Publié le 14 Jun 2019 - 04:36
NOUVELLE PLAINTE D’UNE TRENTAINE D’ETUDIANTS POUR ESCROQUERIE

Afup Canada, à nouveau, devant la barre

 

 

Hier, Fatou Niang, la directrice des comptes et responsable d’une agence de transfert d’argent et également mère de la directrice d’Afup Canada, a de nouveau comparu devant le tribunal des flagrants délits pour escroquerie. Idem pour Ibrahima Ndiaye, chargé de la partie commerciale et directeur du service client d’Afup.

 

Ils étaient jugés et déclarés coupables, le 25 avril 2019, pour escroquerie portant sur des centaines de millions de francs Cfa, à la suite d’une plainte de 200 étudiants. Ils sont de nouveau devant la barre pour répondre des chefs d’association de malfaiteurs, escroquerie et faux et usage de faux en document administratif. La nouvelle procédure est engagée par une trentaine d’étudiants, selon l’acte d’accusation.

Mais hier, seule Khadidjatou Faye, une jeune étudiante qui a vu ses rêves partir en fumée, s’est présentée devant le tribunal. Elle a raconté comment elle s’était fait escroquer par ces deux prévenus.

Elle dit avoir été reçue par Fatou Niang avec qui elle s’est entretenue. Ensuite, la dame l’a mise en rapport avec Ibrahima Ndiaye qui s’est chargé de l’inviter à une conférence. Elle s’est laissé séduire par cette belle occasion de pouvoir voyager au Canada pour y poursuivre ses études. Elle n’a pas hésité à remplir et signer la fiche d’engagement. Par la suite, elle a réglé les frais de dossier, en remettant la somme de 400 mille et de 50 mille francs Cfa pour l’admission. Ensuite, elle s’est fait remettre des papiers d’admission d’une université du Canada et une promesse de visa d’Afup Sénégal. Mais, elle s’est vu refuser le visa et n’a toujours pas été remboursée.

Devant le tribunal, les deux prévenus se sont contentés de dire qu’il n’y a jamais eu d’engagement d’accompagnement jusqu’à l’obtention du visa. Sur ce point, les deux mis en cause ont accordé leurs positions jusqu’à ce que le juge les interroge sur leur niveau de responsabilité. Là, ils se sont mis à se rejeter la balle.

Fatou Niang a déclaré que son travail consistait juste de recevoir les étudiants, de voir les possibilités avec eux et de collecter les fonds pour les envoyer à la directrice générale qui se trouvait au Canada. Elle ajoute que l’entreprise facilitait l’admission et l’obtention d’une bourse en terre canadienne et non le visa. ‘’Ma mission s’arrête là. Pour le reste, je ne suis pas au courant’’, dit-elle.

Le directeur commercial, Ibrahima Ndiaye, lui, dit avoir été régulièrement recruté et qu’organiser des conférences pour les jeunes diplômés faisait partie de ses prérogatives. ‘’Ces diapositives m’ont été remises par Fatou Niang pour pouvoir expliquer aux élèves la vie étudiante au Canada’’. Il réitère qu’il n’a jamais été question de les suivre jusqu’à la délivrance du visa.

Mais la représentante du parquet a demandé de disqualifier le fait d’escroquerie en complicité d’escroquerie. Elle trouve que l’association de malfaiteurs ainsi que le faux et usage de faux en documents administratifs sont constants, parce qu’ils confectionnaient et délivraient de faux documents, en faisant croire qu’ils venaient des écoles du Canada. Elle a requis une peine d’emprisonnement de 2 ans dont 6 mois ferme.

Mais le conseiller d’Ibrahima Ndiaye a souligné qu’un collectif de 200 personnes avait été constitué pour déposer une plainte et que l’affaire a déjà été jugée. Et qu’on est présence de quelques étudiants qui ont voulu faire cavalier seul. Il ajoute que les deux prévenus finiront le restant de leur vie en prison si, à chaque fois, une nouvelle plainte surgit et qu’on les condamne à 6 mois ferme.

Le conseil a aussi évoqué la responsabilité d’Henriette Ndiaye qui, selon lui, devrait être au même titre que les prévenus devant la barre, en sa qualité de directrice d’entreprise, puisque c’est sa société qui est en cause. Mais, selon le parquet, ‘’il n’a aucune preuve de l’existence légale de l’entreprise’’.

N’empêche que l’avocat du prévenu a plaidé l’innocence de son client, puisqu’il est d’avis qu’il n’a pas une seule fois dérogé à ses responsabilités. ‘’Il a vu un appel d’offres, il y a postulé, a passé un entretien et a eu un contrat’’, dit-il. Il poursuit que son client n’a rien fait d’illégal, en organisant des conférences pour les étudiants et que s’ils sont convaincus, ils remplissent une fiche d’engagement et les frais sont automatiquement remis à la dame Fatou Niang. Et mieux, poursuit-il, s’ils se voient refuser le visa, alors qu’ils ont rempli toutes les conditions, c’est de la poche de son client qu’ils seront remboursés. Alors, il trouve insensé de vouloir escroquer une personne qu’il devrait rembourser. Il demande ainsi la nullité de la procédure.

Le conseiller de Fatou Niang a aussi plaidé l’innocence. A ses yeux, il n’y a jamais eu d’entente préalable. Que la partie civile s’est vu refuser le visa parce qu’elle avait échoué au test linguistique et qu’en définitive, n’avait pas le niveau. Et, dans ces cas-là, le remboursement partiel est requis. Mais Khadidjatou Faye avait refusé ce remboursement et a voulu poursuivre la procédure. Donc, il demande la nullité, parce que cette affaire, selon lui, a déjà été jugée.

Le délibéré sera rendu le 14 juin

FAMA TALL (Stagiaire)

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