Publié le 13 Jan 2016 - 22:53
AUDIENCE SOLENNELLE DE RENTREE DES COURS ET TRIBUNAUX

Le sévère réquisitoire de Mamadou Badio Camara contre les avocats

 

L’affaire Me Mame Adama Guèye a plané, hier, sur l’audience solennelle de rentrée des cours et tribunaux, puisque le Premier-président de la Cour suprême, Mamadou Badio Camara, a mis les avocats au banc des accusés.

 

Les magistrats ont encore en travers de la gorge l’affaire Me Mame Adama Guèye. Hier, à l’occasion de l’audience solennelle de rentrée des Cours et Tribunaux, le Premier-président de la Cour suprême a fustigé cette affaire, sans la citer, et déploré les attaques dont font l’objet les magistrats. Dans son discours, le juge Mamadou Badio Camara a dénoncé des ‘’critiques parfois outrageantes et le plus souvent injustifiées’’. ‘’C’est presque devenu, malheureusement, un fait de société, alors qu’une justice forte est la meilleure garantie des libertés auxquelles aspirent nos concitoyens’’, a fulminé le magistrat. En effet, ce qui horripile au plus haut point le juge Camara, c’est le fait que les attaques proviennent d’acteurs de la justice.

‘’Les magistrats ont conscience que les citoyens sont en droit d’attendre de leurs juges l’intégrité, l’indépendance et l’impartialité, mais le nombre d’attaques personnelles dirigées contre des magistrats devient préoccupant, en particulier, lorsqu’elles émanent d’auxiliaires de justice’’, a-t-il lancé devant ses pairs et le président de la République.  Toujours sans pitié pour les robes noires, le Premier-président a déploré la tendance de certains avocats à plaider leurs dossiers devant la presse et non devant le prétoire. ‘’Nous avons entendu parler du ‘’porter-presse’’, pratique consistant à attaquer une partie adverse par voie de presse, au lieu de saisir les juridictions compétentes’’, a relevé le juge.

Mamadou Badio Camara dénonce le ‘’plaider presse’’

Avant d’ajouter, pour s’en désoler : ‘’nous avons maintenant le ‘’plaider presse’’. Selon ses explications, certains avocats ne se préoccupent plus de convaincre les juges dans les salles d’audience, mais ils préfèrent organiser un point de presse pour, dit-il, ‘’rallier l’opinion à je ne sais quelle bannière, d’une manière non contradictoire’’. ‘’Ces rencontres font souvent l’objet de dérapages graves au détriment des juges, pris à partie parce que leur décision ne plaît pas’’, a-t-il déploré. Ensuite, tout en soulignant l’importance de l’impartialité du juge, M. Camara a laissé entendre que, si un doute subsiste à ce niveau, la preuve peut-être rapportée devant les juridictions compétences. C’est pourquoi, il estime que ‘’le procédé consistant à alléguer que si le procès est perdu, c’est parce que les juges sont corrompus doit être banni, sachant qu’aucun avocat n’a vocation à perdre un procès’’.

Toujours faisant allusion aux accusations de corruption portées par Me Mame Adama Guèye contre la magistrature, après avoir perdu l’affaire Wartsila, le juge a poursuivi : ‘’les citoyens, en particulier les auxiliaires de justice, doivent respect aux décisions de justice’’. Et de marteler : ‘’ une décision de justice peut être attaquée, mais par l’exercice des voies de recours prévues à cet effet’’.

L’implication du barreau et des réformes préconisées

Cependant, le juge ne compte pas se limiter à la dénonciation. Il considère que le Barreau et la magistrature doivent mener le combat. ‘’Nous devons prendre ensemble des mesures pour mettre fin aux attitudes systématiques de défiance à l’égard des juges qui conduisent à les offenser personnellement et à porter atteinte au crédit de la justice’’, a lancé le Premier-président à l’endroit du bâtonnier de l’ordre des avocats, Me Ameth Bâ.

Au-delà, le juge Camara considère que ‘’c’est tout le système de protection pénale des institutions qui doit être revu pour être adapté aux formes nouvelles d’agressions utilisant parfois, comme des armes de destruction massive, les moyens de diffusion publique’’. En effet, selon le juge, en l’état actuel de notre législation, en matière d’infractions commises par voie de presse, la responsabilité pénale des diffuseurs n’est pas à démontrer, mais elle est légalement présumée. 

FATOU SY

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