Publié le 27 Nov 2013 - 10:40
BASKET - SORTIE BABA TANDIAN APRÈS LA DISSOLUTION DE LA FSBB

''Ma seule faute, c’est d’avoir engagé les équipes U18''

 

Après la dissolution de la Fédération sénégalaise de Basket-ball (FSBB) dont il assurait la présidence depuis le 10 avril 2010, Baba Tandian est revenu sur le bilan de sa gestion, en passant par les difficultés rencontrées et l’affaire de la fraude sur l'âge des équipes nationales garçons et filles de moins de 18 ans.  

 

La dissolution de la FSBB

''Je ne regrette pas de n’être plus à la tête du basket sénégalais car c’est une délégation de pouvoir que l’État m’avait confiée et qu’il a retirée. Je tiens à rendre hommage à l’ancien ministre des Sports, Mamadou Lamine Keïta, qui m’avait fait confiance. Ce dernier m’avait appelé dans son bureau pour me demander de venir gérer le basket sénégalais car les moyens de l’État devenaient de plus en plus étriqués. Il fallait des gens sur lesquels il pouvait compter pour essayer de redynamiser cette discipline.

C’est dans ce sens que je lui ai soumis mes grandes lignes auxquelles je suis resté fidèle jusque-là. Il les a acceptées et m’avait donné sa bénédiction pour commencer. Je rends également hommage au ministre (des Sports) actuel, Mbagnick Ndiaye, qui a décidé de me retirer cette délégation de pouvoir pour la confier au Comité de normalisation du basket sénégalais, présidé par Serigne Mboup. Je ne peux que m’en féliciter. Je pense avoir réussi une bonne partie de la mission qui m’a été assignée.

Mbagnck Ndiaye jugera dans le futur. Serigne Mboup est un ami personnel, c’est moi qui l’ai amené dans le basket. Mes portes lui resteront toujours ouvertes. Cette nomination ne créera aucune guéguerre entre nous. La dernière fois, il était venu au mariage de ma fille. Il s’est assis à côté de moi. Je lui ai dit que personne ne m’entendra critiquer son travail, bon ou mauvais. Ça sera la dernière fois pour moi de parler du sport dans la presse.

Les deals avant le mandat

Nous avions fait un assaut à la FSBB dans le cadre du collectif des anciens basketteurs du Sénégal (CBS), avec Mathieu Faye et autres, pour attaquer la gestion d’Alioune Badara Diagne (prédécesseur de Baba Tandian à la présidence de la FSBB). Nous avons réussi à faire partir ce dernier avec toute son équipe, y compris Mme Aya Pouye Ndiaye que j’ai cooptée. Et le ministre des Sports d’alors, Bacar Dia, m’avez dit : 'mais Tandian tu es fou.

Tu balaies ces gens et tu les fais revenir avec cette femme (Aya Pouye), surtout avec tous les problèmes qu’elle peut te créer'. Je lui ai répondu : 'Bacar, vous savez que le basket ne m’appartient pas. Je suis venu travailler ; et elle, c’est une responsable de club. Elle gravite autour du basket et fait beaucoup de bruits. Il est préférable de l’avoir avec nous que contre nous'. C’est à partir de ce moment que les choses ont commencé à dégénérer.

Mathieu Faye et Aya Pouye voulaient le poste de premier vice-président de la FSBB

La veille des élections à une heure du matin, j’étais dans mon bureau à Yoff avec Mathieu Faye qui voulait le poste de vice-président de la FSBB chargé des équipes nationales. C’est le poste le plus stratégique de la fédération, le plus juteux. Or, dans le deal que j’avais avec les gens de la fédération d’alors, c’est que j’occupe la présidence et que je leur laisse les autres postes. Quand il m’avait posé sa doléance, je lui répondu : 'mais Mathieu, tu étais n’est-ce pas présent quand je m’étais mis d’accord avec la fédération pour laisser le poste de vice-président à Ass Guèye. Je ne change pas de position'.

Il m’a dit : 'je ne suis pas d’accord'. Je lui ai rétorqué : 'tu fais ce que tu veux'. Vers une heure et demie, c’est au tour d’Aya de m’appeler pour me dire qu’elle arrivait. Elle a pris son véhicule pour rejoindre mon bureau par la VDN non éclairée à l’époque. J’ai été même impressionné. Comment une femme peut emprunter la VDN la nuit à cette heure très avancée ? Quand elle est arrivée, elle m’a posé le même problème que Mathieu Faye, c’est-à-dire le poste de premier vice-président de la FSBB.

Je lui ai posé la question de savoir pourquoi vouloir changer sa position à une heure tardive alors qu’elle était présente lorsque nous avions décidé de laisser ce poste à Ass Guèye ? Elle m’a répondu : 'j’ai été 4e, 3e, 2e et premier vice-président. Il ne me reste que celui de président de la fédération. Et comme tu es mon allié, je te laisse la présidence. Je ne peux donc occuper un autre poste que celui de premier vice-président'. Je lui ai dit : 'mais Aya tu sais que tu ne devais pas faire partie de ce bureau-là. Car tu a été balayée avec ton équipe. C’est moi qui t’ai cooptée. Tu va rester, nous allons travailler ensemble. Je n’ai pas l’intention de m’éterniser dans cette fédération'. J’ai réussi à la convaincre et elle est partie. Mais le lendemain, elle s’est retrouvée avec les autres quelque part dans le stade. Elle a utilisé un de ses hommes de main très fort dans la manipulation.

Ce dernier est allé trouver les gens de Saint-Louis pour leur dire : 'Tandian a déjà fait son bureau avec Mathieu Faye premier vice-président, Adidas 2e vice-président, Pape Moussa Touré 3e vice-président,… vous allez voter pour lui mais aucun de vous ne fera partie de l’équipe dirigeante'. Aya se croit plus intelligente que tout le monde. Non ! Elle ne l’est pas. Elle voulait le poste de vice-président ; quand j’ai refusé, elle a fait un calcul très simple. Ass Guèye est premier vice-président, si elle me pousse à la sortie, celui-ci sera président et elle retrouvera le poste qu’elle convoitait. Le jour des élections, je me suis retrouvé avec Ass Guèye comme adversaire. Adidas était à ma droite et Mathieu Faye à ma gauche.

Je leur ai dit, si Ass Guèye est élu président, que personne ne postule pour les autres postes. Effectivement Ass Guèye était élu président. Je me suis retrouvé avec 8 voix. Ce qui m’a intrigué, c’est que nous étions neuf à être cooptés. Aya n’a pas voté pour moi alors que c’est moi qui l’ai ramenée dans la fédération. Malheureusement, elle a obtenu le poste de 1er vice-président, mais vidé de son contenu par Ass Guèye. Elle ne gérait rien. C’est là qu’ils ont fait la guerre à ce dernier et l’ont évincé.

Aya m'a proposé plusieurs deals

Quand je suis venu en 2010, Aya est revenue avec la même ambition d’occuper le poste de premier vice-président. Je lui ai dit que ce n’était pas possible car j’avais donné mon accord de laisser le poste à Serigne Mbaye qui avait ma confiance. C’est là qu’elle est partie avec la volonté de soumettre sa candidature mais on l'en a dissuadée. Elle est revenue en arrière pour accepter le poste de 2e vice-président. Elle est venue plusieurs fois avec son larbin de Louga me proposer des deals que je n’ai pas acceptés. Au retour de Prague (République Tchèque), je lui ai dit que je reprenais les choses en main.

C’est à partir de ce jour que mes soucis ont commencé. Lors de nos réunions, elle provoquait des bagarres. Nos rencontres ne s’achevaient pas. Son dernier acte date de quinze jours. Une fois, en réunion, j’ai dit que j'allais revenir en conférence de presse sur ce que je sais sur le problème, y compris ceux qui sont derrière la fraude sur l'âge des joueurs U18. Elle a demandé la parole pour dire que si on prononçait son nom, elle allait nous amener à la police.

Je lui ai dit : 'mais je n’ai pas prononcé ton nom. Si tu te sens concernée, il faut le dire'. Voilà ce que nous avons enduré avec cette dame (Aya Pouye). J’ai même appris qu’en 2009, lorsque le Sénégal a été éliminé au championnat d’Afrique et qu’il fallait briguer la wild card avec le Nigeria, il y a eu une dame (Aya Pouye) qui est partie à Abidjan pour dire que le Sénégal ne la méritait pas.

L’État doit 10 millions à la FSBB.

Aujourd’hui, quand je regarde le bilan de mes trois années à la tête de la FSBB, il y a des chiffres qu’on a oubliés. 461 998 576 F Cfa, c’est l’argent que nous avons ramené dans les caisses de la fédération. En arrivant, c’est 25 millions F Cfa qu’on y a trouvé. On a initié une aide aux anciennes gloires à auteur de 5 millions F Cfa. Nous avons eu à intervenir sur des cas d’anciennes basketteuses qui avaient des problèmes avec leur bailleurs. Nous avons rehaussé les primes des finalistes du championnat et de la Coupe du Sénégal d'un million à 3,5 millions F Cfa. En plus, à chaque finale, la fédération appuyait ces équipes. Les championnats se jouent régulièrement. Et je me félicite de voir que la D2 a terminé son championnat. L’État doit 10 millions F Cfa à la FSBB.

L’affaire des U18

J’ai eu à dire qu’à partir de maintenant, il fallait changer les choses en permettant aux plus jeunes de participer aux compétitions internationales. Quand l’équipe U18 garçons partait, il n’y avait pas de budget pour la petite catégorie. C’est nous qui avions décidé de les amener. Quand nous allions aux préliminaires en Guinée, c’est moi qui ai payé les billets d’avion de mes propres moyens. Quand ils se sont qualifiés, j’étais loin de m’imaginer qu’ils allaient remporter le trophée. Je ne les connaissais même pas.

Je ne les ai jamais vus avant. J’assume tout ce qui s’est passé. Mais je veux dire ici que je ne connais même pas la couleur des licences. C'est la direction technique qui fait les licences, c’est elle qui sélectionne les joueurs de toutes les équipes nationales. On ne me donne même pas de noms à part les seniors garçons et filles dont je suis à peu près au courant. Je n’ai jamais décidé du choix d’un entraîneur sauf pour Cheikh Sarr. Ils voulaient sélectionner ma fille. Je leur ai dit que ce n’était pas possible parce qu’elle avait 19 ans. Ado (Sano) est venu me dire qu’il voulait la sélectionner. Je me suis opposé.

Si je refuse à ma fille qui a plus de 18 ans d’être sélectionnée en équipe nationale, alors pourquoi l’accepter pour les enfants d’autrui. Et lorsque les filles (U18) jouaient ici, il y avait une réunion des experts de la FIBA, commission jeune. Un membre de la fédération qui fait partie de l’instance (expert FIBA) a révélé à la réunion qu’il y a des jeunes qui ont fraudé. Il leur a dit qu’il y a des joueurs qui avaient plus de 18 ans. Faites votre enquête. Si vous les trouvez, il faut que le président de la FSBB parte. C’est ce qui m’a été rapporté. Pourquoi ces collaborateurs ne sont pas venus me dire qu’il y avait des fraudes dans ces équipes-là ? Non seulement, ils ne me l’ont pas dit, mais ils l’ont utilisé comme piège contre moi.

Le 10 juin à 15 heures, un monsieur (Ibrahima Konaté selon le procès-verbal de constat d’huissier) est venu me voir dans mon bureau. Il me dit : 'j’ai honte de la dénonciation qui a faite sur la fraude sur l’âge des équipes U18 filles et garçons. Je ne peux pas comprendre que tu ailles dénoncer ton propre pays à cause de problèmes personnels que tu as avec un individu'. Il m’a dit que l’une de ces personnes est son beau-frère (Ousseynou Ndiaga Diop). Je lui ai dit qu’il faut mettre tout ça par écrit. Ce qu’il a accepté par la suite. J’ai fait appel à un huissier qui est en face de chez moi, Me Déguène Dieng. Ainsi, un procès-verbal de constat a été dressé dont je ferai copie à la presse. Le seul tort que j’ai eu, c’est d’avoir engagé ces deux équipes.

L’affaire Didio Diouf  

Je demande à mes remplaçants de prendre en charge les soins de Diodio. Si cela ne se fait pas, Je demanderai la permission au ministre de le faire moi-même. Car je la considère comme ma fille. J’ai dit que j’allais la voir, les gens ne m’ont pas cru. Ce que j’ai fait. Je l’ai trouvée chez son beau-frère à Milan qui m’a dit que je lui ai fait honneur, car la joueuse était désemparée. Elle sortait dans la rue pour pleurer toute seule. Je l’ai amenée chez le médecin qui m’a dit qu'il fera l’opération à 6 000 Euros. C’est la fédération qui l’a prise en charge. Je lui ai remis 1 million F Cfa car j’avais pris l’engagement de supporter une partie de son salaire, soit 500 mille F Cfa par mois. Je lui ai remis encore 1 million F Cfa pour la rééducation qui coûte au total 3 millions F Cfa.''

LOUIS GEORGES DIATTA (STAGIAIRE)

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