Publié le 8 Jun 2023 - 14:16
REPORTAGE AUX PARCELLES-ASSAINIES

Un retour timide des activités

 

Après les heurts, l'accalmie. Une atmosphère favorable à un retour des activités aux Parcelles-Assainies, une des localités les plus touchées par les récentes émeutes. Dans ce quartier populaire de Dakar, les petits commerces ainsi que le transport se sont remis sur les rails.

 

Parmi les zones les plus affectées par les manifestations de ce début de mois, celle des Parcelles-Assainies occupe une vraie place de choix. Des allées du marché Dior au croisement de l'Unité 22, en passant par le rond-point Case Ba, les séquelles des échauffourées restent encore bien visibles. Des traces de pneus brûlés jonchent encore certaines parties du trottoir, des amoncellements d'ordures accompagnés d'une odeur fétide qui titille les narines et les voitures calcinées viennent s'insérer dans le décor.

Mais dans ce "chaos" apparent, certains ont pris leur courage à deux mains pour vaquer à leurs occupations, comme à l'accoutumée. Cette trêve forcée n'a que trop duré pour ces travailleurs qui, pour la plupart, sont dans l'auto-emploi.

Ici, au grand marché de Dior, juste en face de l'école privée du même nom, les commentaires fusent. Les clients marquent leur présence, mais ce n'est pas encore le grand rush et rares sont les cosmétiques qui n'ont pas encore rouvert. Mais c'est déjà là le signe d'un espace commercial qui reprend du poil de la bête, après trois jours assez compliqués.

"Cette fin de semaine a été pénible pour nous. Nous avons dû serrer la ceinture pour nous en sortir. Quand on évolue dans l'informel, rester deux à trois jours sans activité n'est pas l'idéal. Nous vivons au jour le jour. Maintenant, c'est l'accalmie, mais nous osons espérer que la situation sera pérenne et que les acteurs concernés dans cette affaire trouveront un terrain d'entente pour le bien de tous", laisse entendre Khadim, gérant d'un magasin cosmétique.

Tout en reconnaissant aux protestataires leur droit à la manifestation, le commerçant désapprouve leur approche de la "terre brûlée". Car il craint que les pots cassés soient imputés au citoyen lambda. "Manifester reste un droit fondamental, garanti même par la Constitution, si je ne m'abuse. Mais cet acte citoyen a été complètement dénaturé, entre le jeudi, vendredi et samedi derniers. On peut brûler des pneus, barrer la circulation à la limite, mais ne pas s'en prendre aux biens d'autrui. Des banques, magasins, voitures, etc., tout a été saccagé. Les dégâts sont énormes. Et cette facture très salée, c'est le contribuable qui va la payer à un prix fort'’.

 

Le marché Dior est moins bruyant que d'habitude

 

Cette ‘’résurrection’’ du marché Dior est aussi marquée par le retour de la clientèle, sans qui les commerçants auraient sans doute prolongé leurs ‘’vacances’’. Jean bleu ciel déchiré entre les mains, Astou, en plein marchandage pour acquérir le produit qu'elle tient, était sans doute pressée de retrouver son jardin. "J'avais prévu de faire cet achat ce week-end, mais les malheureux événements sont passés par là. Je me réjouis de ce retour au calme. Car, ici à Dior, les articles vendus sont accessibles aux bourses les plus modestes. Si les commerçants sont obligés de mettre la clé sous le paillasson pour des raisons sécuritaires, les clients sont aussi très touchés. Nous espérons qu'une issue heureuse à cette crise sera rapidement trouvée. Nous avons besoin de retrouver notre quiétude, car sans sécurité, point d'activités économiques, donc point de vendeurs, encore moins d'acheteurs", commente la Parcelloise.

Au rond-point Case Ba, les vendeuses de légumes, conducteurs de moto "tiak-tiak" ont aussi réinvesti les chantiers du Bus Rapid Transit (BRT). Ici, les réactions sont unanimes : on apprécie ce retour à la normale. Au milieu de ses tas de carottes, aubergines, ignames et autres légumineuses, Aminata, malgré la canicule à ce moment de la journée et la poussière, ne retient juste qu’une chose : la reprise de son commerce. "Ces deux à trois derniers jours, toutes nos activités ont été à l'arrêt. Cela s'est forcément ressenti dans le panier de la ménagère. On en a souffert, pour tout vous dire. Même si les conditions sont encore un peu difficiles, nous sommes obligés de reprendre nos activités", explique la commerçante.

Moins nombreux que d'habitude, les conducteurs de moto ‘’tiak-tiak’’ ont aussi regagné leur lieu de stationnement, à quelques encablures du pont du BRT qui surplombe le rond-point Case Ba, ainsi que banques, commerces et autres services qui essaient, petit à petit, de se régénérer.

Toujours est-il que les activités reprennent tant bien que mal leur cours normal dans cette commune, à l'image des autres zones du département de Dakar.

 Cependant, pour un retour effectif aux habitudes, c'est-à-dire marchés bondés et embouteillages monstres notamment, il faudra encore patienter au moins une semaine.

Mamadou Diop

 

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