Publié le 18 Feb 2023 - 18:41
FOO - LIGA

La nouvelle génération de coachs espagnols prend le pouvoir

 

De nombreux coachs jeunes et relativement peu expérimentés cartonnent en ce moment en Liga. Focus sur ces entraîneurs qui apportent un nouveau souffle à un championnat qui en avait bien besoin.

 

L’Espagne parviendra-t-elle à sortir des jeunes de qualité pour tenter de se refaire une place dans l’élite européenne et mondiale ? On ne le saura que dans quelques années, et tout dépendra de comment évolueront les carrières de joueurs comme Pedri, Gavi ou Alejandro Baldé. En revanche, on peut avoir bien plus de certitudes concernant les bancs de touche des clubs de Liga pour la prochaine décennie. Ils devraient être bien gardés… Depuis deux ou trois ans - et la tendance se confirme clairement cette saison - on assiste à un joli renouveau des tacticiens qui exercent en Espagne.

Une nouvelle génération dans laquelle on retrouve par exemple Imanol Alguacil, dont la Real Sociedad fait partie des équipes les plus performantes et belles à voir jouer, ou Andoni Iraola, qui fait des miracles avec le Rayo Vallecano. Après un début de carrière un peu tumultueux, Jagoba Arrasate a réussi à faire d’Osasuna une des équipes les plus dures à manoeuvrer du championnat, et la septième place de l’écurie de Pampelune ne surprend plus grand monde à ce stade.

Michel, à ne pas confondre avec l’ancien de l’OM, est aussi un des entraîneurs les plus plebiscités du moment et son Girona - 11e au classement en étant promu - obtient de bons résultats en plus de pratiquer un jeu particulièrement agréable. Les Catalans sont d’ailleurs l’équipe qui se procure le plus d’occasion par match à domicile ! Si Diego Martinez a un peu plus de mal avec l’Espanyol, on peut tout de même l’inclure dans la liste, lui dont les travaux à Granada ont été colossaux. Et bien sûr, ne pas oublier un certain Xavi Hernandez… Une liste assez hétérogène dans laquelle on retrouve d’anciens joueurs pro ayant côtoyé l’élite pendant plus d’une décennie, à l’image d’Iraola ou du coach du Barça, comme d’hommes qui ont dû se contenter d’une carrière modeste ou amateure et qui ont franchi les échelons peu à peu, commençant en tant qu’éducateur dans les catégories inférieures pour peu à peu se faire une place au haut niveau. Chacun a son style, et certains sont même totalement opposés en termes d’idées de jeu et de tactique.

Des profils très variés

Mais si on retrouve un point commun entre tous ces profils aussi variés qu’intéressants, c’est un plan de jeu très clair et des équipes particulièrement bien huilées. Un véritable changement dans cette Liga où, ces 3/4 dernières saisons, la majorité des équipes semblaient naviguer à vue, sans véritable ligne directrice dans le jeu, et se contentant pour la plupart de "parquer le bus" pour reprendre une expression à la mode. Résultat, chaque équipe a sa patte, ses particularités. Une identité en somme. Dans ce contexte, les rencontres sont généralement bien plus intéressantes et spectaculaires. On assiste dans la plupart des matchs à de véritables duels tactiques, avec du rythme et des retournements de situation, ce qui était assez rare ces derniers temps de l’autre côté des Pyrénées. Autre particularité de ces coachs qui apportent un véritable vent d’air frais sur la Liga, c’est la facilité à exploiter le potentiel offensif de leur équipe.

Bien sûr, la Real Sociedad d’Imanol Alguacil est le meilleur exemple, et il faut dire qu’avec des joueurs comme David Silva, Mikel Merino, Brais Mendez ou Take Kubo, sans parler d’un Mikel Oyarzabal qui vient de revenir, c’est plus facile. Mais même les entraîneurs avec moins d’arsenal offensif parviennent à construire quelque chose. Le Rayo d’Andoni Iraola qui compose principalement avec de jeunes joueurs et beaucoup de joueurs n’ayant jamais réellement brillé au-dessus de la D2 en est la preuve, avec Isi Palazon comme franchise player. Jagoba Arrasate, qui a lancé la pépite Aimar Oroz, à qui on prête un avenir radieux, est aussi souvent encensé de l’autre côté des Pyrénées. La plupart des coachs mentionnés sont d’ailleurs très à l’aise avec les jeunes et n’hésitent pas à leur donner des responsabilités, ce qui explique aussi l’explosion de bon nombre de pépites en Espagne en ce moment.

Du très beau monde en D2 aussi !

Bien sûr, tous ces tacticiens ont encore bon nombre de choses à apprendre, et il ne s’agit pas de dire que tous les matchs de Liga sont spectaculaires, puisque c’est encore loin d’être le cas. En revanche, cette fournée de coachs, en plus de certains bien présents depuis un moment comme Manuel Pellegrini ou Ernesto Valverde, permet aux amateurs de football espagnol de se tourner vers l’avenir avec un certain optimisme. D’autant plus qu’en ce moment dans les clubs, la tendance est à la stabilité et à la création de projets sur le moyen-long terme. C’est d’ailleurs assez curieux que ce soit le contexte financier défavorable post-covid qui ait permis à beaucoup de ces entraîneurs d’avoir leur chance, étant généralement moins chers, du moins à l’époque de leur signature, que des entraîneurs déjà bien en place et avec de l’expérience. Un mal pour un bien, comme on dit.

Et tous les coachs cités savent qu’ils n’ont pas intérêt à se reposer sur leurs lauriers. En deuxième division, on a aussi une sacrée fournée de tacticiens qui pousse fort, avec Francisco Garcia-Pimienta, issu de La Masia, deuxième du classement avec Las Palmas. Eder Sarabia, ancien du Barça également et admirateur de la philosophie de Johan Cruyff, mène le projet FC Andorra de Gerard Piqué avec brio. « Eder Sarabia terrorise toute la deuxième division.

C’est le coach qui a le plus d’influence sur son équipe. Je crois même qu’entre la D1, la D2 et les autres championnats majeurs, il n’y a aucun coach avec une telle influence. C’est admirable, son équipe sait parfaitement à quoi il joue. Nous aussi on sait à quoi il joue, mais c’est très difficile de le stopper », résumait récemment son homologue de Burgos, Julian Calero. Javier Calleja, qu’on avait pu voir en Liga à Villarreal, se relance du côté de Levante et confirme les belles choses qu’on avait épisodiquement pu voir du côté du Sous-Marin Jaune. Si la Liga peut regretter le départ de beaucoup de ses meilleurs joueurs et la perte de puissance par rapport aux cadors anglais notamment, elle n’a absolument pas à rougir du niveau de ses coachs !

FOOTMERCATO.NET

 

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