Publié le 17 Feb 2013 - 22:05
ADAMA SAÏDOU DIALLO, DIRECTEUR DU COMMERCE INTÉRIEUR

 ''On consomme près de 300 000 tonnes de farine par an''

Adama Saïdou Diallo, directeur du Commerce intérieur, a bien voulu apporter son éclairage sur l'imbroglio entre boulangers et minotiers, qui a abouti à un maintien du prix du sac de farine à 20 000 F Cfa.

 

Pouvez-vous revenir sur le problème qu'il y a eu entre les meuniers, les boulangers et le gouvernement ?

 

A l'origine il y a eu une demande des producteurs de farine de revoir, à la hausse, le prix de la farine. Cela suite à une appréciation du prix du blé sur le marché international. Il y a eu beaucoup de réunions qui avaient pour objet de revoir en profondeur la structure du prix de la farine. Le prix standard qui a été retenu est de 20 000 F Cfa. Le 7 janvier, sur la base de certaines considérations, les meuniers l'ont porté à 20 600 F Cfa. Les boulangers ont considéré que c'était une mesure de trop et ils sont partis en grève pour deux jours. Le gouvernement a convoqué les meuniers et a révisé certains postes ou charges pour aboutir au prix actuel de 20 000 F Cfa.

 

Comment cela s'est-il passé ?

 

Le gouvernement a analysé la structure des prix. Une structure des prix, ce sont des postes. Il y a le coût, les droits de douanes, la conversion du blé en farine, le taux de rendement, les charges d'exploitations (électricité, frais bancaires, assurance) et la marge. Naturellement, quand on vend on cherche un bénéfice. On a discuté de tous ces points et on a abouti à une structure du prix standard de 20 000 F Cfa le sac de 50 kg.

 

Est-ce à dire que vous avez donné raison aux boulangers ?

 

Le rôle de l'État c'est de préserver l'intérêt général. C'est de faire en sorte que chaque partie prenante puisse tirer son épingle du jeu, tirer profit de son activité. En fixant le prix du sac à 20 000 F Cfa, on leur a laissé quand même une marge qui leur permet de ne pas faire beaucoup de bénéfice, mais aussi de ne pas perdre. D'un autre côté aussi, on a satisfait une doléance des boulangers de laisser le prix du sac à 20 000 F Cfa. Et c'est aussi le prix de revient réel. On n'a pas donné raison aux boulangers au détriment des meuniers. L'État tient à la sauvegarde de la paix sociale. En réalité, c'est le consommateur que l'État défend.

 

Vous avez analysé la structure des prix des meuniers, avez-vous fait de même pour les boulangers, d'autant que Momar Ndao soutient que le prix réel du pain de 210 g est de 140 F Cfa au lieu de 175 F Cfa ?

 

On est en concertation avec les boulangers. De la même manière qu'on est en concertation avec les meuniers. Ce sont des partenaires du gouvernement. On est dans un État organisé qui défend l'intérêt de tout le monde. Si demain il y a des raisons objectives qui poussent l'État à revoir la structure des prix des boulangers, il le fera. Maintenant, Momar Ndao le dit sur la base d'études qu'il a commanditées, que nous n'avons pas. Il nous donne des éléments d'informations qu'on pourrait vérifier.

 

Il y a une diversification de la farine commercialisée qui est souhaitée. Où en est ce projet ?

 

Il y a un projet qui a été financé par la Banque mondiale dont les études sont terminées au niveau de l'institut de technologie alimentaire (ITA) et qui sera bientôt mis en œuvre. Le projet consiste à mélanger la farine de blé avec certaines céréales locales. On est même en train de créer un modèle de kiosque. Ça pourrait être une des solutions pour régler le prix du pain. Parce que le prix pourrait baisser et le pain pourrait gagner en qualité. Il peut y avoir de la farine de maïs, de mil, de niébé (haricot), entre autres. C'est vers ces produits qu'il faudrait s'orienter pour régler la facture de blé qui coûte énormément cher. On consomme près de 300 000 tonnes de farine par an pour près de 450 000 tonnes de blé, à raison de 209 000 F Cfa la tonne.

 

Les meuniers demandent des mesures d'accompagnement pour soutenir la hausse du blé. Sur quel levier le gouvernement peut-il s'appuyer pour satisfaire cette requête ?

 

Les mesures d'accompagnement sont nombreuses et variées. C'est à l'autorité de les définir. Je ne suis pas en mesure de dire sur quel levier cela pourrait se faire. Je peux dire que l'État a en vue les intérêts des meuniers. L'État n'a aucun intérêt à ce que les meuniers ferment leurs entreprises. L'É tat va tout faire pour que ces usines ne ferment pas.

 

Amadou Gaye, président de la Fédération nationale des boulangers du Sénégal, estime que le taux d'humidité de la farine n'est pas respecté par les meuniers. Est-ce que vos services font des vérifications dans ce sens ?

 

La farine est un produit assez spécial, fabriqué sur la base d'une norme. Elle doit être enrichie en acide folique et en fer. Pour ces dispositions réglementaires, nos services veillent au grain mensuellement. Régulièrement, on fait des prélèvements qu'on envoie au laboratoire pour vérifier le dosage. Quand on a fait les prélèvements, on a vérifié le taux d'humidité qui correspondait au taux normal. Maintenant, ce sont des informations qu'on peut toujours vérifier, si c'est porté à notre connaissance, pour savoir si le taux d'humidité est toujours respecté à sa sortie d'usine.

 

Les meuniers se plaignent d'avoir perdu 3,5 milliards de F Cfa de janvier 2012 à janvier 2013, suite à la hausse du prix du blé. Vont-ils continuer de subir ce préjudice ?

 

Si l'État se rend compte qu'il y a effectivement une perte, il va prendre les mesures idoines, pour qu'ils ne perdent pas de l'argent. L'État est là pour la promotion de l'industrie locale.

 

Pierre Birahim DIOH

 

 

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