Publié le 8 Jun 2018 - 22:47
CARTOGRAPHIE DE LA DELINQUANCE AU SENEGAL

Voleurs de bétail, cambrioleurs et agresseurs font la loi

 

Les résultats d’une étude menée sur une population de 10,51 millions (âgée entre 15 et 65 ans) montrent que, parmi les cas de délinquance les plus prégnants, il y a le vol de bétail, le cambriolage, les agressions. Le rapport renseigne que seuls 14% des différents cas de délinquance sont déclarés.

 

L’Agence d’Assistance à la Sécurité de Proximité (ASP) a procédé, pendant 13 mois, à une enquête nationale sur la victimation, afin d’étudier les stratégies territoriales pertinentes de prévention de la délinquance. La cérémonie de restitution de l’étude nationale et de la cartographie de la délinquance a eu lieu hier en présence du ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique. Cette enquête, première du genre en Afrique, a été réalisée avec le concours de l’Ecole Supérieure d’Economie Appliquée de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar et l’Agence Nationale de la statistique et de la démographie (ANSD).

L’enquête a porté sur une population de 10 513 865, dont 1 526 567 ménages pour une tranche d’âge comprise entre 15 et 65 ans. Selon ses conclusions, les 3 formes de délinquance qui viennent en tête sont : le vol de bétail, le cambriolage et les agressions. L’étude révèle que le niveau de prévalence de la délinquance générale est autour de 30% pour la victimation des ménages et des personnes. Dans le détail, on peut noter les violences conjugales (9,5%), cambriolages (12,2%), vol de bétail (19,1%). Pour la victimation des personnes, les agressions, injures et menaces viennent en tête (58,9%), vol à la roulotte (10,3%), vols simples (10%). Pour celle indirecte, il y a le trafic et usage de drogue et l’atteinte à l’environnement avec 16,6% et 9%.

Selon le rapport, les agressions, injures et menaces sont dominantes dans les régions de Thiès et Kaolack (100%), ainsi qu’à Dakar (89,7%) et Ziguinchor (73,2%). Les vols à la roulotte sont plus élevés à Dakar (21,8%) et à Thiès (14,7%). Les agressions contre l’environnement sont dominantes à Louga (20,8%) puis à Kolda (16,5%) et à Tambacounda (14,4%). Le trafic ou l’usage de la drogue sont plus prégnants à Dakar (38,9%), Thiès (15,2%) et Ziguinchor (11,6%). La cybercriminalité est dominante dans les régions de Dakar (20,6%), Ziguinchor (10,9%), Kolda (8,6%) et Thiès (7,9%). Les cambriolages sont plus importants dans les régions de Thiès (17%), Ziguinchor (16,5%), Kaolack (15,8%) et Sédhiou (15,4%). Les actes de malveillance sur matériel roulant sont plutôt localisés à Dakar (8,8%) et à Kolda (8,3%). Les vols simples sont dominants à Dakar (16,4%), Louga (11,11%) et Diourbel (10,6%). Le vol de bétail est principalement localisé à Louga (33%), Saint-Louis (28%), Kaolack (26,4%) et Diourbel (25,9%). Les violences conjugales sont localisées à Kédougou (22,9%), Tambacounda (21,1%) et Kolda (18,8%). Enfin les agressions sexuelles sont plus relevées dans les régions sud à savoir Kolda (4,4%), Sédhiou et Ziguinchor (3,4%).

Connaissance du phénomène

Selon le Dg de l’ASP, Papa Khaly Niang, l’étude a permis d’impliquer et de renforcer la base de connaissance du phénomène, de procéder à la quantification et à la distribution des différentes facettes de la délinquance au niveau national, mais aussi, régional, de mesurer le sentiment d’insécurité qui habite les populations, d’apprécier la perception des populations par rapport à l’action des services de sécurité. Mais aussi, il a permis de faire l’état des progrès réalisés par rapport aux engagements internationaux auxquels notre pays a souscrit, dans le cadre des objectifs de développement durable (ODD) définis par les Nations unies et de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine.

Toutefois, note Papa Khaly Niang, il est difficile de prévenir et de lutter contre un phénomène dont on ignore les tenants et les aboutissants. ‘’C’est ce qui justifie la réalisation de cette étude qui a combiné trois dimensions : l’enquête de victimation, la perception des populations par rapport à leur sécurité et la distribution des types de délinquance sur l’espace national. Aussi, notre propos va s’articuler autour de trois points principalement : la compréhension et l’analyse du phénomène criminel, étant entendu que la délinquance est englobée par la criminalité, la mesure de la criminalité et enfin l’enquête de victimation’’, analyse Dr Niang selon qui la délinquance est considérée juridiquement comme l’ensemble des crimes, délits et contraventions enregistrés. Quant à la criminalité, elle représente la délinquance à laquelle sont ajoutées les incivilités et les déviances.

‘’Les incivilités constituent des actes moins graves qui alimentent le sentiment d’insécurité. On a peur pour soi et pour ses proches sans pour autant avoir la certitude de la motivation de cette peur. Les incivilités sont un ensemble de faits qui augmentent l’insécurité et modifient la perception qu’ont les gens de leurs institutions policières. Les études sociologiques montrent que la fréquence des incivilités a une incidence sur la peur, sur les comportements d’évitement et sur la sécurité’’, explique le criminologue.

Le chiffre noir de la criminalité

En outre, l’étude a relevé les incivilités et déviances, la petite délinquance et réseaux mafieux (les vols, agressions, arnaques et cambriolages), les meurtres crapuleux et le viol de petites filles. La grande délinquance, symbolisée ces dernières années par des braquages armés et le trafic de drogues dures en provenance d’Amérique Latine et de certains pays limitrophes, prend aussi de plus en plus ses marques dans le pays. ‘’La quantification fondée sur la criminalité policière et judiciaire est incomplète pour rendre compte de la réalité du phénomène criminel ou délinquant, la criminalité légale, la criminalité apparente, la criminalité réelle. L’énoncé de ces définitions permet de comprendre que les statistiques administratives seules ne permettent pas de mesurer la criminalité réelle. La criminalité réelle demeure donc inconnue et il existe entre cette dernière et la criminalité connue un écart plus ou moins important que l’on appelle le chiffre noir de la criminalité ou encore la criminalité cachée’’ a conclu le dg de l’ASP.

ALY NGOUILLE NDIAYE (MINISTRE DE L’INTERIEUR)

‘’Cerner les concours de distribution de la délinquance sur le territoire national’’

‘’La sécurité devenant l’affaire de tous, elle nécessite une collaboration étroite entre acteurs de la sécurité publique et les populations, en vue de définir des stratégies territoriales pertinentes de prévention et de lutte contre toutes les formes de délinquance. La délinquance est un phénomène citoyen social qui évolue rapidement en fonction des progrès technologiques. C’est pourquoi, quelle que soit la volonté politique exprimée par les pouvoirs publics, elle ne saurait être efficacement prévenue ou combattue sans une connaissance digne de son ampleur et son impact sur la vie des personnes.

 Cette fois-ci, il s’agit de faire une enquête auprès des victimes dans le but d’estimer le volume de la délinquance réelle et de cerner les concours de distribution sur toute l’étendue du territoire national. Cette étude est venue confirmer le faible niveau de la délinquance dans notre pays. Ceci est dû probablement aux efforts consentis par le gouvernement ces dernières années en termes de renforcement de capacité d’intervention des forces de police, en moyens humains et matériels. Les résultats de ce rapport représentent un précieux outil d’aide à la prise de décision en matière de définition d’objectif et de priorité dans le cadre de la prévention de la délinquance.

Il est aussi nécessaire de procéder et régulièrement à l’actualisation des données collectées de manière à suivre l’évolution des indicateurs liés à la prévalence et l’innocence des différents phénomènes de la délinquance. Ces efforts seront renforcés en améliorant davantage les moyens d’intervention des forces de défense et de sécurité (FDS), notamment de la Police Nationale, de manière à réduire à leur plus simple expression les agressions, injures et menaces (58%) ainsi que les vols de bétail et volaille (19%) dont la prévalence reste encore importante.’’

CHEIKH THIAM

 

 

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