Publié le 2 May 2012 - 20:30
FÊTE DU 1er MAI

Le foot ne connaît pas de défilé

 

Contrairement en Europe, aucun syndicat ne regroupe les footballeurs professionnels sénégalais. Une situation qui, selon eux, explique leurs conditions de vie précaires.

 

Ils ont encore arpenté les rues de Dakar, ce mardi, pour célébrer la ''fête du Travail''. Pancartes ou drapeaux en mains, banderoles autour d'eux, les travailleurs de la Cnts, de la Csa, de l'Unsas ont marché jusqu'à la Présidence de la République pour déposer leurs cahiers de doléances, à l'image de tous leurs collègues du monde entier (ou presque). Cependant, et comme toujours, les sportifs en général et les footballeurs en particulier manquent à la fête. Parce que tout simplement, ils ne se sont pas syndiqués. ''Au Sénégal, on n'est pas encore arrivé à ce niveau, explique le milieu de terrain du Jaraaf de Dakar, Vito Badiane. Les footballeurs sénégalais n'ont pas cette expérience. C'est quand on sort du pays qu'on se rend compte de certaines réalités''. ''En Afrique du Sud, les joueurs sont regroupés au sein d'un syndicat, avec des avocats. À la fin de chaque mois, on vous ampute une somme. Mais si vous rencontrez un problème avec votre club, comme par exemple un salaire non versé, vous ne faites rien, c'est le syndicat qui s'en occupe'', explique cet ancien joueur du club sud-africain de Maritzburg United.

 

Pourtant, au Sénégal, les footballeurs ont changé de statut. De joueurs amateurs, ils sont passés à footballeurs professionnels depuis l'érection de la Ligue pro en 2009. Mais malgré cela, leur situation ne s'améliore guère. Elle a même empiré. Depuis la saison dernière, les mouvements de grève se signalent à travers plusieurs clubs du pays. En 2011-2012, les pensionnaires de l'As Douanes ont vécu leurs pires conditions de travail de leur vie professionnelle : quatre mois d'arriérés de salaire. ''Jusqu'à aujourd'hui, ces salaires ne sont pas versés'', informe un joueur sous le couvert de l'anonymat. ''Après cette situation, on a agité l'idée de créer un syndicat pour défendre nos intérêts'', dit Vito Badiane, ex-joueur de l'As Douanes (2010-2011). Mais l'idée est morte de sa belle mort.

 

 

Situation de mal en pis

 

Et le calvaire continue. Car cette saison encore, l'Asc Dahra est restée quatre mois sans verser de salaires à ses joueurs, qui ont du coup boycotté les entraînements, avec un coach qui rend le tablier dans la foulée. ''Tant que l'on ne se syndique pas, on va continuer à vivre des conditions désastreuses'', relate un joueur gabelou avant de poursuivre : ''On vit des conditions plus que difficiles mais on ne sait pas à quel saint se vouer. Je pense que les anciens footballeurs doivent nous aider dans ce sens''. Aujourd'hui, les footballeurs sénégalais semblent prêts à porter le combat pour se faire respecter. ''Mon ambition, c'est de laisser mon nom pour la postérité du foot sénégalais. Je suis prêt à accompagner tous mes camarades qui vivent difficilement dans leur profession. On doit faire quelque chose pour les générations futures'', conclut-il. ''Au Jaraaf, je suis payé à temps, les primes arrivent également à temps mais si on arrive à un niveau où tout le monde se manifeste, on n'hésitera pas à soutenir le mouvement, par solidarité, comme cela se fait en Europe'', soutient Vito Badiane. En Espagne, les joueurs ont dû observer une grève pour demander ''des jours de vacances supplémentaires lorsqu’ils sont appelés en sélection, mais surtout pour la création d’un fonds de garantie pour le versement des salaires'', après que les clubs de Grenade, du Real Saragosse ou ceux plus réputés du Betis Seville et du FC Valence se sont déclarés en difficultés pour payer le salaire des joueurs.

 

ADAMA COLY

 

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