Publié le 23 Jul 2018 - 20:24
VISITE D’ETAT DU PRESIDENT CHINOIS AU SENEGAL

Un accueil à sens unique

 

Si les partisans de l’Alliance pour la République (Apr) se sont bien mobilisés pour réserver un accueil digne de ce nom au Président Xi Jinping, samedi, la communauté chinoise au Sénégal, quant à elle, a brillé par son absence à l’aéroport international Léopold Sédar Senghor (LSS).

 

La nature et le type d’accueil à réserver au Président Xi Jinping au cours de sa tournée africaine dont la première étape commence par le Sénégal ont été différemment perçus et vécus. Si beaucoup de responsables du parti présidentiel ont sonné le rappel des troupes pour la réception du successeur de Hu Jintao, la communauté chinoise présente au Sénégal a démontré, par sa faible mobilisation, que le temps du business lui est plus précieux que celui des politiques. En effet, l’arrivée du Président Xi Jinping au Sénégal n’a pas provoqué un déferlement ou du moins un déplacement automatique des commerçants chinois du boulevard Général De gaulle à l’aéroport international Léopold Sédar Senghor, samedi. 

Ces derniers étaient visiblement plus préoccupés par leurs affaires que de se rendre à l’aéroport pour voir et accueillir leur président qui, pourtant, est à sa première visite en Afrique de l’Ouest après sa réélection. Hormis quelques diplomates et officiels chinois, il n’y avait quasiment que les Sénégalais à Yoff. Pour donner un caractère grandiose et populaire à cet accueil, le ton avait été déjà donné la veille, côté sénégalais, où les autorités avaient rappelé qu’elles attachaient du prix à cette visite. ‘’Sous la houlette du ministre Oumar Guèye, le département de Rufisque mobilise 220 cars’’. Cette assurance avait été faite au cours d’une assemblée générale par le maire de la commune de Sangalkam à la permanence communale de l’Apr, jeudi dernier.

  14 heures pile à Yoff.  La circulation est ralentie par la visite du Président Xi Jinping qui crée des embouteillages intermittents. Pendant ce temps, la gendarmerie s’efforce de dégager la voie. Sous un soleil de plomb, les femmes,  sur la première ligne, esquissent des pas de danse. Accompagnées des jeunes et des tout-petits enrôlés dans une entreprise dont ils ignorent les tenants et les aboutissants, les femmes agitent des pancartes.  Des passagers dans les véhicules de transport en commun en carambolage sont irrités par ces scènes théâtrales. Ils chuchotent et s’offusquent : ‘’Sénégal dou dem ! Pourquoi sent-on la nécessité de mobiliser toute cette foule sous le chaud soleil pour l’accueil d’un seul homme.

On doit dépasser ces pratiques d’une certaine époque’’, s’indigne l’un d’entre eux. Les files d’attente étaient visibles du monticule de Ngor jusqu’à l’intérieur des grilles de l’aéroport où une foule compacte vêtue à l’effigie du parti au pouvoir arborent les drapeaux des deux pays. Le mouvement des élèves et étudiants républicains (Meer) occupent le devant de la scène. Son coordonnateur national, Moussa Sow, affirme avoir mobilisé 20 cars pour la réussite de l’évènement. A côté de ce dispositif s’ajoute la gigantesque mobilisation du maire de Yoff. Abdoulaye Diouf Sarr, par les troupes qu’il a rassemblées, a véritablement prouvé son existence politique chez lui.

Malgré toutes ces dispositions prises, des vices de protocole ont failli gâcher la fête. Le cortège du président chinois, sorti le premier, a été le seul à avoir été acclamé et ovationné. La foule qui n’a pas aperçu le président Macky Sall aux côtés de son homologue a quitté les lieux juste après le passage du convoi du président Xi Jinping.  Une dizaine de minutes plus tard, les sirènes de la gendarmerie alertent à nouveau. Le président Macky Sall apparaît dans sa voiture décapotable. D’un signe de la main, il salue le peu de gens restés encore sur place. Il a fallu qu’il sorte carrément de l’aéroport pour s’offrir un bain de foule.

MAMADOU YAYA BALDE

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