Publié le 11 Jul 2025 - 16:18
C’est quoi le projet ?

Monsieur le Premier ministre

 

Je suis aujourd’hui tenté faire  à Monsieur Ousmane Sonko  la même réflexion que j’avais faite à Monsieur Macky Sall quand ce dernier avait commencé de poser des actes dans le sens de la restriction de l’espace public : le Sénégal est une République qui a définitivement et résolument choisi la démocratie et l’expression de la pluralité comme mode de vie collective. Tout projet politique de construction nationale devrait intégrer cet impératif, pour prospérer et nul ne peut nous imposer un pouvoir dirigiste, animé par une pensée unique. Le Sénégal n’est pas de ce mode! La liberté et la contradiction sont l’inspiration et l’expiration du sénégalais moyen. Les sénégalais n’accepteront jamais de se soumettre à la tyrannie, encore moins de se taire face à l’abus de pouvoir.

Le débat politique a toujours été épique et parfois très violent au fil de la trajectoire de notre quête démocratique, mais le Sénégal a toujours su résister pour éviter de basculer dans le chaos ou un régime dictatorial. Les conditions et péripéties qui ont conduit le PASTEF au pouvoir illustrent cette capacité collective à faire face aux abus de pouvoirs et autres tentatives de destabilisation du pays. Cette résistance n’a jamais été une lutte exclusive de camps politiques partisans mais a toujours mobilisé la majorité des citoyens non partisans et de l’opinion publique indépendante.A date l’exceptionnelle mobilisation des forces vives de la nation pour barrer la route au Président Macky Sall dans sa tentative de reporter l’élection présidentielle de 2024, pendant que le principal parti d’opposition était décapité et des centaines de ses membres incarcérés.

Il me semble donc nécessaire, à ce stade. d’ exprimer clairement mon indignation après avoir suivi le Premier ministre dans deux sorties consécutives à l’Assemblée nationale promettre l’ « assainissement de l’espace politique, si nécessaire au forceps » et annoncer  l’« effacement » de certains intervenants dans les médias qui seraient selon lui au service d’adversaires politiques cachés.

Ces paroles sont d’une gravité évidente car représentant des accusations publiques proférées par une autorité dépositaire de certains pouvoirs de président de la République et qui dispose de l’administration, y compris les forces de défense et de sécurité et l’administration judiciaire au parquet.

La dernière sortie de Monsieur Sonko, premier ministre du Sénégal et président du PASTEF lors de laquelle il s’est aussi attaqué à certains magistrats   et institutions judiciaires est davantage préoccupante pour tout citoyen sensible au principe d’équilibre des pouvoir et de respect des institutions constitutionnelles dont les cours et tribunaux font partie.

Certes, la société sénégalaise a subi un récent traumatisme politico-social collectif et plus exacerbé chez certains qui ont connu des brimades et portent encore des séquelles dans leur chair et leur subconscient. A défaut d’une sublimation de cette énergie psychique vers l’effort de transformation du pays, le traitement collectif est nécessaire pour éviter le phénomène de transfert des ressentis non encore vidés à travers des mécanismes revanchards. Seule une justice équitable et rigoureuse et des mécanismes de concertation favorisant les groupes de parole peuvent aider à guérir le Sénégal de cette pathologie.

Pour éviter la répétition de l’escalade de l’injustice et l’abus de pouvoir il est important que les citoyens tirent la sonnette d’alarme pour inviter Monsieur Ousmane Sonko à plus de retenue et à adopter une posture Républicaine qu’exige sa fonction de premier ministre.

Le gouvernement qu’il dirige est surtout attendu sur les sentiers urgents et insidieux de la souveraineté économique et de la Refondation de la République qui sont le socle de la Vision de l’Agenda National de Transformation du Sénégal à l’horizon 2050.

L’action du gouvernement qu’il dirige dans ce contexte de morosité économique, de déliquescence du tissu social, de crise financière et budgétaire qui limite les marges de manœuvre de l’Etat, ne permet pas des errements, encore moins le temps et l’énergie perdus dans des querelles crypto-personnelles qui emballent les médias et occupent l’appareil judiciaire déjà entamé par le déficit de personnel accentué par la grève des greffiers. Pendant ce temps, la majorité des populations, fatiguée par la précarité économique et la rareté des revenus, n’a plus le luxe d’attendre.

Nous vous invitons, Monsieur le premier ministre, à faire davantage FOCUS sur l’essentiel, c’est à dire l’animation d’une dynamique gouvernementale efficiente et décisive, en mobilisant les sénégalais, et tous les sénégalais, autour de la Vision par laquelle le Président de la république Bassirou Diomaye Faye propose un nouveau contrat social avec les sénégalais.

Le projet doit rester la transformation systémique du  Sénégal et nos contradictions intelligemment assumées sont le moteur du progrès social collectif et durable.

 

 

Elimane H. KANE

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