Publié le 13 Jun 2019 - 16:00
RESULTATS D’AMMA 2050

Risques de sécheresse au Sénégal

 

 

Les résultats du projet Analyse multidisciplinaire de la mousson africaine 2050 (Amma 2050) ont été présentés, hier, devant les députés membres du Refes. Les résultats sont ‘’préoccupants‘’.

 

Les impacts du changement climatique au Sénégal, à l’horizon 2050, sont ‘’préoccupants’’, selon les résultats présentés hier par Amma 2050. Mbaye Diop, Secrétaire général et chercheur à l’Institut sénégalais de recherche agricole (Isra) explique : ‘’Les résultats sont préoccupants. Ça nécessite qu’on en prenne compte, pour ne pas être surpris demain.’’

En effet, même si les projections climatiques montrent que la pluviométrie sera caractérisée par des incertitudes majeures en Afrique de l’Ouest, le consortium Amma 2050 a découvert que le Sénégal risque de subir de futures baisses des pluies, avec une incidence sur les performances du secteur agricole.

Les résultats de l’enquête montrent que les impacts se manifesteront par une augmentation de la température, un déficit pluviométrique, pis, un risque de sécheresse. Selon, Arona Diedhiou, Directeur de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (Ird) ‘’le résultat principal est une baisse des pluies et une sécheresse de plus en plus longue au Sénégal. Vers les pays comme le Nigeria et le Burkina Faso, on devrait s’attendre à ce qu’il y est plus de pluies et donc évidemment plus de risques d’inondation dans les décennies à venir’’.

De telles informations méritent, selon les experts, d’être intégrées dans les processus de planification des politiques publiques. Puisque les impacts se ressentiront dans le domaine agricole. Au niveau de l’Isra, des études sur les variétés de semences à produire, d’ici 2050, sont en train d’être effectuées.

‘’Les résultats de Amma 2050 poussent à agir, à réfléchir à quelles variétés mettre pour demain. Quel modèle d’agriculture mettre en place’’, précise M. Diedhiou.

Le chercheur Mbaye Diop, Secrétaire général de l’Isra, assure que le travail est centré sur deux axes. Il y a ‘’l’amélioration de l’adaptation variétale. On a des sélectionneurs sur les différents types de culture : le maïs, le mil, l’arachide, le niébé. Pour le riz, nous avons travaillé à intégrer ce risque de sécheresse. Et l’augmentation des séquences de sécheresse pendant la saison au niveau de la physiologie des variétés qui sont cultivées pour qu’elles soient plus résilientes par rapport à ce qui est prévu par la communauté des scientifiques du climat’’. Aussi, trois variétés de sorgho qui peuvent être cultivées dans la zone du bassin nord ont été sélectionnées.

‘’On a travaillé sur les légumineuses, en sélectionnant, en 2016-2017, dix variétés d’arachide, en tenant compte de la sécheresse, de l’allongement de la pluie à la fin de la saison des pluies. Il arrive qu’il continue à pleuvoir, alors qu’il y a des risques sur l’arachide’’, indique M. Diop.

Ainsi, les impacts négatifs du changement climatique sur l’agriculture sont si évidents qu’ils ne peuvent être négligés. Aussi, le Sénégal devrait, à l’horizon 2050, s’adapter à de nouvelles exigences, concernant l’aménagement de son réseau d’assainissement.  Car un autre résultat du projet montre que les courbes pour les aménagements des réseaux d’assainissement en milieu urbain sont caduques. ‘’C’est des courbes qui datent des années 60. Or, le climat a changé. Un autre résultat du projet, c’est de mettre en place de nouvelles cartes de courbe depuis la fréquence qui va aider les ingénieurs à construire de nouveaux réseaux d’assainissement et diminuer les risques d’inondation’’, soutient M. Diedhiou.

Les députés membres du Réseau des parlementaires pour l’environnement au Sénégal (Repes) se disent préoccupés par les résultats de cette enquête, surtout que la politique de l’Etat est d’atteindre l’autosuffisance en riz. Raison pour laquelle le député Samba Demba Ndiaye et ses collègues comptent attirer l’attention de l’Etat sur ces faits, afin qu’ils voient dans quel sens les résultats de ces recherches-là pourront être intégrés dans les futures prises de décision. ‘’Il est bon de connaitre tout ce qui se passe dans l’agriculture et en relation avec le changement climatique. La température va augmenter, d’ici 2050. Surtout, la température du sol va atteindre les 60 degrés. Il va falloir penser à une variété de culture qui pourra s’adapter avec le sol. Avec une bonne partie de ce riz-là qui est cultivé sur les plateaux. A long terme, cette culture du riz ne pourra plus s’adapter à ce sol’’, analyse le parlementaire.

D’après lui, ‘’ce sera le rôle des chercheurs de voir si ce riz pourra s’adapter. Au cas où il ne pourra pas s’adapter, les études de Amma montrent que le mil résiste. Est-ce que la politique de l’Etat ne va pas se réorienter vers la culture du mil sur les plateaux, en conservant la culture du riz dans les bassins et dans les cultures irriguées ?‘’.

KHADY NDOYE (MBOUR)

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