Publié le 5 Feb 2025 - 12:10

Professeur Abdoulaye Dièye, un repère de valeurs tire sa révérence

 

Pr Abdoulaye Dieye qui vient de nous quitter est un homme d’une dimension rare.
Un intellectuel rigoureux, spécialiste incontournable et inébranlable dans son domaine, mais surtout un adepte de la justice cognitive et militant engagé pour la République démocratique.

Je l’ai connu affable, humble  et bienveillant et j’ai appris à travers les témoignages de ses parents, collègues et proches qu’il était un époux, un père et un camarade attentionné, solidaire avec un sens élevé de la famille  et de la corporation.

J’ai découvert le jeune docteur en droit à un moment particulier de double opacité: un changement de siècle et une première alternance démocratique intervenue au Sénégal. Entre 1999 et 2000, alors jeune étudiant et militant du Forum civil, nous étions engagés dans l’organisation des débats publics sur l’élection présidentielle de février-mars 2000 et ensuite sur le projet de référendum proposé par Me Abdoulaye Wade en Janvier 2021.

Pendant les joutes intellectuelles entre juristes et politistes qui avaient polarisé les débats de l’époque, j’ai été particulièrement fasciné par les positions justes et simples brillamment exposées par ce juriste hors du commun. Mes schèmes d’analyse sociologiques me rapprochaient davantage de ses positions tellement il avait une ouverture d’esprit et une sensibilité aux réalités pratiques et dynamiques sociales, en sortant du cadre dogmatique et réactionnaire « des standards internationaux ». Pour lui, le peuple compte avant le prince!
Ce monsieur me parlait et j’ai cherché à mieux le connaître . Ce qui fut faciliter par notre engagement commun au Forum civil pendant plusieurs années, et aussi dans d’autres cadres comme les Assises nationales et dernièrement dans une large coalition d’OSC pour porter le Pacte National de Bonne  Gouvernance proposé aux candidats de l’élection présidentielle de 2024
Prof comme  beaucoup l’appelait était devenu mon consultant particulier sur les questions constitutionnelles et foncières. Nous avons eu beaucoup de débats numériques et en présentiel sur différents sujets. Son texte portant avant-projet de constitution tiré des conclusions des assises et affiné dans le cadre des livrables de la CNRI est un chef d’œuvre  qui mérite d’être considéré comme un document de référence par les autorités actuelles pour accomplir le travail de Refondation.
Au moment où il refusait beaucoup de sollicitations et même de se prononcer publiquement sur certaines questions ( il était dépité par l’absence d’actes conséquents des décideurs et la versatilité de certains de ses collègues par rapport aux conclusions des commissions de réformes sur les institutions et le foncier) , il me consacrait de son temps pour des débats sur des questions importantes qui méritaient des éclairages. Il me fit même l’honneur de la confidence, lors du dernier débat que nous avons animé ensemble à la RTS pendant la soirée électorale des élections législatives dernières que désormais pour accepter une invitation à un débat, il doit s’assurer de la qualité des co-débatteurs et c’est parce que -il a tenu à le dire- c’était moi et le prof Sylla de l’UGB qu’il a donné son accord. Quelle marque sollicitude et de bienveillance !

Nous venons de perdre un membre éminent de notre Nation dont l’ampleur de sa contribution Intellectuelle et professionnelle est restée invisible car il ne s’est jamais préoccupé de la visibilité de sa propre personne, encore moins des avantages et prestiges que pourtant son rang et sa dimension pouvaient  lui permettre. Il a choisi de toujours rester humblement dans les rangs, comme un soldat de la patrie et de la vérité scientifique.

Que ton âme repose en paix, cher Abdoulaye et que le prestige et les honneurs cousent ton manteau dans les lieux les plus élevés du paradis.
Reposes en paix à Saint Louis que tu n’as jamais quitté, au service du savoir  et de notre patrie.

Elimane H Kane

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