Publié le 15 Jul 2017 - 22:32
AVIS D’INEXPERT PAR JEAN MEÏSSA DIOP

Des images plus à en rire…

 

Ils sont candidats à un siège de député et pour cela, communiquent fort, trop même, en forçant le trait qui fait forcément rire ; les mises en scène sont visibles et les postures très ou trop empruntées pour emporter les adhésions des électeurs. Et c’est cela qui donne le fou rire quand un personnage de com se retrouve là où on ne l’attendait pas du tout ! Qui eût cru (en tout cas pas lui-même) qu’Abdoul Mbaye, allégorie du bourgeois sénégalais, de son enfance dans les beaux et oligarchiques quartiers de Dakar à ses costumes et accessoires vestimentaires, pouvait se retrouver dans un des transports en commun des plus populeux pour y tailler une bavette avec des passagers à qui il promet de meilleurs moyens de  transport s’ils votent pour lui ? Insolite encore que ce même Abdoul Mbaye, en période de Ramadan, posté à un embouteillage à Dakar pour distribuer de petits pains de rupture de jeûne.

Que dire de Sidiki Kaba, ministre de la Justice, lui aussi candidat à la députation, disputant une partie de babyfoot ou servant le thé à des jeunes Tambacoundois ?…

 N’oublions pas cette pauvre case se trouvant on ne sait où dans ce Sénégal et de laquelle aiment sortir les présidentiables en tournée. C’est Macky Sall, alors présidentiable, le précurseur de cette campagne à ‘’la chaumière indienne’’  du pandit de Bernardin de Saint-Pierre, suivi dans le désordre d’Idrissa Seck, d’Abdoul Mbaye et un autre députable ces temps-ci, un enfant dans les bras. Comme si sortir d’une cahutte garantissait une élection à un siège ou à des fonctions !

Les images et les postures rappellent celles d’Abdoulaye Makhtar Diop, actuel grand Serigne de Dakar, et à l’époque, vers 1990, candidat à la mairie de Dakar, sillonnant les quartiers de Dakar avec ses ‘’Sahaba’’  (compagnons du prophète Mohamed) pour assister à des ‘’foureuls’’ (il y gagnera le surnom de (Makhou Foureul et de  Maire Saaba). Encore que M. Diop n’a pas trop eu à forcer sur l’artificiel ; il a toujours su être lui-même (campagne ou pas). Il a toujours été fidèle à ses habitudes et amitiés en retrouvant toujours ses amis à leur mythique grand-place de Sandial au cœur du ‘’Vieux Dakar’’.

Bof, il y a eu les apparitions du Pr Iba Der Thiam, à la campagne pour la présidentielle de février 1993. Hormis le chapeau pour rappeler celui de Senghor en campagne électorale, le Pr Thiam était généreux et sincère dans ses offres et intentions aux électeurs. Que ces sorties eussent prêté à sourire, elles n’en manquaient pas de pertinence.

Pour atteindre ses objectifs, la communication  (politique ou pas) doit s’entourer de vraisemblance ; plutôt que de faire rire. L’image d’Abdoul Mbaye, Gakou pataugeant dans les flaques d’eau de la banlieue pour dénoncer les inondations et proposer une stratégie d’assainissement alternative prête plus à sourire qu’à une vraisemblance. Alors, alors, alors ? Que restera-t-il après le rire ? L’oubli, sans doute ou alors déporter son intérêt et son vote vers un candidat qui accroche, qui parle vrai, un discours ‘’qui va au cœur parce que parti du cœur’’  comme disait Beethoven de sa grandiose musique.

On ne les oubliera pas. Il y a forcément quelque chose que leur spin doctor, leur stratège de com devra retoucher. Forcément.

De l’importance des chapeaux de présentation et d’actualisation avant la publication de certaines productions (écrites ou sonores)… L’artiste plasticien Ibou Diouf, un des trois piliers de l’Ecole de peinture de Dakar, invité dans l’émission Perdu de vue de Rfm, est présenté comme s’il est encore vivant, alors qu’il est décédé le 7 juin dernier. Le chapeau (qui devrait être d’actualisation) de la rediffusion ne précise pas que Diouf est décédé. Le chapeau d’actualisation a pour fonction, comme son nom l’indique, de mettre à jour la présentation si des éléments nouveaux et notables sont survenus depuis la réalisation de l’élément principal de la production. En somme, un chapeau qui doit éviter au public d’être dérouté et confus.

 

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