Publié le 20 Jan 2018 - 08:03
DECLARATION DE TRUMP SUR L’AFRIQUE

Le continent de ‘’merde’’ et le  gringo raciste

 

Très certainement, la confusion qui règne aujourd’hui dans le monde des concepts ne permet plus d’émettre des jugements péremptoires ou de formuler des énoncés catégoriques. Même l’émission des vœux pieux devient de plus en plus problématique dans ce climat de doute et de peur de l’avenir. Sinon je me permettrais de renvoyer dos-à-dos, sans retenue aucune, le continent de merde et le gringo raciste. N’est-il pas pertinent de se demander si l’un peut aller sans l’autre. Un continent dont les fils pataugent, depuis plus d’un demi-siècle, dans le bourbier des contradictions et de l’errance, n’est-il pas un vrai merdier ? Ce serait scandaleux que le gringo raciste ait raison sur toute la ligne.

Voila pourquoi est légitime cette exigence que l’homme politique s’éloigne aussi loin que possible du champ de la vulgarité et des ordures, pour laisser aux intellectuels et aux écrivains l’initiative de s’y investir activement. Car ils savent plus que quiconque que la pensée peut aussi sombrer dans la vulgarité. La politique est l’activité essentielle de l’homme. Les vulgarités d’un concept et d’une catégorie de la pensée proviennent de ce qu’ils peuvent servir de prétexte pour insulter et calomnier un adversaire réel ou fictif, et le transformer en un ennemi absolu. Dans cette escalade verbale, il faut opposer la vulgarité à la vulgarité, la destruction à la destruction, c’est la seule stratégie payante. Jeter le discrédit à celui qui te le jette, verser des ordures suer celui qui les déverse sur toi : tel est désormais le mot d’ordre, le programme de lutte dans le conflit des civilisations.

Le gringo raciste a écrit des bouquins de mauvais goût et a voulu passer pour un auteur et un éminent intellectuel. Cependant ses écrits dont il payait lui-même l’impression et la vente sont des produits ridicules. Une lecture superficielle des écrits grotesques du gringo permet de constater, avec plaisir, qu’il ne peut exceller que dans l’art de l’insulte. Tenez ! La stratégie de sa campagne électorale qui l’a mis aux commandes dans son pays, est cette sainte alliance entre le mensonge et l’insulte. Ça a fort bien marché pour le gringo raciste dont les marchands des illusions perdues, que sont les psychologues et autres psychanalystes, cherchent désespérément à réduire le tempérament psychique et psychosomatique au feu et à la furie : Fire and fury. Excusez mon anglophilie sommaire.

Revenons plus tranquillement à la merde et au merdier. Un continent qui ne se développe jamais, qui marche à reculons vers le début de l’éternité, vers le BIG-BANG, comment le juger ? Sans conteste, il est le continent des phénomènes contradictoires et antinomiques. Ses enfants sont fragilisés par l’instabilité politique et économique endémique, et sont condamnés à la quête permanente d’une vie  dans des lieux éloignés du globe, à émigrer et à errer. Mais l’errance doit cesser un jour. L’errance n’est pas éternelle. Certes, dans les récits bibliques, les esclaves de Rances II d’Egypte ont erré durant des années, dans de rudes conditions du temps et de la géographie, ne se nourrissant que de la manne et des cailles, piètres nourritures dans les vastes étendues du Sinaï. Mais ils ont vu finalement leur randonnée désertique prendre fin à la terre promise. L’errance n’est pas une fatalité inscrite dans la nature des choses. Elle est une anomalie, un mal à éradiquer.

N’est-il pas un gringo de merde celui dont les ancêtres se sont servi des principes nobles d’un humanisme, pour capturer les dignes fils d’un continent qu’il qualifie de merde, et dont le règne et le règne de ceux qui l’ont précédé et ceux qui lui succéderont dans la durée ne sont, en dernière analyse, que la continuité du pillage multiforme dont font l’objet les ressources du continent de merde ?

Pourtant les incohérences du gringo raciste auraient pu être royalement ignorées. Les salades du gringo auraient passé incognito, si ce n’est ce bruit médiatique, comme d’ailleurs a pu passer sans dramatisation outrée la tragédie d’Electre de Jean Giraudoux qui, selon les critiques, avait voulu faire de la figure principale de son drame mythologique, Electre, une image pour la France, une France qui est l’amerdeuse de l’Humanité européenne. Si Electre est l’embêteuse du pays des argiens, la France qu’elle représente est l’amerdeuse de l’Europe. Le célèbre homme de théâtre français, Luis Jouvet, déclare : « La destinée de la France est d’être l’embêteuse du monde. Elle a été créée, elle s’est créée pour déjouer dans le monde le complot des rôles établis, des systèmes éternels. Son rôle n’est pas de choisir prudemment entre le mal et le bien, entre le possible et l’impossible. Alors elle est fichue. Son originalité n’est pas dans la balance qui est la justice, mais dans les poids dont elle se sert pour arriver à l’équité, et qui peuvent être l’injustice.. ». Ces paroles sont un menu complet, mais indigeste pour les amoureux des belles-lettres. Elles décrivent également le rôle incongru du continent de merde et de tout autre continent de ce type.

A propos du recours excessif à la terminologie de la merde, Giraudoux est inégalable. « Merde pour toi, s’est écrié l’un des personnage de ses drames, et merde pour la psychologie, et la physiologie, la psychophysiologie. Et merde pour Freud Sigmund ». Malgré tout, ni les psychologues ni les freudiens de l’époque ne se sentaient offensés outre mesure. En réalité ce que le gringo raciste a dit de sordide pouvait  être une banalité, à l’instar des délires du personnage giralducien dans le drame de L’impromptu de Paris.

 Cependant l’Europe n’a rien d’un continent maudit, et l’auteur de La guerre de Troie n’aura pas lieu n’est pas un gringo raciste. L’Europe est loin d’être une terre qui n’a absolument pas de technologie, et qui n’exporte que de pauvres grains de maïs et de sorgho sans valeur ni vitamine, destinés seulement à engraisser les bêtes occidentales. L’on voit ainsi où nous en sommes avec ceux qui ont gouverné nos pas candides, depuis l’aube des temps modernes. Plus que tout autre continent l’Europe a fait face à une série de défis durant son histoire. A chaque phase, elle a su gagner à sa cause l’Humanité tout entière. C’est ainsi que la phénoménologie husserlienne a affirmé, sans la moindre hésitation, que la crise de l’Humanité européenne est la crise de l’Humanité tout entière. Ce n’est donc pas un fruit du hasard si elle peut aujourd’hui forcer le respect et l’admiration de tous les habitants de la terre.

Un continent maudit, que peut-il faire à son tour, pour charmer les autres et forcer le respect de tous ? C’est une absurdité que d’implorer le respect. Le respect n’est pas à revendiquer, il s’impose au cœur des hommes,, grâce à l’héroïsme et l’exploit personnels. Le manque de respect durera aussi longtemps que durera l’incapacité manifeste de transformer l’humanisme continental en humanisme universel. Si l’on n’y prend garde, le malin gringo réussira à tirer profit de la confusion créée, comme il a tiré profit de sa stratégie de couplage des contrevérités aux insultes. Pour lui, le racisme rime avec le capitalisme, tout comme pour le corrompu la corruption est synonyme de bonne gouvernance.

Aujourd’hui le gringo raciste, en parlant du continent de merde, a rendu furieuses les âmes errantes, plus furieuses, plus agitées que les vagues déferlantes de la mer, qui ont englouti les corps de nombreux migrants. Mais que dira-il, que fera-il demain ? Seul l’avenir nous le dira. Mais en attendant que cela arrive, ou n’arrive pas- on le souhaite- c’est la dignité de l’Humanité continentale qui est en jeu, voire en danger, dans cette passe d’armes verbales entre un gringo raciste et un continent de merde.

 

                                                     Babacar Diop

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