Publié le 6 Dec 2021 - 20:38
EMIGRATION IRREGULIERE, GUINEE EQUATORIALE, DEMINAGE CASAMANCE…

Les explications d’Aïssata Tall Sall  

 

Lors du vote du budget 2022 du ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur arrêté à la somme de 67 719 279 917 F CFA, la ministre Aïssata Tall Sall a été interpellée sur différents sujets. Elle a apporté des explications rassurantes à propos de la recrudescence de l’émigration irrégulière, des événements survenus en Guinée équatoriale, mais également au sujet des opérations de déminage en Casamance.

 

Le projet de budget 2022 du ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur est arrêté à la somme de 67 719 279 917 F CFA. Lors du vote, Aïssata Tall Sall a été interpellée sur la recrudescence de l’émigration irrégulière et son lot de disparitions en mer et sur les routes clandestines. Notamment sur les données statistiques enregistrées en la matière, ainsi que les moyens diplomatiques déployés pour apporter des solutions idoines à ce phénomène.

De plus, les députés ont suggéré une analyse approfondie du phénomène de migration et une évaluation des textes et des projets signés entre le Sénégal et l’Union européenne dans ce domaine.

Parallèlement, ils ont formulé des recommandations allant dans le sens du renforcement et de la promotion de l’emploi des jeunes, afin qu’ils puissent travailler et rester dans leur pays. Ils ont, aussi, exhorté Madame la Ministre à porter plus d’attention sur un nouveau phénomène de migration de main-d’œuvre des jeunes qui ignorent la rigueur de la réglementation du travail de leur pays de destination.

Prenant la parole, Aïssata Tall Sall a souligné la complexité du phénomène migratoire, mais a rassuré que son département est en train d’enclencher des leviers, notamment sécuritaires et de répression, pour endiguer ce phénomène. Elle dit travailler avec des partenaires pour procéder à une évaluation. Sur ce même registre, elle estime que le plus important est de faire en sorte qu’ils reviennent au pays. 

Ainsi, elle informe de la mise en place d’un programme de coopération, dans le cadre de la migration circulaire. Il va permettre aux jeunes de bénéficier d’un emploi saisonnier en Italie ou en Espagne, afin de gagner de l’argent et de revenir au Sénégal à la fin de leur contrat.

‘’Nous avons une bonne convention avec l’Espagne autour de la migration circulaire. La finalité, ce n’est pas qu’ils émigrent en Espagne. La finalité, c’est qu’ils aient des moyens de pouvoir revenir dans leur pays, de s’y établir et de vivre de ces moyens-là, en investissant avec l’argent qu’ils ont gagné en Espagne’’, explique la ministre.

‘’Mais ce système, pour qu’il marche, il faut que nos jeunes acceptent de revenir. S’ils partent pour après se fondre dans la nature, aller vers l’immigration irrégulière, alors qu’ils étaient partis de façon régulière, ils mettent fin au système’’, dit-elle. A titre illustratif, Mme Sall cite le Maroc qui, depuis 15 ans, connaît un franc succès dans ce processus. 

Situation sécuritaire des pays de la sous-région

Sur un autre chapitre, des députés, dont Cheikh Tidiane Diallo, ont interpellé Aïssata Tall Sall sur la situation sécuritaire des pays de la sous-région. Madame la Ministre rappelle que le Sénégal étant membre de la CEDEAO, toutes les questions relatives à la sécurité des pays voisins, notamment le Mali et la Guinée, seront abordées dans le cadre communautaire.

Dès lors, dit-elle, notre pays ne peut agir seul. ‘’Le Sahel, c’est deux connotations.  Il y a une connotation climatico-géographique et une connotation sécurito-militaire’’, explique-t-elle.

Et de révéler : ‘’Au début, certains pays ne voulaient pas que le Sénégal soit membre du G5-Sahel. Après, ils ont compris que, sans le Sénégal, le G5-Sahel ne sera pas ce qu’il doit être. Ils ont fait appel au président Macky Sall qui est un homme pondéré. Il a dit : ‘On est dans l’alliance pour le Sahel.’’’. Celle-ci est une grande alliance qui définit la politique sécuritaire. Sans être membre, le Sénégal a contribué pour quasiment 2 milliards de F CFA.   

Événements survenus en Guinée équatoriale

Les députés ont, aussi, exposé les difficultés auxquelles les Sénégalais sont confrontés et qui sont liées à des situations de vulnérabilité, aux problèmes administratifs dans le renouvellement de l’acquisition de documents, notamment le passeport, au niveau des consulats. Ainsi, ils sont largement revenus sur les événements survenus en Guinée équatoriale et ayant entraîné l’arrestation des étrangers, parmi lesquels des Sénégalais. Ils n’ont pas manqué d’insister sur la persistance des lenteurs administratives notées dans la confection des passeports, notamment en Angola, en Italie et en Arabie saoudite. Les parlementaires ont exhorté Madame la Ministre à apporter une plus grande diligence à cette situation, tout en plaidant pour l’obtention de visas de longue durée pour les athlètes. 

Sur les événements survenus en Guinée équatoriale, Aissata Tall Sall rassure que ‘’nos compatriotes n’ont pas été maltraités dans ce pays’’. Selon elle, chaque Etat souverain fixe les conditions de séjour applicables sur l’ensemble de son territoire et les migrants sont tenus de s’y conformer. Ainsi, elle a soutenu que l’arrestation des Sénégalais dans ce pays entre dans le cadre d’une opération de vérification de la régularité des étrangers, contrairement aux propos qui ont été avancés et qui faisaient état de violences.

Sur les difficultés d’obtention de visas, Mme Tall Sall a rappelé que les politiques de délivrance de visas sont définies par chaque Etat et que ceux-ci sont délivrés sur la base de certaines conditions à remplir. Néanmoins, son département peut essayer de faciliter ou de demander des dérogations pour l’obtention du visa, si la situation le requiert.

Déminage en Casamance

Sur un autre registre, les députés ont demandé des explications à Aïssata Tall Sall sur la participation de son département dans les opérations de déminage en Casamance, en rapport avec les engagements du Sénégal à travers la signature de la Convention d’Ottawa et avec l’urgence sécuritaire face à la vie des citoyens en danger dans cette partie du pays. A ce propos, la ministre a rappelé que c’est la Convention d’Ottawa, à laquelle le Sénégal a adhéré, qui organise cette opération et son département est chargé d’en assurer la mise en œuvre.

Elle précise que les parties prenantes et les bailleurs de fonds, notamment le Canada et les Etats-Unis, posent les principes d’un déminage humanitaire - porté et appuyé par des relais et non militaires - et acceptent, à travers les Affaires étrangères, de mettre en place les crédits qu’il faut pour soutenir le déminage.

Ainsi, Aïssata Tall Sall a rappelé que le basculement vers une gestion humanitaire est nécessaire, pour se conformer à la convention et aux exigences des bailleurs. Madame la Ministre a souligné que son département travaille à résoudre ce problème fort sérieux du déminage en Casamance.

BABACAR SY SEYE

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