Publié le 17 Jun 2022 - 23:54
SAINT-LOUIS : GESTION DES STRUCTURES D’ACCUEIL DES ENFANTS

La misère des enfants en situation difficile ‘’transformée’’ en business  

 

Les structures d’accueil pour enfants en situation difficile poussent comme des champignons dans la capitale du Nord. D’ailleurs, il est quasi impossible de donner le nombre exact de centres dans la vieille cité. Plusieurs jeunes, souvent chômeurs,  sans aucune compétence ou  expérience professionnelle,  ont investi le milieu d’assistance et d’accompagnement des enfants en situation difficile. Pour bon nombre d’observateurs, le sort des enfants-talibés est devenu un véritable business pour des sans scrupules. 

 

 Malgré la multiplication des structures d’accueil, les enfants en situation difficile et les  talibés  continuent toujours de vivre le calvaire. Ce qui explique que les fonds et appuis en nature collectés souvent de l’extérieur sont  détournés et n’ont pas servi à grand-chose dans la lutte contre la mendicité et la rééducation des enfants. Pourtant, l’idéal serait que les  responsables  des centres d’accueil  fassent de la  récupération auprès des services spécialisés qui abattent un bon travail sans beaucoup de moyens. 

‘’Les structures spécialisées dans la rééducation des enfants en situation difficile ou des talibés sont handicapées par le manque de  moyens. Nous déployons d’énormes efforts dans les gares routières, les marchés et autres lieux  pour tirer les talibés de leur situation et les éloigner des dangers auxquels ils sont exposés’’, a expliqué  un  agent spécialisé. Selon lui,  la mutualisation des forces  entre leur  service et les centres d’accueil  devait être d’un grand apport aux  talibés et autres enfants en situation difficile. Malheureusement,   l’écrasante partie des responsables des centres d’accueil ne sont obnubilés  que par ce qu’ils obtiennent des partenaires. Aucun parmi ces responsables, a dénoncé M. Niang,  ne peut fournir  exactement le nombre d’enfants sauvés des affres de la rue et remis aux  parents, parce que tout simplement,  leur problème est ailleurs. Des  responsables  de centre d’accueil utilisent la vulnérabilité des enfants en situation difficile pour  tisser des relations d’affaires avec des partenaires européens. Avec le développement des Tic,  ils utilisent les enfants comme appât pour capter des fonds  à des fins personnelles, en les filmant ou les photographiant dans des situations dramatiques. Des photos et vidéos qu’ils postent sur le Net pour toucher la sensibilité d’éventuels partenaires étrangers, surtout européens.

Des simulacres de cérémonies pour arnaquer les partenaires

Avec le respect que les pays occidentaux accordent aux  droits de l’enfant, des associations d’assistance étrangères réagissent pour nouer des relations de partenariat. Une collaboration qui se matérialise souvent par des dons en nature ou en espèces pour la prise en charge des enfants en situation difficile et des talibés. Malheureusement, les donations n’arrivent jamais ou très rarement aux véritables destinataires.

Ainsi, pour leurrer les partenaires, certains   responsables  de centre d’accueil organisent des simulacres de cérémonies de remises de dons ou de vivres, avec la complicité des marabouts et grands pourvoyeurs  des talibés de la rue.   Dans différentes structures d’accueil de Saint-Louis, tout est  géré de manière  informelle, parce que ces structures sont majoritairement animées par des bandes de copains qui font du business pur et dur sur le dos des talibés et enfants en situation difficile.

Dans ces ‘’fausses’’ structures, il  n’y a pratiquement pas d’administration et la comptabilité est gérée informellement, pour permettre de faire  des contrôles.

Du côté des populations de la capitale du Nord, elles ont fini de mettre en doute la capacité des structures d’accueil à améliorer efficacement les dures conditions de vie des enfants-talibés. C’est pourquoi leur régularisation est réclamée partout pour séparer la bonne graine et l'ivraie. ‘’Il existe des centres d’accueil de référence à Saint-Louis qui font un excellent job pour aider et récupérer les enfants en situation difficile.  Mais l’État ne peut plus se détourner de la question, puisque l’heure est grave. Il doit sévir pour assainir  le milieu qui est devenu un secteur de business pour des sans scrupules  qui sucent le sang de pauvres mômes innocents. Le gouvernement ne doit plus permettre que des individus agissent dans l’informel et le flou total pour bénéficier des fonds de l’extérieur. Ils prennent tout, la célébration de la Journée nationale du talibé, de l’enfant africain  pour organiser des manifestations folkloriques en faisant des dons de vivres et de détergents dans les daraas’’, a tonné Mame Madeleine Diop, ‘’Badiène Gox’’ à Pikine.  

IBRAHIMA BOCAR  SENE SAINT-LOUIS

 

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