Publié le 23 Oct 2020 - 23:53
REINSERTION SOCIALE DES DETENUS

La Mac de Bambey de plain-pied

 

Chaque personne naît citoyen. Par conséquent, si la prison doit être pensée comme une sanction nécessaire, elle ne doit pas, pour autant, détacher les détenus des autres citoyens, puisqu'ils seront amenés à se retrouver.  Ainsi, il est de l'intérêt de tous de préparer cette sortie et de faire en sorte que chaque détention soit gérée de manière à faciliter la réintégration dans la société libre des personnes privées de liberté.

 

Jadis lieu de passage vers le châtiment, symbole de rupture entre l'homme et la cité, la prison nécessite aujourd'hui le maintien du lien vital qui unit ces hommes à la cité. Du fait de la transgression des règles établies par le délit ou le crime, la prison représente un point de rupture certaine. Rupture entre la société et les sujets dont elle est composée, rupture du contrat social, rupture de l'expression d'une citoyenneté réelle. Elle brise le délinquant sans lui donner les clés de la réinsertion.

La question de l'insertion-réinsertion des détenus reste une problématique majeure pour l'Administration pénitentiaire.  A la Maison d’arrêt et de correction (Mac) de Bambey, elle est en passe d’être réussie. Et pour cause, des détenus sont initiés aux métiers de l’agriculture, de l’embouche-bovine. Le lieutenant Moussa Dièye, Directeur de la Mac, confie : ‘’Ce champ entre dans la réinsertion sociale des détenus. La réinsertion sociale n’est pas facile. Nous préparons les détenus. Il y a une vingtaine de détenus qui sont employés dans ce champ. Ils ont travaillé d’arrache-pied pendant trois à quatre mois.

L’objectif principal, c’est que les détenus aient une activité rémunératrice. Nous sommes dans le champ pénitentiaire agricole de la Mac de Bambey pour assister à la récolte de l’arachide. Ce projet a été initié le 5 juillet 2020, avec l’appui du CNRA qui nous a octroyé ces terres pour les besoins de l’agriculture. On a pu semer sur 2,5 ha de l’arachide, sur 2,5 ha du mil, du sorgho et du gombo. L’arachide sera commercialisée ; une partie va revenir aux détenus, une partie à la Mac pour financer d’autres projets de réinsertion sociale.’’

 Ces derniers sont le maraichage, le jardinage, l’aviculture avec 500 poulets pour la population et l’université, l’embouche bovine, entre autres. Pour permettre aux détenus de s’insérer dans la vie active, après avoir purgé leur peine, l’Administration pénitentiaire a prévu des formations dans les métiers de  l’aviculture, la couture, la boulangerie, la conduite auto.  D’ailleurs, une circulaire a été envoyée en ce sens aux directeurs des maisons d’arrêt et de correction afin qu’ils listent les besoins de formation des pensionnaires des établissements pénitentiaires.   Invité à venir assister à la récolte de l’arachide, le président de l’AERD (Association pour la réinsertion des détenus) Ibrahima Sall, s’est réjoui de l’expérience de Bambey.  Il a dit être surpris de l’hygiène et de la salubrité des locaux de l’établissement pénitentiaire. Il a annoncé la mise en place prochaine, par l’Etat du Sénégal, de maisons d’accueil, de survie et d’orientation des détenus.

Boucar Aliou Diallo

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