Publié le 11 Nov 2013 - 15:58
DOING BUSINESS

Limites et biais d’un système de classement 

 

Autant que l’on puisse en juger à travers les médias, les débats de fond sur les sujets d’actualité ont rarement cours sur la place publique au Sénégal. L’opinion semble toujours coincée entre les plus et les moins, entre les apologistes et les détracteurs du régime en place. La dernière preuve en date est fournie par les réactions superficielles et politiciennes suscitées par le Rapport Doing Business 2014. Selon cette publication phare du Groupe Banque Mondiale, le Sénégal serait l’un des pays où l’environnement économique et légal est le moins propice pour faire des affaires : pas beaucoup de Teranga pour l’investissement privé sous nos cieux ! Sur l’indicateur « facilité de faire des affaires », notre pays arrive cette année à la 178e place sur un total de 189 pays. Plus infamant, dans notre très libérale sous-région ouest-africaine, nous ne devançons que la Guinée-Bissau.

«Un non événement devenu fait politique majeur»

Bien entendu d’autres indicateurs existent dans ce domaine - à l’instar du Global Competitiveness Index et du Index of Economic Freedom - qui donnent des résultats moins controversés pour le Sénégal. Compte tenu toutefois de la grande résonance médiatique des rapports de la Banque Mondiale, des signaux qu’ils peuvent envoyer aux investisseurs, de son statut de bailleur de fonds incontournable pour les pays les plus pauvres, et du besoin viscéral qu’ont nos gouvernants de recevoir le plébiscite de leurs « partenaires au développement », il n’est guère surprenant que ce qui devait normalement être un non-événement ait fini par devenir un fait politique de premier plan chez nous.

Le Président Macky Sall s’est dit «frustré» que le rapport n’ait pas pris en compte les «progrès» déjà accomplis sous sa houlette avant de se résoudre à revoir sa copie, c’est à dire à aller plus loin dans les «réformes» afin de faire partie des bons élèves du classement DB. Le ministre du Budget a pour sa part indiqué ne pouvoir se permettre de critiquer la Banque Mondiale. Le patronat sénégalais a vu dans ce rapport la confirmation que les réformes qui l’agréent restent encore lettre morte. Profitant de l’occasion qui leur est offerte de noircir la situation du pays, les partis d’opposition et certains organes de presse ont vu dans ce rapport un cadeau tombé tout droit du ciel : «Le pays va mal» !

Ce qui est intéressant, c’est que les «élites» sénégalaises sont toutes en accord avec le système d’évaluation proposé par la Banque Mondiale, quel que soit leur bord politique, l’idéologie revendiquée ou la position occupée au sein de l’échiquier socio-politique. Elles ont évalué le rapport de la Banque Mondiale plus ou moins positivement selon qu’il sert ou pas leur propagande, c’est à dire selon leurs intérêts catégoriels. Si le régime en place a sans surprise déploré le classement, aucune tentative de discussion sérieuse n’a en revanche porté sur le système de classement lui-même ainsi que ses présupposés théoriques.

Le silence des «élites» face au «Consensus de Washington»

 

Section: 
Dette du Sénégal : La polémique sur l'endettement public entre réalités économiques et biais méthodologiques
ÉVITER LA CRISE CHRONIQUE D’ENDETTEMENT
LFR 2025 : UN REMÈDE INEFFICACE AUX COURBATURES BUDGÉTAIRES DU SÉNÉGAL
Refuser un visa à un Académicien sénégalais de renom : Un affront à la science et à la dignité
L’approche sectorielle du changement climatique : Un blocage aux financements et aux politiques climatiques
INNOVATION SOCIALE : Entre pragmatique et théorie pour une nouvelle écriture en intervention communautaire
Le déclin de l’Empire
POUR UN PLAN DE STABILISATION DES FINANCES DE L’ETAT ET DE RELANCE ECONOMIQUE
Politique industrielle Vs neutralité de l’Etat. Quel « ascenseur » pour le développement de l’Afrique ?
Manifeste pour un urbanisme plus inclusif : Bâtir des villes qui prennent soin de la mère et de l'enfant
(Football) - Monsieur le Président de la République, Madame la Ministre : Allons-nous sacrifier une qualification au Mondial et 5 milliards de francs CFA pour une élection en août ?
Quand le juge devient justiciable devant le Parlement…
L’éducation sénégalaise en péril : Enjeux et réponses
Les besoins et la revendication ne sont-ils pas les bases de l’activité syndicale ?
Après les 12 jours de conflit armé entre Israël et l’Iran : Mettre fin maintenant à plus de 75 années de conflits entre Israël et la Palestine. Pourquoi ? Comment ?
DETTE INTÉRIEURE
L'importance de la pension pour les retraités et la nécessité d'assurer son paiement anticipé et sans retard
L’Organisation des Journées d’Excellence et la relance du Sport scolaire dans les établissements du Sénégal : Un nouveau souffle pour nos écoles
EXECUTION BUDGETAIRE 2024 ET 2025 : L’ABSENCE D’INSVESTISSEMENTS CONDUIT A LA MORT DE L’ECONOMIE
24 novembre 2024-16 juin 2025 : En sept mois, deux Robert Bourgi, deux visages fort différents