Publié le 27 May 2024 - 14:31
ITW - SATOU BAMBY (ARTISTE-MUSICIENNE)

"Je veux être dans les annales comme Youssou Ndour et Coumba Gawlo"

 

Connue du grand public grâce à ses reprises réussies de musique de divers horizons, Satou Bamby propose désormais des compositions originales. Jeune, talentueuse et audacieuse, celle qui se faisait appeler Bamby Na Bamby est capable de chanter dans plusieurs styles, du jazz à l'afro-pop en passant par l'acoustique ou le mbalax. Déployant ses ailes, elle décide aujourd'hui d’évoluer dans les musiques actuelles. C’est ce que l’on découvre dans son premier EP de six titres qu’elle vient de sortir. Elle se proclame héritière de Héli et Yôyo et propose des morceaux solides, loin des productions éphémères. Sa volonté est d’être dans les annales. Se positionnant comme une voix des sans-voix, elle aborde des thèmes intéressants comme celui de l’environnement. Rencontrée au Hub Artiste du Danu sis à Ouakam, "le cinquième élément" nous parle, entre autres, de cet EP (extended play, en anglais) et de son parcours. Entretien!

Satou Bamby, pourquoi avez-vous choisi ce nom?

Je m’appelle Aïssatou Bamby Sy. Satou Bamby, c’est mon nom d’artiste parce que Satou est le diminutif d’Aïssatou. Je cherchais un nom vraiment original, captivant et facile à retenir. Donc, on n’a pas cherché loin.

Vous avez sorti votre EP ce samedi. En prélude, vous avez publié un très beau clip vidéo dans lequel on sent votre maturité…

Ce n’est plus la Bamby Na Bamby (son ancien nom d’artiste), mais vraiment la Satou Bamby qui parle. C’est la maturité, comme vous l’avez bien dit. Je suis cette artiste qui a grandi, qui était en quête d'originalité, à la recherche de quelque chose qui lui ressemble.

Cet EP a une portée écologique. Dans "Gouddi", il y a deux aspects : l’aspect spirituel de la nuit dans la société africaine, ou le mysticisme, et l'aspect écologique, où la nuit représente un chaos écologique, une crise. Le message est profond. Il s’agit de conscientiser l’humain par rapport à son rapport avec le vivant (les êtres, la nature, et les choses). Il faut que l’Homme retourne aux sources.

L’EP est homonyme. Pourquoi porte-t-il votre nom? Et quels sont les titres qu’on y retrouve?

L’EP est éponyme. Il porte le nom de l’artiste : Satou Bamby. Je représente le cinquième élément. Nous avons quatre éléments, mais moi, je suis venue et me suis imposée en tant que cinquième élément qui rassemble tout (les quatre éléments sont : le feu, l’eau, l’air, la terre). C’est un EP de six titres. Il y a "Le conte" (l’histoire de la pièce de théâtre que j’ai réalisée. Toutes les idées sont sorties de cette pièce de théâtre. Je l’ai refait en conte). On peut aussi citer les titres "Gouddi", "Mame Yalla", et "Machinizé" (en rapport avec les nouvelles technologies). Il y a aussi, et surtout, le titre "Satou Bamby" où je fais mon propre éloge comme le cinquième élément. J’y évoque que je suis venue hériter de Héli et Yôyo, qui renvoient à Adam et Ève dans la cosmogonie peule. Et le son "Héli et Yôyo" fait des éloges à ces ancêtres et parle de mon arrivée en tant qu'artiste, cinquième élément venant reprendre tout ce que ces arrière-grands-parents avaient laissé. C’est moi qui ai la charge de Héli et Yôyo. Il y a six titres, en somme.

On parlait tout à l’heure de maturité. Voulez-vous dire que vous avez tracé votre voie et que vous comptez prendre votre place dans la scène musicale?

Oui, je suis de ceux qui pensent qu’un artiste est toujours en quête de nouveauté. Personnellement, j’ai toujours envie de découvrir de nouvelles choses. Il y a cette recherche, cette envie de changer, de se départir de tout ce qu’on a eu à faire.

Vous êtes connue grâce aux reprises que vous faisiez…

Au début, je faisais énormément de reprises. Ces reprises-là font partie de moi aussi. Beaucoup de gens m’ont connue à travers ça. Et ça m’a aidée en tant que musicienne parce que j’ai une polyvalence qui me permet de servir dans différents styles. Cette polyvalence musicale se manifeste pleinement. Aujourd'hui, lorsque je joue du jazz, celui qui m'écoute peut avoir l'impression que je le pratique depuis très longtemps. De même, lorsque je m'adonne à la musique traditionnelle sénégalaise ou à celle de l'Afrique centrale, c'est la même sensation. Il y a cette pluridisciplinarité, cette diversité en moi. Et tout ça, c’est grâce à ces reprises de plusieurs musiques : américaine, espagnole, d’Afrique Centrale, etc. Je ne laisse rien.

Quelles sont les reprises qui ont eu le plus de succès?

Je dirais "Sargal Djiguen" qui a eu beaucoup de succès. Il y a même des artistes qui m’ont appelée pour me féliciter par rapport à ça.

Avez-vous été appelée par votre ancien producteur grâce à cette chanson?

Non, c’était bien avant puisque "Sargal Djiguen" c'est lui qui l’a produite. On ne voulait pas juste venir sur la scène pour sortir un single. Il voulait que je vienne d’une manière différente et m’impose. Déjà, j’arrive dans un milieu où j’ai trouvé des femmes qui font de magnifiques choses. Donc, c’était une manière pour moi de montrer le beau travail qu’elles font. C’était une fierté pour moi et un beau challenge.

Pour la première fois que vous êtes montée sur scène, vous avez fait une entrée spectaculaire et une belle prestation. C’était lors d’un concert de Wally Seck. Qu’avez-vous ressenti?

La première fois que je suis montée sur une grande scène, c’était effectivement pendant ce concert de Wally Seck. Ce n’était pas la personne de Wally Seck en tant que telle, mais le challenge : moi, devant des milliers de personnes. Je ne peux même pas compter le nombre de personnes qu’il y avait ce jour-là. Pour quelqu'un qui était très timide, qui ne s’assumait même pas totalement, être là devant des milliers de personnes c’était, pour moi, un premier pas réussi. À ce moment-là, j'étais fière de moi. C'était le début de quelque chose de grand. C'est à ce moment-là que j'ai su ce que je voulais vraiment faire.

Maintenant que vous avez tracé votre voie, vous surfez dans les musiques actuelles. Pourquoi ce choix?

J’étais en quête d’originalité, comme j’ai eu à le dire. Je recherchais quelque chose de différent. Actuellement, tout le monde fait la même chose. Les gens font de la musique pour un laps de temps, mais moi ce n’est pas ce que je veux. Je veux être dans les annales comme Youssou Ndour et Coumba Gawlo. Oui ! Hormis la dimension ludique, je veux aussi faire de la musique pour sensibiliser les gens. À un moment donné, il faut se poser et parler des choses importantes. Et dire les choses telles qu’elles sont parce que nous sommes la voix du peuple.

Il ne faut pas juste être là pour faire danser. Quand il faut parler des préoccupations de la société, il faut le faire. Et on ne doit jamais nous enlever cette force-là. Moi, c’est ce que j'ai compris. Je me demandais quel chemin je veux emprunter. Est-ce seulement pour plaire aux autres, être belle, faire des petits spectacles ? Est-ce ce que je veux transmettre à mes descendants ou à ceux qui viendront après moi ? Non ! Je me suis dit que je veux agir pour ma société. Je veux faire quelque chose de bien qui soit utile. L'objectif est que quiconque écoute "Gouddi" sera égayé, mais surtout que le message profond soit entendu. Donc, utiliser son art à bon escient, c’est important. Quand tu as cette force-là, ta voix, il faut faire des choses bien. C’est un choix personnel, et j’ai fait le bon choix.

Qu’est-ce que vous faites à vos heures perdues?

J’ai fait des études en Science politique et Relations internationales à l’ISM pendant trois ans. J’ai obtenu ma licence il y a deux ans. Après, j’ai fait une pause pour me concentrer sur la musique. C’est un choix personnel. Vu que c’est ce que je veux, il fallait que je fasse une pause. Cela reste un défi. De plus, j'avais le soutien de mes parents. Ils ne m’ont vraiment pas compliqué les choses ; au contraire, ils m'encouragent toujours dans ce que je fais. Donc, ça a été facile pour moi. Cette année, j’ai décidé de reprendre les cours. Actuellement, je suis étudiante. Je fais un master en Marketing et communication à Ensup-Afrique. À mes heures perdues, je suis ici (Hub Artiste du Danu). Je gère la communication du label avec le collectif.

BABACAR SY SEYE

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