroécologie.

 

Les rideaux sont tombés sur la troisième édition du Camp international de formation sur l’agroécologie paysanne (Cifap) organisée à Niaguis (département de Ziguinchor), du 1er au 7 septembre 2024 par le mouvement panafricain des femmes rurales Nous sommes la solution (NSS) et l’ONG Fahamu Africa. Une cinquantaine de participants issue d’associations de femmes rurales (AFR) du Mali, du Burkina Faso, du Ghana, de la Côte d’Ivoire, de la Guinée-Bissau, de la Guinée, de la Gambie et du Sénégal ont pris part à cette édition 2024 dont le thème principal est axé sur les techniques de production et d’utilisation des bioprotecteurs en agroécologie paysanne.

Ce ‘’camp-école, rendu possible grâce au soutien financier de Grassroots, de Zoom Cares, de Foundation for a Just Society, mais aussi du 11th Hour Project, vise à renforcer le processus d’autonomisation des membres de NSS en intrants de base agricoles, notamment les bioprotecteurs.

Durant la session, les participants se sont familiarisés avec le danger de l’usage des pesticides chimiques en agriculture, l’apport des bioprotecteurs dans la qualité des produits agricoles, les techniques de production des bioprotecteurs à base de produits locaux et les techniques d’utilisation des bioprotecteurs pour faire face aux déprédateurs des cultures.

En plus de la formation pratique, ‘’le camp a servi de cadre d’échanges et de sensibilisation sur les valeurs ajoutées de la pratique agroécologique paysanne’’, relève Mamadou Danfakha, le chargé de programme de Fahamu Africa. ‘’La production et l’utilisation de bioprotecteurs est une des préoccupations majeures des producteurs membres de NSS, car la préservation des cultures est souvent réalisée avec des produits dangereux pour l’environnement et les êtres humains, en plus de leurs coûts élevés. Les personnes qui les utilisent ignorent souvent la dangerosité de ces produits pour leur propre santé et celle de l’environnement. D’où une utilisation abusive et aucune mesure de protection’’, a déclaré Mariama Sonko, la présidente du mouvement panafricain des femmes rurales Nous sommes la solution (NSS), lors de la cérémonie d’ouverture du camp.

À son avis, l’agroécologie paysanne prône, pour faire face aux déprédateurs (insectes, maladies), en plus des bonnes pratiques, l’usage de bioprotecteurs qui sont des produits naturels préparés avec des matières premières et des ingrédients qui sont, pour la plupart, disponibles au niveau communautaire. Ce qui, ajoute-t-elle, facilite leur appropriation par les paysans au niveau de la base. Elle souligne que, conscients des enjeux pour leur autonomie en fertilisants et en bioprotecteurs, les paysans locaux, en particulier ceux des exploitations agricoles familiales, se sont engagés, depuis quelques années, dans la production de leurs propres intrants. Ce qui est une façon de mener une agriculture productive et durable tout en préservant l’environnement et en favorisant un développement harmonieux. Toutefois, elle reconnaît que les bioprotecteurs sont souvent difficiles d’accès, du fait de l’absence d’unités de production spécialisées au niveau des zones de production agricole. Pour elle, cette formation en renforcement de capacités permettra aux participants des paysans venant de huit pays membres de Nous sommes la solution de disposer des prérequis sur les techniques de production et d’utilisation des bioprotecteurs afin de pouvoir faire face aux ennemis des cultures tout en préservant l’environnement et la santé humaine.

L’agroécologie paysanne comme alternative pour l’atteinte de la souveraineté alimentaire en Afrique

Au Sénégal, l’agriculture conventionnelle reste la mieux pratiquée, avec souvent l’utilisation abusive d’engrais de synthèse et de pesticides. Cette pratique culturale, qui dure depuis des décennies, n’est pas sans conséquences. Elle expose quotidiennement le consommateur, menace et déséquilibre sa santé, détériore celle des animaux et plonge l’environnement dans un chaos sans fin, empêchant notamment une régénération rapide du sol et du sous-sol. Elle est pratiquée parce qu’elle semble plus rentable. Certains, pour mettre très vite leur produit sur le marché, n’hésitent pas à utiliser l’engrais de manière abusive. Ceci, pour accélérer la période de maturité afin de récolter plus vite. Une course à la récolte qui n’est pas sans conséquences. Puisque la composition (azote, potassium et phosphate) des engrais est souvent très toxique.

Pourtant, des études révèlent que les normes d’utilisation des engrais recommandent 21 kg/ ha. Mais pour une petite surface cultivable, on peine à respecter le dosage de substances chimiques. Une pratique qui compromet la santé humaine, détruit l’écosystème et affecte l’environnement dans son ensemble. Comme alternative durable, Mariama Sonko estime que l’Afrique doit résolument se tourner vers l’agroécologie paysanne, si ses dirigeants veulent atteindre les objectifs de souveraineté alimentaire et procurer en même temps une bonne santé à leurs populations. ‘’Au Sénégal, comme ailleurs sur le continent, nous avons un souci : c’est comment offrir une alimentation saine à nos concitoyens. C’est pour cette raison que nous ne cessons d’organiser ces camps de formation pour partager des expériences en matière de production de semences paysannes. En 2023, lors de la deuxième édition de notre camp de formation, nous nous sommes intéressés à la production de biofertilisants et de biopesticides. Tout cela, pour aider les citoyens à changer de comportements en produisant des aliments sains et nutritifs’’, explique Mme Sonko, non sans souligner l’impérieuse nécessité de miser sur les semences paysannes pour ‘’une production de qualité et nutritive’’. ’’Nous allons continuer à conjuguer nos efforts’’.

HUBERT SAGNA (ZIGUINCHOR)

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