Publié le 11 Feb 2021 - 01:41
SALONS DE MASSAGE - LIEUX DE SOIN OU DE PLAISIR ?

Les professionnels se confient

 

Lieux dédiés aux soins et à l’entretien du corps, les instituts de beauté et salons de massage à Dakar proposent différents services. Qui vont de la prestation simple à la prestation complète et dépendent de la poche du client. Le contexte de pandémie impacte le business. Reportage.

 

C’est sur toutes les lèvres et à la une des médias sénégalais. L’affaire Ousmane Sonko et la masseuse professionnelle Adji Sarr continue d’alimenter les débats et susciter de nombreuses interrogations sur la pratique réelle dans certains instituts de beauté et salons de massage. Ces lieux doivent être tenus par des gens qui ont reçu une formation en esthétique ou kinésithérapie. Aujourd’hui, ils pullulent dans la capitale sénégalaise, en atteste les nombreuses publicités sur les réseaux sociaux. C’est à se demander, s’il y a une législation entourant cette activité.  Ce qui est sûr, c’est qu’il y a des desseins inavoués derrière l’ouverture de certains salons de massage.

« Même si cette activité a longtemps été la chasse gardée des prostituées masseuses, il est nécessaire de distinguer les professionnelles des clandestins », précise d’emblée Rokhaya Sylla, une masseuse au salon « Fleurs de soin » situé à Fass. La femme âgée de 35 ans informe qu’elle utilise des techniques de la kinésithérapie, une discipline paramédicale, pour rendre en forme le client. « Nous utilisons des techniques pour activer les muscles, soit avec la main ou avec des appareils électroniques. Nous respectons notre métier, mais les réseaux sociaux ont changé la donne et nous pouvons plus parler de massothérapie dans certains salon », ajoute-t-elle, avec dépit et plutôt caustique.

A ‘’Kaay niou masser la’’, un centre situé à Liberté 1, on se dit également professionnel. « Nous avons des massages pour les sportifs, les femmes enceintes, des massages californiens, taiwanais, et brésiliens », indique la maitresse des lieux, Astou Diop.

Cependant, l’on ne nie pas que ce secteur est infesté. Il y a des femmes qui ne sont pas des masseuses professionnelles, mais des prostituées ‘’déguisées’’. Ce sont celles qui, dit-on, proposent des séances à domicile ou chez elle. Un dicton célèbre dit : « le client est roi ». Entre images provocatrices et propositions indécentes, certains salons de massage font leur promotion avec des messages aguicheurs, comme « Salon de massage avec filles sexy » ; « massage sensuel et à domicile », sur les réseaux sociaux comme Facebook, etc.

Pour certains propriétaires de ces instituts de massage, certains images et messages ont pour but d’attirer les clients. « Ces images que nous utilisons, c’est juste pour faire de la pub et rien d’autre», confie une dame travaillant dans un salon de massage aux Mamelles. Mais elle reconnait tout de même qu’elles peuvent prêter à confusion. Certains clients ont parfois des exigences ou demandes qui ne cadrent pas avec les services de massage que son salon propose. « Il y’a certains clients qui demandent à ce qu’on couche avec eux ». Elle rajoute, « une fois, un monsieur est venu me voir pour un massage à domicile et m’a proposé 200.000F CFA pour que je couche avec lui ».

O. Diop, une ancienne masseuse, assure que la plupart des annonces publiées à travers le net ou affichées sur des murs de la ville ne sont que de la poudre aux  yeux. « Je recevais 20 mille francs CFA par client pour chaque massage. Mais avec le fameux service du massage plus, je pourrais gagner le double ou le triple, si le client désire du plaisir sexuel », ajoute mademoiselle Diop.

En effet, confirme la responsable de l’institut de beauté Pomme cannelle, sis à Ngor Almadies, Maj. Pratiquant ce métier depuis douze ans, elle explique que le manque de formation et les mauvais salaires peuvent être parmi les causes de certains dérapages constatés dans des salons de massage. « Notre institut de beauté n’emploie pas des personnes qui n’ont pas reçu de formation au préalable ». Elle ajoute, « les salaires de nos employés varient entre 150.000 F CFA et 200.000 f CFA ».

Les effets de la Covid-19

En général, les tarifs pour se masser sont compris entre 10.000 ET 50 .000 FCFA et peuvent différer selon les sociétés. Et pour le salon Sweetness se trouvant à Castor, les prix dépendent de la durée et du type de massage à huile de noix ou d’argan choisi.

Par ailleurs, la Covid-19 n’a pas aussi épargné le secteur du massage. A Dakar, presque tous les salons de soins corporels sont quasiment vides. Actuellement, dans le cadre de la lutte contre la propagation du virus, il y a des mesures strictes à respecter, en sus des gestes barrières. Beaucoup n’osent plus venir dans ces salons de massage ou le contact est inévitable. La masseuse de 27ans, Awa Sy, souligne qu’elle recevait du monde journellement pour des séances de bien-être, mais avec la pandémie, rien ne marche. ‘’Nous ne pouvons plus payer le loyer et nos travailleurs et risquons de fermer boutique», prévient-elle.

MATAR CISSE ET GRACE MOUGNALA LECKABA (STAGIAIRES)

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