Publié le 19 Mar 2018 - 20:16
OLIVIER PERRIN (COACH GENERATION FOOT)

‘’Le meilleur a gagné’’

 

A la fin du match retour perdu (0-2), samedi, comptant pour les 16es de finale de la Ligue des champions, le coach de Génération Foot Olivier Perrin a reconnu que le Horoya AC était le meilleur. Il a également énuméré les difficultés qui plombent le football sénégalais.

 

‘’Mon équipe manquait de vitesse’’

‘’Une équipe joue sur sa valeur du jour. On peut avoir toutes les explications qu’on veut mais la copie qu’on a rendue est à la fois le fait de notre équipe et celui de l’adversaire. Je rajouterai aussi l’état du terrain. Jouer une semaine après un combat de lutte sur un terrain de football, je n’ai rien contre la lutte, mais il faut, si on veut qu’une équipe sénégalaise passe, se pencher sur la qualité du terrain. C’est difficile d’y faire des passes. Ce n’est pas une excuse. Sur le match d’aujourd’hui (samedi), on a fait une première mi-temps timide à tous les niveaux. J’ai senti que mon équipe manquait de vitesse. Là où on joue à deux, trois touches, on en mettait quatre et beaucoup d’hésitation. C’est peut-être à cause du terrain, de l’adversaire qui était bien placé ou de l’enjeu. On a encaissé quatre buts sur cette double confrontation. A part le dernier, on a pris de sacrés buts sur les deux matches. Ça fait 35 ans que je suis coach mais prendre trois buts comme ça... Le premier où le joueur était hors jeu, le deuxième qu’on met contre notre camp et le troisième où 90% des arbitres ne sifflent jamais penalty. Il y a peut-être main mais elle est complètement collée. En deuxième période, on a plutôt bien réagi même si tout n’a pas été parfait. Jouer contre une équipe aussi expérimentée, c’est difficile de se créer des occasions de but. Plus le match avançait, plus je sentais que ça allait être compliqué. Sur les deux matches, on peut retenir qu’on n’est pas loin parce qu’il y a des choses intéressantes qu’on fait sur des périodes de jeu. Autant on peut dire qu’on est très loin car sur des matches comme ça, il y a des erreurs qu’on ne doit pas commettre. On en a fait, on les a payées.

‘’Il y a beaucoup de choses à changer’’

Je ne suis pas abattu. Je suis arrivé ici en juillet 2013 et on était en National 2. Aujourd’hui (samedi), on était tout proche de faire partie des 16 meilleures équipes africaines. Le meilleur a gagné. Il faut l’admettre quand l’adversaire vous bat deux fois. Ce qui ne veut pas dire que demain, on ne va pas conserver de l’ambition dans ce qu’on fait. Il y a plein de choses à apprendre. Tout le monde va être déçu. J’ai vu autour de Génération Foot une mobilisation incroyable depuis 15 jours. Je remercie ceux qui nous ont soutenus : les écoles de foot, les clubs qui nous ont envoyé des messages. De même que les gens du stade qui ont tout fait pour qu’il soit dans un meilleur état. Ils ont beaucoup travaillé. Merci à toutes les autorités qui nous ont soutenus ! Ça doit servir à tout le monde l’exemple qu’on a eu aujourd’hui. Qu’est-ce qui manque à notre football pour aller un peu plus loin ? On avance bien. Mais il faut un peu plus d’organisation, de terrains. Dans le jeu, il y aussi des choses à analyser pour le football sénégalais, pas que pour Génération Foot. Il faut que notre football aille beaucoup plus vite, soit plus puissant, qu’il y ait moins de joueurs qui se couchent tous les week-ends sur le terrain, avec plus d’intensité. Vous avez vu aujourd’hui, ce n’est pas un match de Ligue 1 sénégalaise. Si on veut avoir des représentants en coupes d’Afrique, il y a beaucoup de choses à changer. C’est bien de susciter de l’espoir mais il ne faudrait pas que cela soit un petit feu de flamme. On ne va pas s’arrêter là. Même si les joueurs sont très déçus aujourd’hui.

 ‘’On n’était pas à 100% de nos possibilités’’

Aujourd’hui, j’ai beaucoup forcé. Ismaïla Simpara a joué avec une infiltration. Il était blessé. Hier soir (vendredi), il ne marchait même pas. De même que Jarju. C’était comme une finale, ce match. Il fallait mettre des joueurs. Je ne l’aurais jamais fait sur un autre match. On n’était pas à 100% de nos possibilités. On doit remettre tout le monde dans le championnat. Il ne faut surtout pas lâcher. On va essayer d’avoir une vision sur quatre semaines dans le calendrier. Ce qui va être compliqué. Les deux prochains matches (barrages Coupe de la Caf), c’est au mois d’avril. On est tout près. On a trois matches de retard, bientôt quatre. Je ne sais pas comment on va faire. On a trois Gambiens qui vont partir en sélection. Je ne peux pas jouer tous les deux jours et aller en Coupe Caf. Si on veut qu’une équipe sénégalaise se qualifie, il faudra revoir le calendrier dans le mois qui vient et jusqu’à la fin de la saison. Il nous reste 23 matches minimum avant le 6 juin. C’est impossible.’’

Victor Zvunka (coach Horoya AC)

‘’On a souffert plus à la maison que ce soir’’

‘’J’étais venu avec l’intention d’essayer de marquer rapidement un but. Après le 2-1 du match aller, Génération Foot pouvait se qualifier en marquant un but. Il fallait à tout moment marquer un but pour essayer de mettre un peu plus de pression sur l’adversaire. On a pu le faire en milieu de la première mi-temps. Ce qui nous a soulagés et nous a permis d’aller de l’avant. On a avait le vent avec en plus. On a été bien dans le match sur cette première période.

Au retour des vestiaires, c’est sûr que l’adversaire était obligé de prendre plus de risques pour revenir au score. On a bien souffert pendant plus d’une demi-heure. Ce n’est pas consciemment qu’on a reculé. C’est Génération Foot qui nous y a obligés parce qu’il voulait égaliser. Je connaissais les qualités de cette équipe avec des joueurs qui vont vite. Moins il y avait d’espace, plus il y a de balles aériennes qui vont arriver rapidement chez Khadim (Ndiaye).

L’avantage qu’on avait, c’est qu’il y a eu beaucoup de balles aériennes, jouées dans nos 20 derniers mètres. On a très souvent gagné les duels. Ce qui nous a permis de sauvegarder nos buts. Les deux ou trois arrêts que Khadim a pu faire ont un peu soulagé l’équipe. Les deux remplaçants ont amené un peu plus de fraîcheur. Ce qui nous a permis de marquer le 2e  but et de finir le match le plus tranquillement du monde. Le match d’aujourd’hui a été plus facile pour nous. En première mi-temps, on a été un bloc d’équipe assez important avec un gros pressing. Ce qui les a empêchés de développer leur jeu.

Nous avons récupéré les ballons et aller en contre-attaque. Quand je regarde l’ensemble des deux matches, on a souffert plus à la maison que ce soir. On a réussi notre premier objectif qui est d’aller à la phase de poules. Quand on participe à une compétition africaine aussi importante, l’ambition est d’aller le plus loin possible. On va attendre le tirage et on verra après.’’ 

PAR LOUIS GEORGES DIATTA

Section: