Publié le 24 May 2023 - 18:23
SUSPENSION DES COURS DANS LE SUD

Les élèves en colère

 

Les inspections d’Académie de Ziguinchor et de Sédhiou ont décidé de suspendre les cours dans toutes les écoles de leur circonscription, du 19 au 25 mai 2023. Une semaine sans cours, certains élèves du Sud, contactés par "EnQuête", ne partagent pas cette décision.

 

Au lendemain des affrontements du 16 mai dernier, consécutifs au procès opposant Ousmane Sonko et Adji Sarr, les inspections d’Académie des régions de Ziguinchor et de Sédhiou avaient pris la décision de suspendre les cours dans toutes les écoles de leur circonscription, du 19 au 25 mai 2023.

Mais cette mesure est mal perçue par certains apprenants de ces deux régions. S'exprimant sous l'anonymat, une élève en classe de terminale S2 au lycée Ibou Diallo de Sédhiou, contactée par téléphone, soutient qu'elle ne savait pas au début que les cours ont été uniquement suspendus à Ziguinchor et Sédhiou. "Je croyais que la suspension des cours concernait toute l'école sénégalaise. J'étais étonnée, lorsque mes frères qui sont à Dakar m'ont fait savoir que dans les autres régions, les élèves continuent de faire cours", raconte-t-elle.

Ainsi, elle souligne que ce n'est pas normal que les autorités suspendent les enseignements-apprentissages, au moment où les élèves des autres régions du pays continuent de faire cours. "C'est de l'injustice totale. Car le jour de l'examen, nous aurons tous les mêmes épreuves. L’État ne prendra pas en compte que nous les élèves de Sédhiou et de Ziguinchor avons perdu une semaine de cours", tonne-t-elle.

Dans la foulée, martèle-t-elle, "si nous n'arrivons pas à finir notre programme comme nos autres camarades à cause de ce que les IA ont décidé à notre place, ils vont nous causer du tort".

En effet, cette élève considère qu’il est inutile de suspendre les cours à Sédhiou. Parce que, explique-t-elle, il n'y a pas beaucoup de manifestations dans cette ville calme. "Ici, les jeunes ne font pas de manifestations, car ils ont peur des forces de défense et de sécurité. Peut-être à Ziguinchor, je dirai que c'est nécessaire d'arrêter les cours, car la situation avait dégénéré là-bas", indique l'élève en terminale.

Elle pense que les professeurs ne vont pas rattraper les heures perdues, car c'est l'État qui leur a demandé d'arrêter les cours.

Embouchant la même trompette, un autre élève en classe de seconde au collège Saint Charles Lwanga de Ziguinchor soutient qu'une semaine sans cours, c'est vraiment énorme, surtout pendant cette période de préparation des compositions. "S'ils suspendent les cours au moins le jour du procès, là c'est compréhensible. Mais toute une semaine, c'est déplorable. Nous voulons vraiment qu'ils mettent fin à toutes les manifestations pour que nous puissions terminer notre programme à temps pour ne pas avoir de problèmes dans les classes supérieures", se désole-t-il.

L'avis du secrétaire national aux revendications et aux négociations collectives du Saemss

Selon Tamsir Bakhoum, les inspections d’Académie ont agi en fonction des pouvoirs subdélégataires qui leur sont donnés par le décret 2012-1276. Donc, dit-il, les actes qu'ils ont pris sont légaux, même s'ils ne seront pas sans conséquences chez les apprenants, surtout dans ce contexte de compositions et d’examens. En tant qu'acteur de l'éducation, le secrétaire national aux revendications et aux négociations collectives du Saemss, Tamsir Bakhoum, soutient qu'ils n'ont point été impliqués dans la décision de suspendre les cours dans ces académies. "Nous avons constaté cette décision comme tout le monde et au même moment que les communiqués ont été publiés sur les réseaux sociaux", dit-il.

Interrogé sur la possibilité d'organiser des cours de renforcement pour permettre aux élèves de se rattraper, M. Bakhoum déclare qu'ils n'envisagent pas de faire une telle proposition à leurs collègues enseignants. "J'ose le dire en tant que chargé des revendications, que nous n’envisageons point de dire à nos camarades de faire des renforcements dans ces académies. Nous laissons aux autorités d'assumer l'entièreté de leurs décisions", dit-il.

Dans la même veine, le syndicaliste regrette cette situation, car il aurait souhaité que l'école ne connaisse aucune perturbation, même s'ils ont déposé des revendications sur la table du gouvernement concernant le passif des accords et la convocation du Comité de suivi des accords qui ne sont pas encore pris en charge par les autorités.

FATIMA ZAHRA DIALLO (STAGIAIRE)

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