Publié le 8 Apr 2019 - 20:26
AVIS D’INEXPERT PAR JEAN MEÏSSA DIOP

Echec à la presse de scoop

 

Faire le pied de grue à la présidence de la République n’y a rien a pu ; toute une journée durant, la presse n’a pu obtenir le moindre nom des ministres du gouvernement dont la constitution a tenu en haleine tout un pays.

D’aucuns, sur les réseaux sociaux, ont avoué être saisis d’un ‘’stress’’ (sic) à force d’attendre que la fumée sorte du toit de la salle de conclave – pour emprunter une image toute vaticane au moment de l’élection d’un pape. Bien des facebookers ont littéralement disjoncté en parlant d’une ‘’attente interminable’’, voire insoutenable. Toute la journée du dimanche, chaînes de télévision et de radio n’ont pu dire que ‘’Nous allons retourner à la présidence de la République’’ : ‘’Ici, à la présidence de la République, on guette toujours la sortie du Premier ministre Mahamad Boun Abdallah Dionne pour la proclamation de la liste des ministres du nouveau gouvernement’’… Depuis 11 h, il en est ainsi : les alertes se succèdent annonçant pour ‘’imminente’’ (sic) la publication de la liste du gouvernement. Puis, rien, mais rien…

C’est que, selon toute vraisemblance, la présidence de la République aura réussi un tour de force, accompli un exploit inédit d’avoir verrouillé toute information relative à cet événement. Un verrouillage auquel la presse n’est pas du tout habituée. Une presse dont certains acteurs sont très prompts à se vanter d’avoir décroché un scoop ! Ainsi, ont été mis en échec les chasseurs de scoop et les ‘’maîtres des exclusivités’’ prompts à tambouriner des exclusivités qu’ils doivent à des sources haut placées, mais qui, cette fois-ci, ont été neutralisées sans rémission. Il faudra bien que, un jour, la vérité se sache sur comment la présidence de la République est parvenue à cette prouesse qui pourrait servir en des circonstances futures.

En recherche de l’information, le journaliste se retrouve parfois  en butte à ce mur et s’aperçoit de ses propres limites. Ils n’ont pas eu de source, ceux qui se vantent toujours d’avoir qui des ‘’antennes’’, qui des capteurs ou encore ces autres des ‘’agents de renseignement infiltrés’’ (Ari) ou des ‘’gorges profondes’’. Excusez du peu ! Et voilà qu’hier, 7 avril 2019, ils se sont aperçus de la vanité de leurs prétentions et des limites de leur vantardise. La constitution de ce  gouvernement en avril 2019 restera un raté d’anthologie pour la presse de scoop. Les tuyaux habituels ont été obstrués et n’ont pas fonctionné comme d’habitude. Certes, ils ont juste eu ceux qui avaient pu pronostiquer la suppression de la fonction de Premier ministre, mais les noms de l’équipe gouvernementale leur auront échappé. Il faudra attendre que le chef de l’Etat communique ce qu’il estime devoir communiquer ; et la presse de n’être  qu’un relais… Le communiqué peut  tomber sur l’e-mail de la rédaction ; et le mérite de chasseur du scoop aura été réduit à presque rien.

Voilà donc toute une journée pour presque rien ou si peu.

Des radios et télés, peut-être pour réduire le poids de la longue attente, ont trouvé l’alternative dans le recours à des ‘’analystes’’, ‘’politologues’’ et autres ‘’dakaralogues en sénégalalogie’’ qui n’ont fait que ronronner avec des clés d’analyse presque foirées et qui, par voie de conséquence, n’apprennent rien au public.

Le président de la République Macky Sall devrait être reconnu as du verrouillage, et la presse l’a appris à ses dépens. Il n’a pas été besoin d’imposer aux collaborateurs de faire un serment de ne pas fuiter la moindre information obtenue dans le cadre de leurs fonctions – comme l’avait fait Me Wade à l’époque président de la République.

Et dans cette situation, même les fabricants de fake news ont été défaits. Même les pronostiqueurs incorrigibles ont dû déposer les armes et constater leur défaite.

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