Publié le 9 Dec 2015 - 02:10
COMMENTAIRE PAR IBRAHIMA KHALIL WADE

Le diable est dans les détails…

 

A quel jeu joue le régime du président Macky Sall ? Cette question a tout son sens suite à la sortie hier du ministre de l’Intérieur Abdoulaye Daouda Diallo déclarant ne pas savoir la date du prochain référendum. En visite de contact à la commission nationale autonome (Cena), le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité a donc déclaré ne pas être au courant de la tenue d’un quelconque référendum. ‘’Je ne sais pas pour le moment s’il y aura ou pas un référendum. C’est une décision qui se prend au niveau du président de la République. Pour le moment, on ne m’a pas encore informé d’un référendum qui se prépare. Par conséquent, je me conforme au calendrier électoral en cours qui prévoit des législatives en 2017 et une présidentielle en 2019. Maintenant, si entre-temps je suis informé de l’organisation du référendum à une date indiquée, je vous aviserai’’, Abdoulaye Daouda Diallo dixit.

A dire vrai, la réduction du mandat présidentiel est devenu un véritable casse-tête chinois pour le régime apériste. Partant de ce fait, Macky Sall et ses partisans continuent de poser des plans sur la comète. Car, à moins d’un mois de l’année 2016, si le ministre de l’Intérieur, autorité républicaine chargée d’organiser toute consultation électorale, n’est pas avisé de la tenue d’un referendum annoncé pourtant depuis belle lurette par le chef de l’Etat lui-même pour mai 2016, c’est qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond chez les tenants du pouvoir. Certains analystes politiques voudraient que tout ce flou  entretenu autour de la réduction du mandat présidentiel soit simplement le fruit d’une stratégie du pouvoir pour mieux endormir son opposition.

Macky Sall ne disait-il pas face à la presse, en avril dernier, que son rôle, c’est de tout faire pour réduire l’opposition à sa plus simple expression. Le diable se cache parfois dans les détails… Certes, nous sommes en politique mais tous les coups ne sont pas permis en démocratie. Le chef de l’Etat a pris un engagement (celui de réduire son mandat présidentiel de 7 à 5 ans) et il doit le respecter. Les petits calculs politiciens n’ont que trop duré. C’est même malsain d’entretenir le flou sur la tenue d’une consultation populaire dans une démocratie qui se respecte.

Soit on est dans un État démocratique, soit on est dans une république bananière où le prince prend des décisions au gré  de ses humeurs et de ses intérêts du moment. Il est grand temps que le chef de l’Etat par ailleurs gardien de la constitution se décide sur la réduction de son mandat. Ses partisans ne peuvent plus continuer à cultiver l’ambiguïté sur cette question. Il y va de la survie de notre démocratie chantée sur tous les toits. Surtout que respecter la parole donnée est tout sauf un combat contre des moulins à vent. A moins qu’on ne veuille jouer au reniement hélas ! le péché fondamental de nos politiciens. Mais le peuple lui, veille au grain. Et gare au retour de bâton !

 

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