Publié le 8 Nov 2012 - 11:07
PASSATION DE SERVICE AU MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES

«ABC» refuse la polémique et restaure ses vérités

 

 

Très attendue, la passation de service entre Mankeur Ndiaye et Me Alioune Badara Cissé n'a pas fait de vagues. Une cérémonie empreinte de dignité s'est tenue hier au Ministère des Affaires étrangères. Si Me ABC a tenu à présenter les preuves orales de son «innocence» par rapport à certaines accusations, son successeur en a profité pour rappeler le principe de base selon lequel la politique étrangère n'est pas un domaine partagé de pouvoir, mais un domaine réservé au seul président de la République.

 

Alors qu’on épiait de près sa réaction suite à son limogeage du gouvernement, Alioune Badara Cissé, désormais ex-ministre des Affaires étrangères, s’est voulu clair, hier. «Je ne serai plus jamais là où certains m’attendaient (….)Je ne peux plus être cette bouche-là par laquelle l’opprobre pourrait être jeté. C’est banni !».

 

«ABC» a donc évité toute «polémique et diatribe» lors de la cérémonie de passation de service entre lui et son successeur, le diplomate de carrière Mankeur Ndiaye, ex-ambassadeur du Sénégal à Paris. Toutefois, l’ancien chef de la diplomatie sénégalaise n'a pas résisté à l'envie de faire quelque précision par rapport aux critiques dont il a fait l’objet avant et après son limogeage du premier gouvernement de Macky Sall. Notamment ses «voyages incessants» à l’étranger. «Je n’ai jamais quitté le pays sans que les autorités compétentes ne soient informées, affirme-t-il. Avant que je ne quitte, j’ai besoin d’un ordre de mission signé du secrétaire général du gouvernement sur délégation de signature du Premier ministre.» Mieux, a poursuivi Me Cissé, «je n’ai jamais quitté ce pays sans qu’un décret d’intérim ne soit pris pour désigner celui qui gérera la maison pendant mon absence. Et ce décret est conjointement signé par le président de la République et le Premier ministre», indique-t-il. Et contrairement à ce qui a été dit, l'ex-ministre estime que ses déplacements en valaient bien la peine. «Il fallait être présent partout où la pancarte Sénégal était apposée quelque part dans le monde» afin de «réviser la position diplomatique du Sénégal.»

 

Ces précisions faites, Alioune Badara Cissé, après s'être défini comme un «chef de guerre sorti du maquis», s'est tourné vers son successeur pour lui prodiguer conseils. «Vous avez l’obligation de faire flotter le drapeau et le flambeau de la diplomatie. C’est votre corps. Vous n’avez pas d’autre choix que ce je vous ai dit, sinon les anciens ambassadeurs ne se laisseraient pas faire», a-t-il lancé.

 

Les leçons de diplomatie de Mankeur

Mais le nouveau chef de la diplomatie sénégalaise, qui est un homme du sérail pour y avoir passé plus de 20 ans, ne semble pas se faire du souci. Mankeur Ndiaye dit compter sur le soutien de ses collègues du ministère pour réussir sa mission. «Je sais que les attentes sont fortes, la mission délicate, les responsabilités écrasantes. C'est pourquoi je compte sur vos prières pour répondre aux attentes du chef de l’Etat.» Comme s’il recadrait son prédécesseur qu’on avait accusé d’avoir pris trop de liberté sur les prérogatives régaliennes du président de la République, l’ancien ambassadeur du Sénégal en France rappelle une règle de base. A savoir que «la diplomatie n’est pas un domaine partagé, mais réservé» du chef de l’Etat. «C’est lui seul et personne d’autre qui a compétence constitutionnelle de définir la politique étrangère du pays.

 

C’est lui seul qui peut définir les orientations et les axes de notre politique étrangère», indique-t-il. Ceux-ci reposent sur une «diplomatie d’influence, de qualité, de bon voisinage, de paix» car, «le Sénégal a un rôle extrêmement important à jouer» dans un contexte d‘instabilité sous-régionale lourde de menaces en tous genres. Mais surtout, a ajouté Mankeur Ndiaye, il y a nécessité de mettre en place «une diplomatie de consensus» en mesure de réunir les «Sénégalais de tout bord». Ce travail se fera avec le personnel du Ministère des Affaires étrangères, en particulier avec les 600 agents éparpillés dans les missions diplomatiques et consulaires.

 

L’émotion aura été forte. Des proches et amis du ministre sortant comme ceux de son successeur ont tenus à être présents à cette cérémonie qui a finalement eu lieu après avoir reportée de 24 heures. En dépit de la chaleur suffocante qui a prévalu dans cette salle du Ministère des Affaires étrangères. A la fin de la cérémonie, «ABC» a quitté les lieux sans s'y attarder, emmitouflé dans un boubou immaculé, à bord d'un véhicule 4x4 de marque américaine et dont il tenait lui-même le volant...

 

DAOUDA GBAYA

 

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