Natif de Diourbel, Bassirou Faye a perdu la vie jeudi dernier lors des affrontements entre étudiants et forces de l’ordre. Il est tombé au front, alors qu’il défendait la cause estudiantine.

La journée du jeudi 14 août 2014 restera gravée à jamais dans les annales de l’université Cheikh Anta Diop (UCAD). Transformé en champ de bataille à l’instar d’une guérilla urbaine, les affrontements entre forces de l’ordre et étudiants se sont soldés par un drame : la mort de Bassirou Faye. Etudiant en Licence 1 de Maths physique à la faculté de Sciences et Techniques, Bass communément appelé ainsi par ses amis a reçu une balle dans la tête, au cours des échauffourées qui ont duré toute la journée du jeudi.

Grièvement blessé au moment où il quittait le service médical, Bass a été transporté à l’hôpital, alors qu’il perdait beaucoup de sang. Il est décédé quelques heures plus tard. « La balle lui a percé le crâne », mentionne un de ses amis. Selon Castin Diam Ndiaye, étudiant en Licence 1 PC, il ne peut s’agir d’une balle à blanc. « Quand on sortait pour le transporter à l’hôpital, il avait un gros trou dans la tête », renseigne-t-il.

Consternation !

Au pavillon E, chambre 51, l’ambiance est celle d’un deuil. Assis, la main sous le menton, c’est le silence total. Les yeux rivés sur le lit du défunt. Hantés par ce vide, les trois jeunes trouvés dans la chambre restent bouche bée. Nguirane est le premier à rompre le silence. « Nous partagions la même chambre. Voici son lit. Là où il dormait ».  Castin Diam Ndiaye ajoute : «Nous étions ensemble à 14 heures aux abords du pavillon M. Il était au front et il m’a laissé là-bas pour se déplacer du côté du pavillon D. Juste après, j’ai appris qu’il a reçu une balle dans la tête. »

Mbaye Faye, étudiant en Licence 3 SVT, était son ami le plus proche. Brandissant le sous-vêtement tâché du sang de Bassirou, il informe : « j’ai ramassé le sous-vêtement en bas près de notre pavillon, là où il a reçu la balle ». Ses camarades de renseigner qu’il était un « baye Fall ». ‘’Un gars sans façon, super gentil’’. Castin Diam Ndiaye de préciser : « Je suis catholique, mais c’est comme si j’étais son frère. Il ne faisait pas de différence entre nous deux bien que je sois catholique. »

« Que justice soit rendue »

Dans la foulée, Bara Nguirane demande au gouvernement de prendre ses responsabilités. Il rappelle que lorsque les étudiants avaient saccagé la direction du Coud, ils ont été traduits en justice. Maintenant que les forces de l’ordre sont entrées dans les pavillons et ont saccagé des chambres, il considère que les responsabilités doivent être situées et des sanctions prises. « On réclamait nos bourses. Ils ne peuvent pas les payer. Maintenant, on n’en veut plus. On en a assez des études, qu’ils fassent ce qu’ils veulent. Ils lui ont tiré une balle, il a perdu la vie, que justice soit rendue », conclut Bara Nguirane.

Bassirou Faye, né le 14 décembre 1992 à Diourbel, était à sa première année à la Fac et il était même responsable de son amphi, selon ses camarades.

Seydina Bilal DIALLO